La Presse Pontissalienne 211 - Mai 2017

PONTARLIER ET ENVIRONS 16

La Presse Pontissalienne n° 211 - Mai 2017

AGRICULTURE

Une forte concurrence

Le Haut-Doubs toujours sur une bonne dynamique foncière

Réuni en formation à Pontarlier le 10 avril dernier, le comité technique de la S.A.F.E.R. du Doubs a présenté son bilan 2016 où s’accentuent les tensions foncières sur le Haut-Doubs.

L’exemple de la pension équestre de Chaffois La S.A.F.E.R. a vendu en 2015 à Hélène Michel le bâtiment et les 11 hectares de terrain attenant d’une ancienne pension équestre. Pari réussi.

2 804 hectares de terres agricoles ont été vendus dans le Doubs en 2016. “On enregistre une aug- mentation importante des noti- fications supérieures à 25 hectares” , indique Julien Burtin, chargé de mis- sion territoire environnement à la S.A.F.E.R. Bourgogne-Franche-Com- té. L’écart des prix entre les biens libres et occupés se resserre alors qu’habi- tuellement un bien libre se vend 20 % à 30 % plus cher. Ce rapprochement est assez symbo- lique de la pression foncière qui s’exer- ce en terre à comté et sur le Haut- Doubs. Les fermiers en place qui achètent des biens dont ils sont loca- taires proposent aujourd’hui des prix plus élevés qu’auparavant. Éric Lie- geon le président de la S.A.F.E.R. du Doubs s’inquiète du développement de la reprise des biens de famille sus- ceptible de mettre à mal des exploita- tions. “L’idée serait de mettre en place un coefficient de viabilité de l’exploi- tation en dessous duquel on n’autori- se pas la reprise de terre familiale. Le souci se pose de la même manière si les terres sont à proximité des bâtiments.” Christophe Chambon, autre agricul- teur, souligne l’impact de la notion de productivité agricole plafonnée dans le cahier des charges de l’A.O.P. com- té. “Il y a de plus en plus de tensions

autour de ce seuil de pro- ductivité. Les exploita- tions touchées vont cher- cher à récupérer des biens de famille pour maintenir leurs droits à produire.” En 2016, la S.A.F.E.R. est également interve- nue sur plusieurs opé- rations en lien avec la préservation de la res- source en eau. Sur la plaine d’Arlier notam-

P as toujours facile au pays du com- té de résister à la tentation laitiè- re mais sur ce dossier, la S.A.F.E.R. n’a pas cédé. “On s’était positionné sui- te à une liquidation judiciaire et on a agi avec la volonté de remettre une acti- vité équine” , explique Étienne Abline, le directeur de la S.A.F.E.R. du Doubs. Le projet présenté par Hélène Michel a donc été validé en comité technique S.A.F.E.R.

La préservation de la ressource en eau.

ment ou plusieurs puits imposent des périmètres de protection rapprochés. Pour les agriculteurs concernés, ces dispositifs ne sont pas sans contraintes surtout s’ils sont en système lisier dont l’épandage est proscrit dans les péri- mètres rapprochés. Les cinq puits situés àVuillecin, Doubs et Dommartin repré- sentent 190 hectares en périmètre rap- proché. Ces surfaces sont exploitées par 19 exploitations avec des parcel- laires très morcelés. Un vrai cauche- mar à résoudre. “Le dossier environ- nemental peut être accepté à condition que l’économique et le social soient pris en compte. À partir de là, les choses peuvent être acceptables pour l’ensemble des parties” , estime Éric Liégeon. n

Hélène Michel a présenté le 10 avril dernier sa pension équestre aux membres du comité technique de la S.A.F.E.R.

La volonté de remettre une activité équine.

terres agricoles dont 6 hectares sont réservés à la production fourragère. On a effectué un gros travail dans l’amé- nagement des paddocks en sachant que cette possibilité de sortir les che- vaux est un atout par rapport à la concur- rence” , explique celle qui a conservé son emploi d’enseignante au lycée agri- cole de Levier où elle exerce désor- mais à temps partiel. Conçue pour accueillir 23 chevaux, cet- te pension équine s’adresse plutôt à une clientèle C.S.O. (compétition). Hélè-

ne Michel n’a pas l’intention de s’orien- ter vers les cours d’équitation. La pen- sion qui a accueilli ses premiers che- vaux au printemps 2016 dispose aussi d’un vaste manège couvert de 50 x 20 m. Les 9 hectares de prairies ne suf- fisent pas à couvrir les besoins fourra- gers et l’exploitante est contrainte d’ache- ter 90 à 100 tonnes de foin par an. En projet figure l’aménagement d’une carrière à l’extérieur et le souci de trou- ver à plus ou moins long terme une solution de stockage pour l’eau. n

La propriétaire des lieux a entrepris pas mal de travaux : rénovation des lignes d’eau contre le risque de gel, planchers, sellerie, transformation d’une loge en stabula- tion libre… “Le domai- ne fait 11 hectares mais en enlevant la voirie et la carrière, cela repré- sente 9 hectares de

F.C.

