La Presse Pontissalienne 211 - Mai 2017

La Presse Pontissalienne n° 211 - Mai 2017

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À Vaux-et-Chantegrue, les travaux sur le Drugeon redonnent de l’espoir l Drugeon De 50 à 300 kg de truites à l’hectare

L e reméandrement du Drugeon est un exemple, pragmatique, d’actions menées par l’homme qui ont permis au fil du temps à l’écosystème de retrouver une sta- bilité. Cette rivière, au bord de l’as- phyxie avant son reméandrement, est un laboratoire à ciel ouvert. Les résul- tats observés prouvent que les actions portent leurs fruits “même si la riviè- re n’est pas encore à son optimum éco- logique” prévient Jean-Noël Resch, ingénieur hydrobiologiste. Le syndicat mixte des milieux aqua- tiques du Haut-Doubs (S.M.M.A.D.) en collaboration avec la fédération de pêche a mené à Vaux-et-Chantegrue des travaux dans le lit de la rivière. “Les efforts consentis ont permis d’in- verser la tendance” indique un ingé- nieur hydrobiologiste. “Là où il y avait 50 kg de truites à l’hectare, on en retrou- ve aujourd’hui 300 à 350 kg” indique la fédération de pêche du Doubs qui se mobilise pour protéger la faune halieutique. “Le Drugeon nous le montre, les rivières peuvent s’autoréparer à condition de refroidir les cours d’eau. Cela passe par l’aménagement des zones humides. On a des solutions !” pour- suit Alexandre Cheval, technicien à la

fédération de pêche. Demeure cette fameuse question de l’argent et des financements. Trans-

priétaire doit être validée. Le S.M.M.A.D. doit convaincre. Dans quelques semaines, il va lancer dans le ruisseau la Morte au niveau de La Cluse-et-Mijoux autre action de restauration du cours d’eau. Cet amé- nagement a été rendu possible… grâ- ce (ou à cause) des travaux menés dans la zone des Gravilliers, lesquels impo- sent des compensations environne- mentales. Sur le terrain, tous les spé- cialistes font désormais ce constat : il faut préserver les zones humides. n

La restauration du cours d’eau a permis à la population de truites sauvages d’augmenter. Un exemple à suivre… mais qui demeure coûteux et fastidieux à réaliser. Une opération est lancée à La Cluse-et-Mijoux.

poser ce genre d’actions à une échelle plus vaste nécessite un engagement financier majeur. Le syn- dicat mixte du Haut- Doubs se dit prêt. Il faut également passer les bar- rières liées aux proprié- tés. Pour chaque action, l’autorisation d’un pro-

Pas encore à l’optimum écologique.

Accélérer la vitesse du cours d’eau pour éviter que l’eau ne se réchauffe l’été.

Les travaux menés dans le Drugeon à hauteur de Vaux-et-Chantegrue portent leurs fruits.

Santé

La pollution dans nos assiettes ? “Je déconseille de manger du poisson” Par principe de précau- tion, deux médecins mettent en garde.

que l’agriculture arrête d’épandre lorsque la végétation n’est pas constituée. Pour Philippe Henry, maître de conférences à l’Uni- versité de Franche-Comté, les flux de phosphore enregistrés dans les stations de pompage, notamment la Loue, “montrent que nos sols sont désormais com- plètement contaminés.” La faute à des stations d’épuration mal calibrées, une agriculture qui pro- duit toujours plus (+ 21 % de pro- duction de lait A.O.P. d’ici 2022) et aux citoyens qui oublient par- fois qu’une lingette ne se jette pas dans les toilettes mais dans une poubelle ou à des désher- bants encore utilisés bien qu’in- terdits ! “Si cela continue, on va tous être malades…Voilà 10 ans que l’on se bat” regretteAlexandre Cheval, technicien à la fédéra- tion de pêche qui ne parle plus que de la santé des pêcheurs mais bien celle de tous les citoyens. À l’heure où nous bouclions ces lignes, une surmortalité touchait la rivière Loue. n E.Ch. dans le Doubs

les femmes enceintes, la puberté précoce” indique le docteur Fran- çois Solmon. Son collègue le doc- teur Jean-Pierre Belon de réclamer “un urgent besoin d’outils de recherche des micropolluants conte- nus dans l’eau du robinet.” Jusqu’à présent, aucune étude n’a démontré que l’eau contenue dans notre verre était dangereuse pour la santé. “Mais quid du bétail qui boit l’eau ?” interroge un scienti- fique. n

scientifiques à l’appui. Des médecins montent au créneau. Une première. “On retrouve des per- turbateurs endocriniens qui altèrent le fonctionnement de l’organisme. Les pesticides peuvent accroître le risque de cancer. Je déconseille de manger du poisson : la truite est un bio-accumulateur demicropolluants. C’est un effet cocktail qui a des conséquences sur la baisse de la fertilité, les malformations génitales, la hausse de la prématurité chez

F ace à la pollution des rivières, beaucoup s’interrogent : faut- il encore manger du poisson, se baigner ou boire de l’eau du robi- net ? La fédération de pêche de rap- peler qu’un chien et un chevreuil sont morts il y a deux ans après avoir bu de l’eau de la Loue, études

Le docteur Jean-Pierre Belon.

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