La Presse Pontissalienne 221 - Mars 2018

ÉCONOMIE

La Presse Pontissalienne n° 221 - Mars 2018

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PONTARLIER Ouverture prévue à l’automne 2019 L’abattoir mise sur un atelier de découpe Très attendu, cet équipement encore à l’état de projet devrait fidéliser plus largement les opérateurs locaux

important pour en faire une des spéci- ficités de cet abattoir” , confie Jean-Marc Bousset. La cartographie de la clien- tèle professionnelle s’étend sur tout le Haut-Doubs et déborde sur les pre- miers plateaux et la vallée du Doubs, avec même un client jurassien d’im- portance, à savoir le grossiste Claviè- re à Dole. Clientèle diversifiée, outil fonctionnel, l’abattoir du Haut-Doubs ne manque donc pas d’atouts. Pour autant, la par- tie est loin d’être gagnée dans ce contex- te sociétal peu favorable à la consom- mation de viande. “Si la ligne de flottaison est à 1 000 tonnes, on consi- dère aujourd’hui qu’il faudrait plutôt se rapprocher des 1 300 tonnes pour maintenir l’outil en état” , observe Daniel Defrasne. L’heure est à la rationalisation. Tout a été entrepris pour limiter les dépenses : administrateurs bénévoles à l’excep- tion du président qui touche une indem- nité mensuelle de 150 euros, renégo- ciation des prêts et assurances… “On est descendu à 20 000 euros de frais fixes contre 26 000 euros auparavant. Cela permet de mobiliser plus d’argent dans la maintenance et la mise aux normes d’un outil qui a quand même 21 ans.” Le projet d’extension à l’étude prend tout son sens. Il inclut une augmenta- tion de la surface de stockage par la création d’une zone réfrigérée conte- nant 100 demi-gros bovins. Le second volet porte sur la création de l’atelier de découpe qui fait aujourd’hui cruel- lement défaut, entraînant notamment une fuite de la clientèle. Un projet rai- sonné et raisonnable qui nécessite en premier lieu l’acquisition d’une par- celle de 300 m 2 dans le prolongement de l’abattoir côté rocade où sera donc construit cet atelier d’une surface de 200 m 2 au sol. “Il s’agit d’un atelier assez polyvalent avec salle de découpe, préparation de viande hachée, prépa- ration de saucisses avec fumoir, mise sous vide, conditionnement, chambre froide, chargement… Cela entraînera aussi le déplacement de certaines acti- vités dans l’actuel abattoir. Cet atelier répondra à tous les cahiers des charges agriculture biologique, porc label rou- ge, bœuf tradition bouchère…” , résu- me Jean-Marc Bousset. Ce projet fait l’unanimité agricole et politique à l’échelle du Haut-Doubs. Il a aussi été validé par les services vété- rinaires. “En termes d’activité, on sou- haite que cela représente 20 % du ton- nage global, soit entre 200 et 300 tonnes de viande découpées. Précisons aussi que c’est d’abord un outil au service des clients. On leur propose ainsi une nou- velle prestation de service. Il n’y aura pas de magasin de vente. Avec cet ate- lier, on vise l’excellence” , affirme Daniel Defrasne. L’activité pourrait générer entre un et

de la filière viande et conforter l’activité, donc l’avenir de l’abattoir du Haut-Doubs.

L’ intérêt d’un abattoir de proximité n’est plus à fai- re. Pour s’en convaincre, il suffit d’observer l’évolution des tonnages depuis 2002 avec trois exercices seulement sous le seuil critique des 1 000 tonnes qui cor- respond à l’équilibre financier de la structure. Entre 2002 et 2017, les recettes annuelles moyennes s’élèvent à 68 177 euros. Les dépenses de fonc- tionnement représentent en moyenne 26 000 euros, soit 38 % des recettes. Le reste est affecté au remplacement et à l’amélioration des équipements.Contrai- rement à d’autres abattoirs francs-com- tois, celui du Haut-Doubs ne touche aucune subvention d’équilibre et vit uniquement de la perception de la rede- vance d’usage dont le montant est pas- sé de 58 euros par tonne en 2002 à 65 euros en 2017. “Cette taxe est assez élevée mais c’est le seul levier dont on

dispose pour atteindre l’équilibre finan- cier” , explique Daniel Defrasne qui pré- side le Syndicat de l’abattoir du Haut- Doubs. Lequel fédère les cinq intercommunalités formant le syndi- cat mixte du Pays duHaut-Doubs. Pour mémoire, l’exploitation de l’abattoir fait l’objet d’une délégation de service public confiée depuis 1998 à la société d’abattage pontissalienne. “L’activité mobilise cinq personnes à temps plein” , complète Jean-Marc Bousset, le gérant actuel. Dans cet abattoir multi-espèces, les gros bovins et les porcs représentent au moins 85 % des volumes. Reflet logique des filières d’élevage domi- nantes dans le secteur. La clientèle se répartit en trois catégories : abattage familial, c’est-à-dire le monde agrico- le, bouchers et dans le même groupe grossistes et grande distribution. “L’abat- tage familial correspond à 28 % du nombre de bêtes abattues. C’est assez

trois emplois mutualisés avec l’abat- toir. L’estimation budgétaire de ces investissements s’élève à 500 000 euros hors taxes. Difficile d’envisager un busi- ness plan sans subvention en convien- nent le président et l’exploitant. Mon- tage financier, choix de l’architecte, Le point de vue des utilisateurs Ils sont agriculteurs, bouchers, salaisonniers ou directeurs de grande surface, tous abattent à Pontarlier tout ou partie des bêtes qu’ils consomment ou commercialisent dans leurs enseignes. Que pensent-ils de ce projet d’atelier de découpe ? l Pierre Grésard, boucher-charcutier à Malbuisson “Je ne suis pas contre ce projet. Cela ne me dérange pas. Le client ira où il esti- mera être le mieux servi. Je voulais jus- te rappeler que plusieurs bouchers-salai- sonniers locaux ont versé par le passé leurs contributions financières au bon fonctionnement de l’abattoir. C’est rare qu’un tel outil public bénéficie de fonds privés.”

finalisation du projet et consultation des entreprises figurent au program- me de l’année 2018. “L’idéal serait de réaliser les travaux en 2019 pour une mise en service à l’automne avant les pics d’activité de fin d’année.” n F.C. Lionel Malfroy, agriculteur à Sainte-Colombe “À l’heure des circuits courts, cet atelier va permettre de resserrer le lien entre le consommateur et le producteur. Cet outil sera équipé pour que l’on puisse identi- fier sur l’étiquette non seulement le nom de l’éleveur mais aussi celui du morceau de viande. Jusqu’à présent, les éleveurs étaient contraints de descendre jusqu’à Champagnole pour bénéficier de cette prestation. Il faut aussi espérer que tout le monde joue le jeu et affiche sa soli- darité avec l’abattoir.” “Pourquoi pas, si les gestionnaires en profitent pour moderniser l’abattoir. Il faut savoir mettre les bons investissements au bon endroit pour pérenniser l’outil. On n’a jamais eu de problème spécifique avec l’abattoir du Haut-Doubs.” n l David Gagnepain, Hyper U l

Albert Letoublon, vice-président du syndicat de l’abattoir du Haut-Doubs, Élodie Letondal, secrétaire de la société d’abattage pontissalienne, Michel Jacquet, membre du syndicat et Daniel Defrasne, président.

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