La Presse Pontissalienne 211 - Mai 2017

LA PAGE DU FRONTALIER

La Presse Pontissalienne n° 211 - Mai 2017

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ÉCONOMIE

CANTON DE NEUCHÂTEL Imposition Vives tensions autour du partage de l’impôt sur les frontaliers Fragilisées par la crise horlogère, les communes industrielles du haut du canton ont demandé et obtenu du Grand Conseil un nouveau report de la bascule de l’impôt des frontaliers. Décision vivement contestée par les communes littorales qui lancent un référendum.

Neuchâtel

cales liées à l’effet conjoncturel de la crise.” Un argument balayé par Stéphane Dubois même s’il ne réfute pas l’im- portance de ces rentrées liées au dyna- misme économique. “Avec une popula- tion ouvrière, on perçoit moins d’impôts sur les personnes physiques que les com- munes du littoral où vivent des classes plus aisées. On compensait largement cet écart avec la fiscalité des entreprises. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. En harmonisant l’impôt sur les frontaliers, Le Locle perdrait 2,7 millions de francs soit 10 % de ces recettes fiscales.” Lemessage n’a semble-t-il pas convain- cu les communes du littoral à l’origi- ne du processus référendaire. Objectif : recueillir 4 500 signatures avant le 8 juin, seuil requis pour engager une votation populaire. Olivier Haussener comme Stéphane Dubois sont d’accord sur un point : ce référenduma de fortes chances d’aboutir. Quand au résultat de la votation population, c’est plus ouvert, indécis. “Il y a beaucoup d’en- jeux et surtout une réflexion à avoir entre les collectivités pour éviter le nivel- lement par le bas des communes au risque aussi d'accélérer l’exode des contribuables des communes littorales vers les cantons de Fribourg ou de Ber- ne où ils ouvrent des classes françaises dans les écoles” , indique Olivier Haus- sener. Quoi qu’on en dise, cette procé- dure référendaire va augmenter enco- re la fracture entre le bas et le haut du canton de Neuchâtel. “Je ne suis pas sûr d’une part que tout le monde saisisse toute la complexité de cette har- monisation sur laquelle ils devront se prononcer. D’autre part, la cohésion cantonale sera de nouveau mise à mal, ce que je déplore bien sûr” , regrette Sté- phane Dubois. n

Le nombre de frontaliers diminue de 1,1 % dans le canton

vailleurs frontaliers a diminué d’1,1 % entre mars 2016 et mars 2017 selon les chiffres de l’Office.Tous les autres cantons connaissent une hausse. La baisse est d’autant plus marquée à Neuchâtel en ce premier trimestre 2017 avec un recul de 0,9 %. La Suisse compte, à finmars, 317 821 travailleurs frontaliers Dans le can- ton du Jura, les effectifs ont augmenté de 2% sur 12mois en passant de 7 443 à 7 592. Il est, en revanche, en recul d’1,1 % sur les trois premiers mois de cette année. Sur le plan national, l’aug- mentation sur une année concerne tous les pays voisins de la Suisse. Pour les mois de janvier à mars 2017, le nombre de frontaliers français est tou- tefois en baisse de 0,8 %, alors que les travailleurs allemands (+ 0,3 %), ita- liens (+ 0,6 %) et autrichiens (+ 0,6 %) sont en hausse. n

L e canton de Neuchâtel, le plus industriel de Suisse, l’un des plus grands pourvoyeurs de tra- vailleurs frontaliers français, est-il en crise ? Après les plans de licenciements annoncés dans l’horlo- gerie, une étude publiée lundi 2 mai par l’Office fédéral de la statistique en Suisse confirme certaines inquié- tudes. Sur une année, le nombre de tra- frontaliers contre 12 039 il y a un an. La conjoncture écono- mique explique cette baisse. C’est l’exception suisse. Alors que les autres cantons pro- gressent encore, le canton de Neuchâtel emploie 11 905

P our Stéphane Dubois, président de l’exécutif du Locle, équivalent du maire en France : “Le proces- sus d’harmonisation fiscale engagé depuis 2014 à l’échelle du canton fait que les communes industrielles souf- frent énormément. On subit également l’impact de la crise horlogère. La dimi- nution de l’impôt sur les entreprises, c’est 4 millions de francs en moins sur le compte 2016. Globalement, on a per- du 20 millions d’euros recettes fiscales en deux ans. Cela représente un quart du budget. En 2017, on est en déficit de 6,5 millions de francs. Il nous reste heureusement des réserves. Pour autant, on estime que l’on a déjà donné notre part à l’édifice. La Ville du Locle se bat pour que l’impôt des frontaliers ne soit pas harmonisé.” Les autres communes industrielles du haut du canton : Les Brenets, La Côte- aux-Fées,Val deTravers, LesVerrières, et La Chaux-de-Fonds sont sensible-

ment dans la même situation. Crai- gnant de perdre beaucoup dans une nouvelle répartition de l’impôt fron- talier, elles ont demandé son report au Grand Conseil. Lequel a accepté de retarder l’entrée en vigueur de la réfor- me à une date ultérieure. Un sursis qui n’a pas du tout été apprécié par les communes du bas comme s’en explique Olivier Haussener, député du Parti Libéral Radical et membre du comité référendaire. “On ne cesse de reporter cette bascule de l’impôt des frontaliers. Cette décision déséquilibre l’ensemble du dispositif d’harmonisation fiscale et fragilise les communes qui avaient pris en compte l’impact de la bascule dans la formation de leurs budgets. Ce statu quo , c’est un peu trop facile et cela n’a rien de démocratique. Les communes qui ont demandé le report ont beau- coup gagné avec l’impôt sur les entre- prises. Elles auraient dû prendre des dispositions pour amortir les pertes fis-

Moins de frontaliers pour le canton de Neuchâtel

depuis un an.

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