La Presse Pontissalienne 213 - Juillet 2017

DOSSIER I

La Presse Pontissalienne n° 213 - Juillet 2017

26

Plongée en plein Moyen-Âge l Oricourt 4 ème lieu de visite en Haute-Saône C’est le plus imposant témoin de l’architecture militaire médiévale en Franche-Comté. Le château d’Oricourt, en Haute-Saône voisine, nous invite littéralement à revivre le passé.

R ares sont les exemples de patrimoine aussi bien conser- vés avec le temps. On trou- ve toujours ici pourtant un château fort à double enceinte, avec ses fossés de 10 m qui ne manquent pas d’impressionner, ses deux grandes tours carrées de 25 m de haut et son pigeonnier à l’extérieur, côté village. Édifié vraisemblablement vers le milieu du XII ème siècle, il fait face à la plaine de Lure. Nicolas Rolin, chancelier de Bour- gogne et fondateur des Hospices de Beaune, en fut propriétaire à la fin duMoyen-Âge. Les blasons des familles

qui s’y sont succédé figurent d’ailleurs en bonne place dans la pièce par laquel- le commence la visite. Une maquette permet également d’avoir une vue d’ensemble du site, qui est entouré d’une double enceinte fortifiée. Autre point d’étonnement, de par la rareté de cette situation. La première encein- te enserre la cour de ferme et la secon- de, la cour d’habitation. Jusqu’en 1990, les bâtiments de fer- me ont continué à être exploités par la famille de l’actuel propriétaire, Jean-Pierre Cornevaux. “Les gens visi- taient et repartaient avec un litre de lait” , explique-t-il. “Très vite, il y a eu

l’envie de mettre en valeur les choses et de faciliter les accès.” C’est ce qui explique aussi en partie la si bonne préservation des lieux : devenu une grande ferme autour du XV ème siècle, “ce fut un outil de travail respecté” , précise Jean-Pierre Cornevaux, jus- qu’à une période très récente. Sa famille en a fait l’acquisition en 1932, depuis il a eu à cœur de suivre une formation de guide conférencier pour faire visiter les lieux. Pendant un temps, via un accueil gratuit et ponctuel aidé de son épouse Colette et de son fils, Étienne, “mais ce n’est pas le meilleur moyen de conserver le château” , puis depuis 2000 par le biais d’une billetterie avec un accueil per- manent l’après-midi (sauf le mardi) de mars à novembre. Des recettes bien utiles pour finan- cer les 80 000 euros de travaux par an nécessaires à sa restauration. “Nous en faisons tous les ans depuis 45 ans suivant les urgences et les moyens dis- ponibles” , souligne Colette Cornevaux. Du mécénat, une subvention dépar- tementale et des enveloppes parle- mentaires viennent compléter l’ap- port de la billetterie. Le mariage des régions aura, lui, eu raison de la sub- vention autrefois accordée par l’ex- Franche-Comté. Parmi les gros chantiers prévus en 2018, figure la restauration de la cha- pelle. “C’était une voûte à double croi- sée, il en reste des traces au mur, on veut reconstituer cela. L’autel et la pis- cine sont encore là” , note Jean-Pier- re Cornevaux. Le but étant à terme de la rouvrir au public. Durant les 1 h 30 de visite guidée de

Entre 8 000 et 10 000 visiteurs découvrent ce château chaque année ici, dont de nombreux Belges, Suisses, Allemands et Hollandais (photo J.-P. Cornevaux).

un puits de 22 m de profondeur, une citerne, quelques caves et le four sei- gneurial dans la cour d’habitation sont quelques-uns des trésors à décou- vrir. n

ce site de 3,5 hectares, on s’étonne de voir apparaître partout la majesté moyenâgeuse autour d’un plan type : basse et haute cour. Des corps de logis en partie remaniés au XV ème siècle,

Plusieurs animations sont organisées avec l’aide de l’association Les amis d’Oricourt. Un festival de jazz se déroulera le 9 septembre avant le week- end des

journées du patrimoine.

