La Presse Pontissalienne 215 - Septembre 2017

ÉCONOMIE

La Presse Pontissalienne n° 215 - Septembre 2017

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A L’habitat consomme toujours plus d’espaces naturels ÉTUDE Le foncier dans le Haut-Doubs

Même si notre région est une des moins “artificialisées” de France, l’étalement résidentiel est de plus en plus marqué. La tache résidentielle se répand surtout autour des axes de communication et sur la zone frontalière.

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M algré toutes les lois prises ces dernières années en matière d’urbanisme - loi S.R.U. qui a instauré les plans locaux d’urbanisme, loi A.L.U.R. plus récem- ment -, rien ne semble pouvoir arrêter l’étalement urbain et l’artificialisation des espaces naturels. Cette tendance semble inéluctable depuis l’apparition du processus de périurbanisation dans les années soixante-dix.

Si “seulement” 4,5 % de la superficie de la région Bourgogne-Franche-Com- té sont occupées par des sols artificia- lisés, c’est-à-dire transformés en routes, zones commerciales ou habitations, “l’expansion résidentielle est supérieure à l’augmentation de la population” affirme Yohann René, de l’I.N.S.E.E. Bourgogne-Franche-Comté, co-auteur d’une étude sortie le mois dernier.Avec des pics d’intensification constatés

Les logements couvrent 3 % de la

superficie de la Bourgogne- Franche- Comté (source I.N.S.E.E.- D.R.E.A.L.).

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nières années” déplore Sylvie Fouché, chef de service adjoint chargée du déve- loppement durable et de l’aménage- ment à la D.R.E.A.L. n J.-F.H. Les disparités au sein de la région sont immenses. Dans les départements ruraux de la région, le prix moyen du foncier s’établit autour de 30 euros par m 2 , et même à 20 euros dans la Nièvre. Trois fois et demie moins cher que dans le Doubs. n Le prix du foncier a progressé deux fois plus vite dans le Doubs Le Doubs est parmi les huit départe- ments de la région Bourgogne-Franche- Comté celui où les prix du foncier ont le plus augmenté ces dernières années. Alors que le prix dumètre carré construc- tible s’établit en moyenne à 47 euros sur l’ensemble de la Bourgogne- Franche-Comté, il atteint les 70 euros dans le Doubs. Entre 2010 et 2014, les prix du foncier ont bondi de 11,1 % par an. C’est deux fois plus vite que la moyenne régionale. “Cette forte haus- se s’explique non seulement par un effet de la superficie des terrains mais aussi par une concentration plus impor- tante des projets dans la zone fronta- lière” observe la D.R.E.A.L.

essentiellement sur la zone frontaliè- re ces dernières années. Ainsi, si les logements couvrent en moyenne 3 % de la surface globale de la Bourgogne-Franche-Comté, ce chiffre se situe entre 5 et 10 % sur le terri- toire de la communauté de communes du Val de Morteau, presque autant que dans le Grand Besançon. “Le pic d’artificialisation principal est consta- té dans le Haut-Doubs entre les années 2006 et 2011” précise le sta- (

tisticien de l’I.N.S.E.E. Sur le plateau du Russey par exemple, l’accroisse- ment des surfaces résidentielles au détriment des surfaces naturelles ou agricoles augmente de 2,5 % par an, contre 0,9 % par an en moyenne dans la grande région. Dans d’autres sec- teurs comme les intercommunalités de Pontarlier et de Besançon, les rythmes de croissance de la tache rési- dentielle sont au moins deux fois supé- rieurs à ceux de leur population. Quelques territoires cependant échap- pent à l’étalement résidentiel comme le Pays de Pierrefontaine-Vercel par exemple. Plusieurs facteurs expliquent que la progression de la tache résidentielle soit plus rapide que la courbe du nombre d’habitants : d’abord ce que l’I.N.S.E.E. appelle la “décohabitation”, c’est-à-dire le fait que les familles dont les couples se séparent ont nécessai- rement besoin de plusieurs logements. Entre 1982 et 2011, le nombre de per- sonnes par ménage est ainsi passé de 2,8 à 2,2 en Bourgogne-Franche-Com- té. Ce facteur est encore plus marqué dans les secteurs urbains où les sépa- rations sont plus nombreuses. Parmi les autres facteurs explicatifs, il y a aussi l’augmentation tendancielle des surfaces par logements et ce, malgré les différentes lois qui se sont succé- dé. Le nombre de maisons avec jar- dins et également en hausse. “On essaie d’empêcher l’étalement urbain, mais force est de constater qu’on n’a pas ralenti le processus lors de ces dix der-

Sylvie Fouché de la D.R.E.A.L. reconnaît l’impuissance des autorités à limiter l’étalement urbain.

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La tache résidentielle progresse surtout dans les couronnes des centres urbains et la bande frontalière (source I.N.S.E.E.-D.R.E.A.L.).

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