La Presse Pontissalienne 213 - Juillet 2017

19 La Presse Pontissalienne n° 213 - Juillet 2017

l Animations Nuit de la chauve-souris Le château de Joux en tenue estivale Le château de Joux reste une destination très

L a Presse Pontissalienne : Pouvez- vous rappeler en quoi le fort de Joux se distingue des autres châteaux comtois ? aurène Mansuy : D’un point de vue archi- tectural, c’est le seul monument en France qui présente 1 000 ans d’his- toire de fortifications sur un seul site. Il est composé de cinq enceintes dont les caractéristiques sont adaptées à l’évolution de l’artillerie et des tech- niques de construction militaire. L.P.P. : Comment s’organisent ces différents éléments défensifs ? L.M. : La partie la plus ancienne remon- te aux XII ème et XIII ème siècles, à l’époque où le château devient un édi- fice en pierre. De ce donjon médiéval, défensifs, d’histoire, de concerts, de spectacles. Les atouts de Joux et le programme de l’été détaillé avec Laurène Mansuy, la directrice du site. appréciée des touristes et des amateurs d’ouvrages

il subsiste encore la tour de Grammont et une partie de la résidence sei- gneuriale. Après son rattachement au domaine comtal de Bourgogne, le fort devient une forteresse frontière et fait l’objet de travaux d’agrandis- sement aux XV ème et XVI ème siècles avec notamment la construction de la grosse tour d’artillerie. Le château comprend alors trois enceintes et s’étend sur 1 hectare. Il fera l’objet de nouvelles transformations après la conquête française. À la demande de Louis XIV, Vauban est chargé de for-

fie aussi l’ouvrage à cornes formant la 4 ème enceinte. Le dernier chapitre remonte au XIX ème siècle au cours duquel le château subit de nombreuses transformations et Joux devient un fort intégré dans un système défensif. Cela va se traduire par la construc- tion à partir de 1850 des forts Mahler et Catinat qui viennent compléter les défenses du château. D’autres travaux sont menés après la guerre de 1870 : la terrasse du donjon est adaptée et la 5 ème enceinte bastionnée est rempla- cée par un fort moderne. Aujourd’hui, cet ensemble défensif s’étend sur 2 hectares et il constitue un musée à ciel ouvert de la fortification. L.P.P. : D’autres atouts historiques à signa- ler ? L.M. : Impossible de parler du fort de Joux sans évoquer son plus célèbre pri- sonnier, Toussaint Louverture. Incar- céré le 23 août 1802, le héros de l’in- dépendance haïtienne y mourut de pneumonie le 7 avril 1803. Cela fait du château de Joux un lieu mémoriel très important. Cela permet aussi de raccrocher le site à toute la problé- matique de l’abolition de l’esclavage. C’est une ouverture passionnante. On pourrait parler aussi d’autres per- sonnages comme le fantasque Mira- beau ou Berthe de Joux. Sans oublier bien sûr la collection d’armes anciennes mise aujourd’hui en dépôt au musée de Pontarlier et qui fait l’objet d’une remise en état en attendant de remon- ter au jour au château d’ici 3 à 5 ans quand la nouvelle muséographie sera en place. L.P.P. : Le château se réveille aussi en été ? L.M. : La saison touristique débute à partir du 8 juillet et s’étend jusqu’aux journées du patrimoine qui auront lieu les 16 et 17 septembre. En période esti- vale, on étoffe l’offre de visites guidées avec cinq départs quotidiens. On pro- pose aussi des animations avec des énigmes à résoudre en famille pour

“On inaugure cette année un nouveau spectacle baptisé “La petite Évasion” qui sert de support aux visites nocturnes programmées les mardis et jeudis soir du 11 juillet au

tifier la Franche-Com- té. Ce constructeur de génie va réussir à adap- ter sa vision de la for- tification aux contraintes du site et des moyens financiers dont il disposait. Il va considérablement ren- forcer les défenses du château. Il reconstruit une partie du donjon, réaménage la grosse tour d’artillerie, creuse de profonds fossés et le grand puits pour l’ali- mentation en eau. Il édi-

“Découvrir le trésor de Joux.”

24 août”, explique

Laurène Mansuy, la directrice du site.

tervention de Florent Locatelli sur la partie régie technique. Sans trop en révéler, l’histoire invite le public à par- tir à l’assaut du château de façon assez originale. C’est une animation très accessible avec beaucoup d’interacti- vité. Les personnages sont incarnés par les guides du château qui chan- gent de casquette. L.P.P. : Et la culture ? L.M. : Le château sert de décor au fes- tival des Nuits de Joux qui se dérou- le du 21 juillet au 12 août. On y célé- brera aussi le 40 ème anniversaire de l’ensemble Ariolica qui organise deux concerts avec la soprano Marion Bagan qui sera la reine de la nuit de Joux les 28 et 29 juillet. L.P.P. : D’autres temps forts ? L.M. : Cet été, on fait un très gros effort sur les reconstitutions historiques avec les journées Napoléon programmées les 19 et 20 août. On attend une cen- taine de figurants qui seront en tenues d’époque. Cela permet aussi de faire le lien avec l’exposition présentée au musée de Pontarlier consacrée à deux Comtois de la garde Napoléon. Petite nouveauté, en partenariat avec la Com- mission de Protection des Eaux, on organise la nuit de la chauve-souris le 26 août à 20 heures C’est une façon de parler de quelques espèces méconnues qui vivent au château. On fera une petite pause pendant la rentrée sco- laire avant de reprendre avec le spec- tacle de fauconnerie le 10 septembre et de terminer par les Journées du patrimoine le week-end suivant. L.P.P. : Combien de visiteurs viennent chaque année à Joux ? L.M. : Environ 50 000. On est encore sous la contrainte de ne pouvoir orga- niser que des visites guidées. La for- mule “visite libre” implique des outils d’information, de la signalétique et des aménagements qui ne sont pas enco- re en place. n Propos recueillis par F.C.

découvrir le trésor de Joux. Ces for- mules dans l’air du temps fonction- nent très bien. On se rend compte que les gens aiment rester ensemble. L.P.P. : Le programme estival suppose un ren- forcement de l’équipe du château ? L.M. : On recrute sept guides saison- niers. Il s’agit souvent d’étudiants ou de jeunes diplômés en histoire, art, développement touristique. L.P.P. : Les visites nocturnes figurent toujours au programme ? L.M. : Tout à fait. On va même inau- gurer un nouveau spectacle. Baptisé La petite Évasion, il a été écrit et mis en scène par Grégoire Kocjan avec l’in-

Face au château de Joux,

un autre fort, plus récent a été édifié au XIX ème siècle pour surveiller la cluse : le fort Mahler.

L’originalité architecturale du fort de Joux réside dans son sys- tème défensif qui survole 1 000 ans d’histoire des fortifications.

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