La Presse Pontissalienne 211 - Mai 2017

La Presse Pontissalienne n° 211 - Mai 2017

7

l Contradiction Distorsion de concurrence ?

“Est-ce judicieux d’injecter autant d’argent public dans un second funérarium ?” Sans chercher la polémique, Stéphane Donier-Méroz qui a investi dans la création du funérarium de la rue Claude-Chappe s’interroge sur l’intérêt d’en créer un autre sachant qu’il y a aussi des chambres mortuaires à l’hôpital et à l’E.H.P.A.D. de Doubs. Entretien.

L a Presse Pontissalienne : Peut-on rap- peler l’historique de votre funérarium privé ? Stéphane Donier-Méroz : En juin 2012, j’ai racheté Prévitali pour fonder Les Pompes funèbres de Pontarlier, mar- brerie Donier-Méroz avec le projet de créer le funérarium qui a ouvert en 2013 rue Claude-Chappe. Il est impor- tant de rappeler qu’il a été financé par une entreprise privée sans aide publique. Cela représente un inves- tissement de 600 000 euros. L.P.P. : Pour quel niveau d’activité ? S.D.-M. : Ce funérarium tourne à 35, 40 % de sa capacité. On pourrait faire 400 admissions par an et aujourd’hui on fluctue entre 120 et 150. C’était conforme aux prévisions car on sait aussi que les personnes décédées à l’hô- pital ou à l’E.H.P.A.D. peuvent être placées dans les chambres mortuaires de ces établissements. Le service est gratuit. Impossible de s’aligner. En revanche, les prix de location des salons au funérarium sont dans la moyenne départementale.

voulais pas attendre éternellement sans rien entreprendre. L.P.P. : Êtes-vous en guerre contre les P.F.I. ? S.D.-M. : Non. Elles contribuent pour 10 % à l’activité du funérarium. Je suis parfois furieux qu’à l’hôpital ou à l’E.H.P.A.D. on nous oublie alors que les familles d’un défunt devraient être informées de l’existence de toutes les entreprises de pompes funèbres pri- vées ou publiques. L.P.P. : Vous faites plus de convois que d’ad- missions ? S.D.-M. : C’est sensiblement pareil. On rayonne à 15 km autour de Pontarlier. L.P.P. : Avez-vous déjà une idée sur les consé- quences d’un second funérarium à Pontar- lier ? S.D.-M. : Je crains de perdre 30 % d’ac- tivité. Aujourd’hui, les Pompes Funèbres de Pontarlier emploient huit personnes dont trois à temps plein. Si la concur- rence du funérarium public est trop forte, je risque de me séparer d’un ou plusieurs collaborateurs. D’où la réflexion pour trouver des alternatives

L.P.P. : Un ordre d’idée des tarifs ? S.D.-M. : Pour les plus grands salons, il faut compter une location à la demi- journée qui varie entre 65 et 70 euros. Il n’y a rien d’exagéré. L.P.P. : Pourquoi êtes-vous sceptique sur l’in- térêt d’un autre funérarium à Pontarlier ? S.D.-M. : Vu mon activité et l’existence de ces chambres mortuaires, je ne trou- ve pas judicieux d’injecter des capi- taux provenant d’une collectivité dans

Franc du collier, Stéphane Donier-Méroz serait plus intéressé de travailler dans un esprit de coopération plutôt que dans l’affrontement.

et maintenir l’emploi.

un équipement qui pour- rait coûter plus qu’il ne rapporte. Si ce nouveau funérarium fonctionne mal, qui paiera les défi- cits ? L.P.P. : Pourquoi donc vous êtes-vous lancé dans votre projet sachant que tôt ou tard un équipement public serait construit sur Pontarlier ? S.D.-M. : S’il y avait eu un funérarium avant que je m’installe, je n’aurais rien fait. Mais ce projet on en parle depuis 15 ans sans que rien ne bouge. Je ne

S.D.-M. : Non, car l’offre est déjà là. Entre l’hôpital, les E.H.P.A.D. et moi, on arri- ve à une capacité de 12 places d’ac- cueil en funérarium ou chambre mor- tuaire. À mon avis, c’est suffisant. Ce qui ne veut pas dire que je suis contre la concurrence mais là, elle ne s’im- pose pas. L.P.P. : Vous auriez investi dans un crémato- rium ? S.D.-M. : Il faut au moins 500 décès par an pour assurer le fonctionnement d’un tel équipement. À Pontarlier, c’est trop petit. Il faudrait élargir le territoire. Peut-être qu’à Étalans, cela marche- rait. n Propos recueillis par F.C.