Y aller : Au 1, rue Nicolas Rolin, 70110 Oricourt. Tél. : 03 84 78 74 35. E-mail : chateau@oricourt.com Ouvert tous les jours, y compris dimanche et jours fériés, de 14 heures à 18 heures (sauf le mardi). Du 1 er mars au 15 novembre. Tarif : 5 euros et gratuit aux moins de 6 ans.

Jean-Pierre Cornevaux montre ici l’empreinte du chancelier de Bourgogne Nicolas Rolin, dans les éléments gothiques et le blason à trois clefs.

Filain, l’ancienne maison du général Marulaz l Filain Ancien château fort du XV ème siècle On connaît ce général de l’Empire pour avoir défendu Besançon de l’invasion des Autrichiens en 1814. Ce qu’on sait peu en revanche, c’est qu’il a vécu et est mort à Filain, en Haute-Saône.

XVI ème siècle par une construc- tion de type Renaissance, dont la façade est ornée par deux tours carrées, le château a ensuite subi diverses transformations au XVIII ème et au XIX ème siècle, opé- rées par les propriétaires suc- cessifs dont le général Marulaz. Le domaine sera finalement clas- sé aux monuments historiques en 1944 (après l’annulation d’une première inscription en 1927), “ce qui le préservera sans dou- te de possibles destructions, pen- dant la seconde guerre mondiale et les réquisitions allemandes” , estime Marie Montornès. Sa famille est propriétaire du châ- teau depuis 1981. Par souci de préservation du lieu, ses grands-parents et aujourd’hui ses parents ont enta- mé sa restauration. Un vaste chantier qui leur tient à cœur même si cela implique de nom- breuses contraintes. Autrefois ouvert aux visites, le château n’accueille dorénavant le public que lors de manifestations ponc- tuelles, comme les journées du patrimoine. Un incendie surve- nu dans les arcades, reliant les bâtiments construits au XV ème et auXVI ème , ne permettant plus son ouverture. À l’intérieur figurent encore quelques trésors préservés, com-

C e château était le lieu de vie du général Maru- laz au début du XIX ème siècle. C’est même lui qui l’aurait transformé en la demeure actuelle. L’histoire ne dit pas pourquoi il choisit d’en faire l’acquisition en 1808, mais il y vivra durant près de qua- rante ans, jusqu’à sa mort en juin 1842, à l’âge de 72 ans. On peut aujourd’hui encore se recueillir sur sa stèle, installée au pied de l’église du village, aux côtés de son épouse. Si cet illustre occupant marque l’his- toire du château, sa structura- tion en deux parties : l’une datant du XV ème siècle et l’autre ajoutée par la suite au XVI ème siècle, en fait bel et bien un lieu à part. Sa construction remonte vers 1550. Le bâtiment classique, reconnaissable par ses tours rondes, a alors la fonction de château forteresse avec ses meurtrières, ses murs d’enceinte et ses douves sèches, aujour- d’hui disparues. Complété dans le courant de

Le château dispose notamment d’une exception- nelle cheminée Renaissance.

écho au lieu, autour des propo- sitions plus oumoins ingénieuses de l’époque (baignoire pour che- vaux, bateaux sans voiles…). À l’extérieur aussi, le parc amé- nagé à la française de 17 hec- tares, avec ses haies de buis, a fait l’objet d’aménagements récents. Un potager cultivé par la famille et une connaissance du village confère à l’ensemble un air de maison de famille. n

me cette cheminée Renaissance dont sort un cerf sculpté tiré d’une scène de chasse à courre,des esca- liers en pierre de Bourgogne, une pierre tombale, des tapisseries… “L’Institut national de protection individuelle a légué à mon père cette exposition des premiers bre- vets déposés entre 1791 et 1805” , explique Marie Montornès à la visite du premier étage du bâti- ment XVI ème . Une étonnante découverte qui donne un autre

Marie Montornès entourée des gardiens du lieu, le boxer Hilton et le Saint-Bernard Hice.

Made with FlippingBook - professional solution for displaying marketing and sales documents online