La Presse Pontissalienne 215 - Septembre 2017

LA PAGE DU FRONTALIER

La Presse Pontissalienne n° 215 - Septembre 2017

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ÉCONOMIE

La rentrée horlogère L’horlogerie reprend des couleurs en Vallée de Joux Dépendante de l’industrie horlogère, la Vallée

de Joux demeure dans le secteur l’un des premiers pourvoyeurs d’emplois. 7 900 personnes travaillent ici dont 4 100 frontaliers, un chiffre stable.

S ur les bords du lac de Joux, les manufactures horlogères font partie du décor. Jaeger-LeCoultre à l’entrée du village du Sentier, plus loin la manufacture Bré- guet (l’inventeur du tourbillon), Audemars-Piguet, Blancpain : autant demarques qui font rêver. Et autant d’emplois à la clé, notamment frontaliers. En 2016, certaines sociétés ont pourtant

payé le prix du ralentissement économique mondial en taillant dans leurs effectifs à l’image de Vacheron-Constantin (80 postes) ou Piaget - 19 licenciements – (voir La Presse Pontissalienne de décembre 2016). “Oui, il y a eu une baisse d’activité mais nous concentrons 7 900 emplois (C.D.I. et intérim confondus - dont 4 100 frontaliers) contre 7 600 en 2013, détaille Éric

Audemars Piguet au Brassus a embauché en 2017 et poursuit son recru- tement.

Audemars Piguet : “60 embauches et encore des postes à pourvoir” L a Presse Pontissalienne : CommentAudemars Piguet envisage la fin d’année en termes d’exportations ?

marchés ont réalisé de belles performances, aucun n’est en déclin. Le principal challenge de nos filiales se résume plutôt à la pénurie de modèles dispo- nibles à la vente, notre produc- tion restant limitée à 40 000 pièces par an pour encore au moins trois ans. L.P.P. : Des embauches à pré- voir ? A.M. : Nous avons embauché 60 nouvelles recrues depuis le début de l’année et il reste enco- re bien des postes à pourvoir. n

de l’année 2016. Le nombre de frontaliers est quasiment stable en 2016. Le canton de Vaud a continué à créer des postes avec 414 000 emplois dont 13 200 frontaliers avec toutefois une perte d’1,6 % de ses effectifs industriels compensés par le tertiaire en essor. Parmi ces 13 200 frontaliers, 8 280 sont Doubiens. Les effets de la suppression du taux plan- cher qui se résorbent en Suis- se, combinés à une reprise qui se confirme (+ 1,1 % du P.I.B.) en France sont autant de signes positifs. n E.Ch.

groupes qui augmentent (+ 50 % sur un an). Rien que la Vallée de Joux “verse” environ 300 mil- lions de francs en salaire aux frontaliers, argent largement dépensé au France. La Vallée vient d’ailleurs de mettre en pla- ce une action visant à attirer les frontaliers dans ses com- merces locaux. L’Observatoire Statistique de l’Arc Jurassien (O.S.T.A.J.) publie une note conjoncturelle sur le marché du travail présentant les évolutions de l’emploi, du travail frontalier et du chôma- ge dans l’Arc jurassien, de part et d’autre de la frontière au cours

aux métropoles” ajoute le spé- cialiste. La preuve : 5 500 emplois industriels sont comptabilisés (chiffre de 2014) contre 5 000

Duruz. Il y a eu une surmédia- tisation de certains licenciements dont Vacheron-Constantin. Ce n’est pas la débandade ! La situa- tion n’est pas si mauvaise puisque l’horlogerie représentait 10,7 % des exportations vaudoises en 2016. Nous sommes en emplois par habitant derrière Zürich et devant Bâle-ville” poursuit le directeur de l’association pour le développement économique de la vallée de Joux, confiant pour l’avenir. Sa dépendance horlogère, la val- lée en a fait une force : “Notre spécialité productive nous per- met de rester positionner face

Audemars Piguet : 2017 a jus- qu’à présent été une bonne année et nous restons concen- trés afin de maintenir les bons résultats qui sont en ligne avec les prévisions que nous avions faites en début de cycle. L.P.P. : Quels marchés repar- tent ? A.M. : La question ne se pose pas en ces termes. Tous nos

quatre ans plus tôt, soit une évolution de 10 %. Le savoir- faire des entre- prises locales fait recette. Cette rentrée hor- logère “sereine” se traduit par une baisse du chôma- ge (de 5,5 % à 3,5 % à Vaud) et des cours des actions des grands

Parmi ces 13 200 frontaliers, 8 280 Doubiens.