L.P.P. : Ce projet vous inquiète ? S.D.-M. : Je n’en dors pas la nuit… Au niveau pompes funèbres, ça va car on est à peu près dans les mêmes tarifs. L.P.P. : Vous avez toujours le volet marbrerie pour compenser ? S.D.-M. : Aujourd’hui, lamarbrerie repré- sente 60 % de l’activité globale. Avec le développement de la crémation, les choses s’annoncent plus difficiles. Les gens n’investiront plus dans les monu- ments funéraires. L.P.P. : Ce nouveau funérarium ne vient donc pas enrichir l’offre privée et publique ?

“Je crains de perdre 30 % d’activité.”

l Pontarlier

Pompes funèbres-marbrerie Vial-Guillin “Rien d’illogique à voir se réaliser une seconde chambre funéraire sur Pontarlier”

S i comparaison n’est pas raison, force est de recon- naître que s’il y avait une anomalie pontissalien- ne, elle résidait surtout dans l’absence d’une autre chambre funéraire.“C’est la première cho- se qui m’a surpris en arrivant à Pontarlier”, note Jean-Noël Hel- ler qui dirige les agences O.G.F. de Pontarlier, Lons-le-Saunier, Champagnole, Morez, Salins- les-Bains, Saint-Claude etArbois. On trouve au moins deux, sinon trois chambres funéraires à Lons- le-Saunier ou à Vesoul. “Pon- tarlier était en retard par rap- port au reste de la Franche-Comté. Ce second funérarium, ce sera un plus pour les familles qui auront davantage de choix.Avec trois ou quatre salons, ce projet ne me semble pas surdimen- sionné. Quand on s’inscrit dans la création d’une chambre funé- raire, mieux vaut être prudent en se donnant les moyens de s’agrandir par la suite” , indique ce professionnel. Cette sérénité s’explique aussi car le projet porté par la com- munauté de communes duGrand Pontarlier impacte peu, a prio- ri, l’activité des Pompes funèbres- marbrerie Vial-Guillin. “On fait bien quelques dossiers pompes

raire ce qui est le cas de Vial- Guillin à Pontarlier toujours au nom des anciens propriétaires. “On fait partie du secteur O.G.F. Besançon qui réunit 13 agences et exploite les crématoriums de Besançon, Avanne et Lons-le- Saunier.” La crémation, Jean-Noël Heller n’y croit guère dans le Haut- Doubs encore trop attaché à la tradition des inhumations. “Les mentalités ne sont pas prêtes” dit-il. Pour autant, l’activitémar- brerie tend vers le déclin. Il est loin le temps ou l’entrepriseVial- Guillin réalisait entre 100 et 120 monuments par an, employant par le fait 5 à 6 marbriers. “La crémation a tout remis en cau- se. Aujourd’hui, on pose une qua- rantaine de monuments par an en faisant appel à des marbriers rattachés à nos agences sur Champagnole ou Besançon. À Pontarlier, on a encore une acti- vité correcte. On sent aussi la différence de pouvoir d’achat avec des familles qui ont les moyens d’investir” , reconnaît le directeur en estimant qu’il n’est “pas nécessaire de développer davantage l’activité pompes funèbres de l’agence de Pontar- lier.” n F.C.

funèbres mais ici à Pontarlier, la marbrerie et le funéraire repré- sentent 95 % de l’activité. C’est assez rare. On est plutôt un presta- taire des pompes funèbres inter- communales qui font appel à nos services pour tous les travaux de marbrerie.” Voilà

Jean-Noël Heller qui dirige sept agences funéraires du groupe O.G.F. entre le Doubs et le Jura dont les Pompes funèbres-marbrerie Vial-Guillin, ne se sent pas dérangé par la création du funérarium à Pontarlier. Il se montre plus sceptique sur la viabilité d’un crématorium.

“On pose une quarantaine de monuments par an.”

pourquoi la S.P.L. qui porte ce projet de pôle funéraire public ne suscite pas trop d’inquiétu- de chez le directeur de Vial- Guillin. Tout laisse à penser qu’il en soit ainsi car la marbrerie implique des investissements, du recru- tement, des compétences assez spécifiques qui ne semblent pas à l’ordre du jour de la S.P.L. À la différence des opérateurs locaux indépendants, l’agence de Pontarlier s’inscrit dans une logique de groupe, celui d’O.G.F., leader des services funéraires en France. Il compte 1 100 agences en France sous les enseignes P.F.G., Roblot, Henri de Borgniol ou des marques locales sous le label Dignité funé-

Jean-Noël Heller dirige les Pompes funèbres-marbrerie Vial-Guillin où travaille aussi Chantal Bertin-Mourot, conseillère funéraire.

Made with FlippingBook - professional solution for displaying marketing and sales documents online