La Presse Pontissalienne 221 - Mars 2018

LE PORTRAIT

39 La Presse Pontissalienne n° 221 - Mars 2018

PONTARLIER

Emmanuel Honor

Une vie pour les autres

À 42 ans, Emmanuel Honor est chef du Groupement Territorial Sud des sapeurs-pompiers du Doubs. Après vingt ans de carrière, l’engagement

S ur le mur de son bureau, le commandant Emma- nuel Honor a épinglé soi- gneusement le calendrier 2018 de chacune des 25 casernes que compte le Groupe- ment Territorial Sud dont il a la responsabilité. “Mon énergie, ce sont eux” dit-il d’une voix respectueuse, en balayant de l’index les photos des effectifs. Eux, ce sont les 850 sapeurs-pompiers qui assurent les secours sur un secteur frontalier s’étendant de Chapelle-des-Bois au Russey en passant par Pontar- lier et Morteau. La majorité des hommes et des femmes qui com- posent ce corps sont des volontaires qui ont choisi de prendre de leur temps pour servir la population. Les autres sont des pompiers pro- fessionnels. Le Groupement Sud en compte une soixantaine dont 45 sont affectés à la caserne de Pon- tarlier. La différence de statut disparaît derrière l’uniforme, le même pour tous. Elle s’efface encore dans l’in- de cet officier au service des autres ne s’effrite pas.

Bio express Naissance le 5 juin

l

1975

l I.U.T. Hygiène et Sécurité 1994-1996 École d’officiers des sapeurs-pompiers 1998-1999 Commandant de la caserne de Besançon 2008-2011 l l

Emmanuel Honor a un profond respect pour les pompiers du Groupement Sud qu’il commande.

l Chef du Groupement Est de Montbéliard 2012-2017

l Chef du Groupement Sud de Pontarlier depuis janvier 2018

sapeurs-pompiers à l’occasion de la fête de la Sainte-Barbe, leur patronne. À ses yeux, nous serions tous porteurs de ces bons senti- ments qui parfois scellent un enga- gement, lorsqu’ils se révèlent. Emmanuel Honor casse ainsi le mythe du pompier véhiculé par les médias qui le présentent comme un héros robuste bravant le dan- ger dans des opérations de secours spectaculaires. Leur quotidien est rarement celui décrit par les repor- tages à la télévision. “On fait beau- coup plus de soutien social. Ce qui nous nourrit, c’est d’aider une per- sonne en détresse. Nous portons une partie de sa peine.” En l’écoutant, on comprend vite que l’abnégation est dans le tem- pérament du chef du Groupement Territorial Sud. Cet état d’esprit ne l’a jamais quitté depuis qu’a germé en lui la vocation d’être pom- pier. C’était au début des années quatre-vingt-dix, par le biais de

l’émission “La Nuit des Héros” qui mettait à l’honneur des anonymes qui s’étaient illustrés par leur bra- voure. “Quelle que soit la situation, les pompiers intervenaient toujours” se souvient le Commandant qui était gamin à l’époque. Le métier a toujours fait rêver les mômes. À partir de ce déclic, il va construire son parcours scolaire dans le seul objectif de devenir pompier pro- fessionnel. Originaire de Nancy, il va passer son Bac, intégrer Maths sup, avant de bifurquer vers l’I.U.T. Hygiène et Sécurité de Colmar, lequel avait une convention avec la caserne de la ville. “Je passais mes week-ends là-bas. Cela m’a conforté dans mon choix” se sou- vient celui qui intégrera ensuite l’école nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers. Cela fait 20 ans désormais qu’il est en activité. Une carrière qu’il a construite principalement dans le Doubs. Après deux décennies pas-

sées au sein des sapeurs-pompiers, un corps lié par la fraternité, la foi en sa mission est intacte. “Ce qui me touche encore, c’est cette idée d’apporter de l’aide à quelqu’un et de s’éclipser ensuite. C’est le rôle de notre institution.” Jamais le socle de son engagement au service des autres ne s’est effrité. Il s’est même élargi, dépassant la mission qu’il remplit chez les pom- piers. En 2004 par exemple, il a pris la présidence de Familles Rurales à Mamirolle, le village où il vit. À l’époque, l’association confrontée à des difficultés finan- cières lançait un appel aux bonnes volontés pour lui donner un second souffle. Emmanuel Honor va répon- dre présent.Avec une petite équipe, il passera ses six années de prési- dent à redresser la structure, et à faire naître de nouveaux projets. “Les pompiers sont le reflet de la société. Il y a des ouvriers, des méde- cins, des enseignants, des commer-

çants. On unit nos compétences pour trouver des solutions. On retrouve le même schéma dans le monde associatif” dit-il. C’est avec la même envie de par- tager qu’il fait de la musique. Avec la chanteuse Adeline Verny, ils for- ment le duo Subtile Idée. Ils vien- nent de fêter la sortie de leur pre- mier album lors d’un concert qui a eu lieu le 3 mars à Mamirolle. “Nous sommes sur de la musique généreuse. Notre plaisir est de par- tager des émotions avec les gens qui nous écoutent.” Quand il tombe l’uniforme, le Commandant devient “Manu”. Un homme avenant et dis- ponible qui n’hésite pas à prendre sa guitare. Avec Adeline Verny, ils peuvent jouer dans une maison de retraite, à l’hôpital Minjoz, pour les enfants malades, partout où la musique apporte du bonheur par petites touches, un bonheur par- tagé. n T.C.

tention qu’ils ont à agir ensemble avec courage et dévoue- ment. “Ce qui compte, pour être pompier, ce n’est pas d’avoir des épaules larges. Ce qu’il faut, c’est un cœur large. Il faut être généreux, humaniste, altruiste. Il faut être animé par l’envie de tendre la main à son pro- chain. Tout le reste, on s’en accommode” insiste le comman- dant. Ce message, il le répète aux

“Nous portons une partie de sa peine.”

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