SALAIRES

Une première en Suisse Le canton de Neuchâtel adopte le S.M.I.C. à 3 260 euros

Aucun salarié ne pourra être rémunéré moins de 20 francs suisses de l’heure. Du jamais vu dans la Confédération, une révolution dans ce pays libéral. Vu de France, ce montant ne devrait pas bousculer le contexte économique local.

L es commentaires sur les réseaux sociaux se sont multipliés durant tout l’été. Oui, être rémunéré environ 17 euros de l’heure, ça fait rêver du côté français. C’est même le S.M.I.C. le plus élevé au monde. Pourtant, côté suis- se, on minimise : “Ce n’est pas énorme au vu du coût de la vie mais c’est disons-le un petit pas qui va dans le sens de la pro- tection sociale. Cela veut dire que le travail doit couvrir les besoins vitaux” évoque Cathe- rine Laubscher, responsable régionale du syndicat U.N.I.A. à La Chaux-de-Fonds. Le cas des travailleurs pauvres de l’autre côté de la frontière exis- te. Pire, il s’est développé ces dernières années avec la crise horlogère. Rapporté au coût de la vie et aux dépenses obligatoires des salariés, 20 francs de l’heure (19,60 pour être précis) ne veut

pas dire rouler sur l’or. Au contraire. En votant ce salaire minimum, le canton de Neu- châtel réalise une première dans la Confédération. Jamais la Suis- se, pays libéral, n’avait intro- duit de S.M.I.C. Que la collec- tivité mette son grain de sel,

actives à temps complet ont d’ores et déjà un salaire plus élevé que cela et bénéficient bien souvent de conventions collectives.Atten- tion à ce qu’il ne devienne pas le salaire de base. C’est un petit peu le revers de la médaille, com- me on a pu le voir au fil du temps en France, que ça devienne le salaire de référence” nuanceValé- rie Pagnot, juriste à l’Amicale des frontaliers. Dans l’horlogerie par exemple, le salaire minimum est de 25 C.H.F. de l’heure. Les métiers du commerce, des loisirs (salle de fitness), esthétique, soins à domicile privés, micro-entre- prises, les coiffeurs non quali- fiés, les ouvriers temporaires non qualifiés, seront concernés par cette hausse. En revanche, ceux qui partici- peront aux vendanges sur les coteaux neuchâtelois ne seront pas concernés. Les secteurs de l’agriculture, de la viticulture

c’est la révolution. Le canton devait préciser le calen- drier de mise en œuvre jeudi 31 août. D’ici l’au- tomne, aucun salarié neuchâte- lois ne pourra être payé en dessous de 3 480 francs par mois (environ 3 260 euros) ! “Cela ne va pas changer grand- chose pour les frontaliers puisque la plupart des personnes

“Attention à ce qu’il ne devienne pas le salaire de base.”

Le canton de Neuchâtel est le premier canton suisse à imposer aux entreprises un salaire à 20 francs suisses de l’heure.

chômage (le plus élevé de Suis- se, à 6,3 %), la mesure prévient du dumping salarial. 5 % de la population active du canton neu- châtelois sera concernée par cet- te hausse d’environ 100 à 200 francs suisses sur la feuille de paie. n E.Ch.

ou de la formation sont dispen- sés. Les dirigeants de sociétés indus- trielles ou de commerces doi- vent-ils s’inquiéter pour leurs marges ? “Il y a dix ans, l’hô- tellerie nous disait qu’elle ne pouvait pas augmenter les salaires. Entre 2002 et 2012, les

salaires dans cette branche ont augmenté en moyenne de 800 francs. C’est la preuve que cela peut fonctionner. Ce n’est pas au public, avec les aides sociales, de subventionner le fait que des entreprises offrent des bas salaires” poursuit l’U.N.I.A. Dans un canton touché par le

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