La Presse Pontissalienne 211 - Mai 2017

20 DOSSIER DO I

La Presse Pontissalienne n° 211 - Mai 2017

l Étude Mortalité piscicole En aval de Pontarlier, le Doubs est un désert à salmonidés La faute à une rivière dont le débit est trop faible, occasionnant des hausses de température fatales aux salmonidés. La solution : remettre en état les zones humides ou reméandrer ? Une étude est lancée.

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L a fédération de pêche du Doubs mène tous les ans de nom- breuses études dans les rivières. Ce fut le cas à l’automne 2015

redoutaient les experts : la quasi-dis- parition des salmonidés sur ce tron- çon de rivière ! Une seule “truitelle” a été capturée et aucun carnassier au niveau du pont d’Hauterive. Lot de consolation, beaucoup de goujons et vairons, preuve que l’eau n’est pas de si mauvaise qualité bien que de nom- breuses algues soient déjà visibles à cette époque de l’année. Les ingénieurs hydrobiologistes évo- quent une eau bien trop chaude l’été. Elle atteint les 28 °C parfois. Un constat partagé par les membres de la socié- té pêche de la Truite du trésor et du Saugeais, association de pêche et de protection du milieu aquatique qui gère ce tronçon de 23 km de 1 ère caté- gorie entre Morteau et Pontarlier. Ses membres estiment que ce n’est pas la qualité mais bien la quantité d’eau qui crée ici le désordre dans la faune pis- cicole. Ils alevinent, notamment des truites de souche, mais le résultat ne semble pas convaincant au vu de ces premiers résultats. “En 1976, des tonnes de poissons morts avaient été ramas- sées suite à la sécheresse…” se souvient l’un d’eux. Le Doubs, depuis, s’en est remis. Mais à moins de 0,350 m3 par secon- de au niveau de Ville-du-Pont, le débit de la rivière en période d’étiage ne convient plus aux truites. Les che- vesnes, eux, adorent. En l’espace de quelques minutes, la pêche électrique a permis d’en comptabiliser des dizaines dont le poids oscillait entre 700

au niveau du défilé d’En- treroches où une pêche électrique sur deux sec- teurs de 170 mètres de long dans le Doubs avait été organisée. La premiè- re au niveau du pont d’Hauterive-la-Fresse. La seconde en face de la grot- te de Remonot. Les résultats de l’étude sont désormais connus. Ils mettent en avant ce que

Une truitelle seulement

avait été pêchée.

grammes et 1 kg. “Nous réfléchissons sur l’état physique du Doubs et allons lancer en aval de Pontarlier une étu- de morphologique de la rivière. Il faut savoir si les pertes sont vraiment natu- relles ou non, mesurer comment le débit d’eau arrivant à Pontarlier a diminué ces dernières années. Il faut réfléchir à des mesures d’ensemble et notam- ment à la gestion des zones humides, des têtes de bassin” indique Jean-Noël Resch, hydrobiologiste membre du syn- dicat mixte des milieux aquatiques du Haut-Doubs. Il faudra du temps et de l’argent pour retrouver ici une rivière de première catégorie digne de ce nom. n E.Ch. Beaucoup de chevesnes, un poisson qui investit la 1ère catégorie.

Les poissons sont classés selon l’espèce. Ils repartiront vivant à l’eau. Pêche électrique d’envergure dans le Doubs au niveau de Remonot pour comptabiliser les poissons et les inventorier.

l Pollution

Nitrates et phosphates Le réseau de surveillance et d’analyses fonctionne

À l’initiative du Département du Doubs, le réseau Q.U.A.R.S.T.I.C. a été créé pour surveiller en permanence la qualité des eaux du Doubs, de la Loue et du Lison.

la base des études et analyses et disposer de moyens de prélève- ments déjà en place pour orga- niser des campagnes de recherche de molécules particulières (pol- luants, pesticides…). L’idée de ce réseau est de suivre précisément, sur plusieurs années, l’évolution de la qualité des eaux.” Le premier bulletin publié par le réseau Q.U.A.R.S.T.I.C. por- tait sur l’analyse de la saison hivernale. “Depuis janvier 2016, les concentrations ennitrate obser- vées dans la Loue à Ouhans et à Chenecey-Buillon sont de res- pectivement 6 et 10 mg/litre en période hivernale et de 4mg/litre en début de période estivale.L’évo- lution générale est une diminu- tion qui s’observe également sur les autres stations de la Loue et du Lison. Sur la Loue à Vuilla- fans et sur le Doubs à Arçon, la diminution des concentrations en nitrate atteint la limite de quantification (0,5mg/litre) pen- dant le mois de mai. Les plus fortes teneurs en nitrate sont

A ugmentation du taux de nitrate,fortes concen- trations en phosphates, hausse de la tempéra- ture de l’eau, prolifération d’algues… : les rivières Loue et Doubs font l’objet “d’une dégra- dation chronique de la qualité de leurs eaux” confirme le B.R.G.M. (Bureau de recherches géologiques et minières). Dégra- dationqui s’estmanifestée notam- ment en 2010 déjà, épisodes renouvelés encore récemment, par une mortalité piscicole sans précédent. C’est pourmieux comprendre les transferts dans des bassins kars- tiques par définition fortement vulnérables que le Département du Doubs a sollicité le B.R.G.M. en 2015 pour mettre en place un

Des stations d’analyses ont été installées à 5 endroits. Ici, à la source de la Loue à Ouhans.

réseau de surveillance de la qua- lité des eaux : le réseau Q.U.A.R.S.T.I.C. (Qualité des eaux et réseau de surveillance des rivières comtoises). L’objec- tif du réseauQ.U.A.R.S.T.I.C. est de rendre compte de la qualité des eaux de la Loue et du Doubs par le suivi des flux hydriques, des nutriments et des matières en suspension sur 5 stations. “Le projet comprend quatre objectifs, indique Jean-Baptiste Charlier, de la Direction Eau, Environ- nement et Écotechnologies du B.R.G.M. : capter les variations physico-chimiques des eaux aux échelles temporelles de la crue, de la saison et du cycle hydrolo- gique, constituer et alimenter une base de données publique, per- mettre à partir des données de

l’autre. Toutes ces analyses - le réseau totalise plus d’1 million de données sur une année -, devront servir à “guider l’éla- boration d’un plan d’actions effi- cace” observe Jean-Baptiste Charlier. n

observées lors des épisodes de crue. Lors du premier semestre 2016, les plus fortes concentra- tions en nitrate dans les eaux du réseau Q.U.A.R.S.T.I.C. sont mesurées en hiver. L’évolution globale montre une diminution régulière, typique de cette pério- de de transition entre les hautes

eaux d’hiver et les basses eaux du début de l’été” résume le rap- port du réseau. Mais une nou- velle enquête réalisée à l’au- tomne dernier et dont les résultats seront publiés avant le mois de juinmontre “une aug- mentation de ces taux” , signes de la variabilité d’une saison à

J.-F.H.

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