La Presse Pontissalienne 211 - Mai 2017

LE PORTRAIT

43 La Presse Pontissalienne n° 211 - Mai 2017

GILLEY

20 ans de passion

Des mignonnettes par milliers D’abord en verre puis en céramique, plus attiré par le contenant que le contenu, Gilles Oudot est devenu addict de ces supports publicitaires qu’il collectionne, échange, expose, sans jamais se lasser.

P ièce à vivre, chambre d’amis, bureau, pas une étagère, pas unmeuble qui ne soit rempli de mignon- nettes. “J’ai la chance d’avoir une compagne compréhen- sive” , sourit Gilles Oudot qui aime à faire partager sa passion. Sa col- lection rassemble aujourd’hui 2 582 pièces en céramique. Le nombre fluctue en fonction des opportuni- tés d’échange, de vente, d’achat qu’il juge utile d’effectuer pour enri- chir, diversifier ou renouveler son fonds de commerce. Dans ce monde- là, rien n’est jamais fini et Gilles est allé très loin dans l’exercice. Pas du genre à faire les choses à moitié. Rien ne le prédestinait à tomber dans la buticulamicrophilie qui désigne ainsi ce goût prononcé pour les mignonnettes. “Un jour, un copain de ma fille m’a offert un cof- fret de mignonnettes qu’ils avaient acheté au retour d’un voyage à l’étranger. Tout est parti de là.” Comme un déclic. Il s’est pris au jeu d’étoffer sa collection naissante.

une bonne partie à un restaurateur local.” Pas forcément pour s’en débarrasser, plutôt le sentiment d’avoir fait le tour de du sujet en verre et sans doute une question de stockage. “Je suis limité par deux facteurs : la place et l’argent” , confirme le collectionneur. Cette séparation marque aussi la recon- version vers les mignonnettes en faïence et en céramique. “J’en avais quelques-unes” , explique celui qui va vite trouver son bonheur sur le site “Mignatus ceramicus.” Un nou- veau départ pour ce Sauget d’adop- tion originaire de Montbéliard. “On venait danser à Gilley.” Ce qui devait arriver, arriva. Au cours d’une de ses sorties de jeunesse, Gilles rencontre sa première épouse. Une fille du pays. Cap sur le Haut- Doubs. Après une expérience dans une entreprise à Valdahon, le décolle- teur comprend vite l’intérêt d’al- ler monnayer son savoir-faire en Suisse. De quoi mettre du beurre dans les épinards et s’offrir quelques mignonnettes de valeur. “J’ai des pièces assez rares mais aucune acquise à un prix exorbitant.” S’il avoue comme beaucoup d’autres buticulamicrophiles une forte atti- rance pour les mignonnettes assu- rant la promotion du cognac et du whisky, Gilles Oudot apprécie aussi tout autant de faire vivre sa col- lection au contact d’autres pas- sionnés. Il adhère ainsi au club français “Mignonnettes passion” et participe activement à la vie de cette association. “On se retrouve en général deux fois par an” , indique celui s’est récemment déplacé à Cognac où se tenait l’assemblée générale du club. Dans le dernier bulletin, il a pris sa plus belle plume et rédigé un article consacré aux mignonnettes de la distillerie Aymonier aux

Gilles Oudot avec deux mignonnettes de Cognac et d'Armagnac.

Bio express

Sans précipitation. Au hasard des bro- cantes et vide-gre- niers qu’il parcourt dans la région, en consultant quelques sites de vente aux enchères. En une petite dizaine d’an- nées, il finit par accu- muler entre 300 et 400 mignonnettes. “Elles étaient toutes en verre.” Puis les choses se sont accélérées et la collection s’est forte- ment étoffée pour arriver à plus de 8 000 pièces. “J’ai tout revendu dont

Fourgs. Le cercle des rencontres dépasse largement les frontières nationales. “On s’est déjà retrouvé à Barcelone, Bilbao, Grenade…” Chaque voyage est un prétexte à un séjour touristique en couple. L’occasion de joindre la passion à l’agréable. À force de rencontres et d’échanges, des amitiés se nouent entre col- lectionneurs. “C’est vraiment un plaisir de se retrouver.” En 2011, Gilles reprend à son compte l’or- ganisation de l’A.G. du club. Une cinquantaine de fondus de petites bouteilles mettent alors le cap sur le Haut-Doubs où en dehors des choses sérieuses, ils prendront aussi le temps d’apprécier les spéciali- tés locales. Beaucoup d’échanges s’effectuent dans ce cercle d’initiés.

quement vidées. “Ce type d’alcool finit par s’imprégner dans le conte- nant et cela fait des taches. On n’a pas ce problème avec les alcools blancs.” Méticuleux, Gilles Oudot range ses protégées avec méthode en les clas- sant par pays ou continent. Il a aussi transmis une partie de son virus à sa compagne qui a jeté son dévolu sur les mignonnettes à l’ef- figie d’Elvis Presley. La star du rock reste toujours un bon support pro- motionnel chez les fabricants de bourbon, whisky… “Si des per- sonnes veulent se débarrasser d’un vieux stock de mignonnettes, elles peuvent toujours me contacter” , sug- gère Gilles Oudot. (gilles.oudot@sfr.fr) n F.C.

“Cela représente environ 40 % des transactions” , précise Gilles Oudot. Car les affaires se font pour l’es- sentiel sur le net : ebay, le bon coin, paru-vendu. “Je les consulte en moyenne une fois par semaine. Il m’arrive assez souvent d’en acqué- rir aux États-Unis, en Italie…” Le marché des mignonnettes est en sérieuse perte de vitesse. Dur- cissement des règles de publicité pour les alcools, baisse de consom- mation, coûts de fabrication, plu- sieurs causes expliquent ce flé- chissement. Conséquences : certaines pièces prennent beau- coup de valeur comme des séries spéciales, des marques presti- gieuses. Chez Gilles Oudot, les mignonnettes contenant un alcool sucré liquoreux sont systémati-

Originaire de Voujeaucourt

l

“Je suis limité par deux facteurs : la place et l’argent.”

61 ans

l

Deux enfants

l

Métier : décolleteur

l

Made with FlippingBook - professional solution for displaying marketing and sales documents online