La Presse Pontissalienne 222 - Avril 2018

DOSSIER

23 La Presse Pontissalienne n° 222 - Avril 2018

Les hommes du train de nuit Venise-Paris l Migrants Le dispositif R.C.F.I. Les policiers de la P.A.F. interpellent en moyenne 1 200 personnes par an en situation irrégulière et effectuent 300 éloignements à l’étranger en application de la loi française. Le phénomène ne se tarit pas.

T ous les matins, ou presque, c’est le même scénario pour les agents de la P.A.F. Ils se ren- dent en gare internationale de Vallorbe et montent dans le train de nuit Venise-Paris qui fait escale en Suisse avant de gagner la France. Ils en sortent quelques dizaines de kilomètres plus loin à la gare de Frasne, régulière- ment accompagnés de ressor- tissants étrangers, victimes des filières de passeurs, qui tentent de gagner la France ou, eldora- do suprême pour eux, l’Angle- terre, au terme d’un périple harassant. Ces trains partent en général de Milan, de Berga- me ou de Venise. À leur bord, entre les touristes ou les pas- sagers d’affaires se glissent régu- lièrement ces clandestins à la recherche d’une ville meilleu- re. Le phénomène de migrations massives provoqué par le Prin- temps arabe de 2011 a apporté

La coopération franco-suisse joue à plein Policiers, douaniers et gen- darmes français ne travaillent pas seuls. La coopération avec les forces de l’ordre est régu- lière, matérialisée par la plate- forme P.O.T. 25 (plateforme opé- rationnelle transfrontalière) qui regroupe l’ensemble des enti- tés policières et judiciaires fran- co-suisses, du Doubs et des cantons de Vaud, Neuchâtel et Genève. Cette P.O.T. 25 se réunit au moins quatre fois dans l’année. La Police aux frontières, elle, organise des réunions bimensuelles avec les homo- logues suisses. n

dans le Haut-Doubs son lot de candidats à l’exil. Au plus fort des mouvements migratoires il y a quatre ans, la P.A.F. de Pon- tarlier avait interpellé une qua- rantaine de migrants illégaux d’un coup. Quand un immigré clandestin est interpellé par les policiers français, il descend à Frasne en bonne escorte, puis il est reconduit à Vallorbe par les autorités.

Avec les récents attentats survenus sur le sol français, la P.A.F. a encore renforcé sa vigilance.

perpétrés sur le sol français ont entraîné “une vigilance encore plus accrue à la frontière et à l’intérieur du territoire fronta- lier.” Si bien que le phénomène migratoire s’est quelque peu déplacé dernièrement. Au lieu de se concentrer principalement dans le Venise-Paris, “les inter- pellations se font de plus en plus dans des bus internationaux genre Flixbus. Là, nos hommes interviennent essentiellement sur l’autoroute, à hauteur de Montbéliard ou de Dijon” indique le commandant de la P.A.F. Chaque jour, la Police aux fron- tières interpelle en moyenne

une vingtaine de clandestins. Après examen attentif de leur statut, les infortunés voyageurs sont conduits en centre de réten- tion (les deux plus proches sont situés vers Metz et Strasbourg), ou alors dirigés vers les services préfectoraux pour une deman- de de statut de réfugiés si ces personnes arrivent d’un pays en guerre. “Sur 1 200 clandes- tins interpellés sur une année, 300 sont conduits en centre de rétention en vue de leur éloi- gnement vers leur pays d’origi- ne. Tous les autres cas sont exa- minés de plus près par les autorités françaises, soit qu’ils

concernent des familles avec mineurs, soit des personnes demandant l’asile, soit qu’il s’agisse de cas de rapprochement familial. La nouvelle loi sur l’im- migration actuellement en dis- cussion devrait simplifier les procédures et rendre plus rapi- de et efficient le traitement de chaque dossier.” Mais derrière chaque dossier, on a de plus en plus affaire à des personnes victimes de pas- seurs qui se retrouvent dans le Haut-Doubs, loin de leurs racines, sans papier, sans tra- vail et sans argent. Perdus. n J.-F.H.

Le retour des atten- tats en France en 2015 a rétabli le contrôle des agents de la P.A.F. au pos- te-frontière dans le cadre du dispositif R.C.F.I. (Retour au contrôle des fron- tières intérieures), ainsi que dans une bande de 20 kilo- mètres de la fron- tière. Et les plus récents attentats

De plus en plus d’interpel- -lations dans les bus.