DOUBS

Animation conte

S agement assis, parfois assoupis, les patients, une dizaine environ, écou- tent et regardent Marie- Agnès Rivel venue leur conter l’histoire du bol du mendiant qui n’en finit plus de se vider au fur et à mesure qu’on le rem- plit. “Ce bol est fait d’un crâne humain. Il est fait de tous les désirs de l’homme, insatiable…” La conteuse joint le geste à la parole. Même si la scène est exi- guë, elle remplit l’espace tout en douceur, interpelle de la voix, réveille les esprits. Elle pour- suit sa chanson de gestes avec une autre aventure, celle du tailleur mal habillé à qui l’on offre une belle pièce de tissu dans laquelle il se fabrique un manteau qu’il finira par user pour confectionner une veste, puis un gilet, une casquette et même un bouton. “Il restait tou- jours assez de matière à faire, à enfants. Puis dans les écoles de ses enfants. “Du jour au lende- main, j’ai changé radicalement de public en choisissant de m’adresser aux personnes âgées. Comme chez les enfants, je retrou- ve dans ce public une capacité d’émerveillement intacte” , explique Marie-Agnès Nouvel qui intervient ainsi depuis dix- sept ans dans divers établisse- ments seniors implantés de part et d’autre de l’Arc jurassien fran- co-suisse. Que ses spectateurs s’endorment en l’écoutant ne la dérange absolument pas. “Ce type d’animation, pour moi, c’est un jeu où chacun prend ce qu’il a envie de prendre. J’essaie d’ap- porter la flamme, l’enthousias- me, la vie. Contrairement à d’autres pays comme en Alle- magne ou la Suisse, on a beau- coup de réticences en France avec tout ce qui touche le soin de l’âme. On met plutôt l’accent sur l’hygiène, la nourriture. Ces séances nous prouvent aussi qu’il y a toujours de la vie chez ces personnes. Il suffit de souf- fler sur les braises par ranimer la flamme.” n F.C. Souffle de vie à l’unité Alzheimer Tous les 15 jours, Marie-Agnès Nouvel vient raconter de belles histoires aux personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer. L’émotion à fleur de mot. Une capacité d’émer- veillement intacte. faire une histoire. Moralité, il ne faut jamais rien gaspiller” , souligne Marie-Agnès Rivel qui tentera ainsi d’attirer l’atten- tion de son auditoire pendant presque une heure. Avant de laisser ses fidèles pen- sionnaires, “c’est souvent les mêmes qui reviennent d’une séance à l’autre” , rappelle Chris- telle Bernard l’une des animatrices de l’E.H.P.A.D. de Doubs, elle n’oublie pas de leur deman- der s’ils sont contents. Certains répondent par l’af- firmative, d’autres passent comme si de rien n’était. “Vous ne vous en êtes pas ren- du compte mais c’est déjà un exploit de les maintenir sur place, sans bouger aussi longtemps” , explique plutôt satis- faite Christelle Bernard. Elle n’a qu’un souhait, celui de pérenniser cette animation ren- due possible depuis deux ans grâce au soutien financier de l’association Vivre ensemble. “Les personnes atteintes par la maladie d’Alzheimer ou troubles apparentés sont très difficiles à stabiliser. Quand on les invite sur des ateliers de jeux de socié- té ou de bricolage, il faut beau- coup d’encadrement. D’où l’idée d’innover en proposant une ani- mation qui leur conviendrait mieux comme les contes. Après chaque séance, on prend quelques notes sur le comportement de chacun. Jusqu’à présent, jamais aucun n’est parti en cours de séance. On n’enregistre pas for- cément des améliorations mais on constate qu’ils sont souvent “accrochés” aux histoires qui leur ont été contées. On consta- te également l’importance de s’inscrire dans la continuité. Cela permet de créer du lien avec la conteuse.” Cette dernière a débuté dans le “métier” en racontant assez natu- rellement des histoires à ses

Quand elle se lance dans sa chanson de gestes, la conteuse est toujours animée du plaisir d’apporter la flamme à celles et ceux qui l’écoutent.

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