La Presse Pontissalienne 210 - Avril 2017
La Presse Pontissalienne n° 210 - Avril 2017 7
l Jougne Hôtel-restaurant Pour couronner le tout ! À 52 ans après une belle carrière dans le groupe
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de boulangeries Pouly, Antonio Pinto a réalisé son projet de vie : reprendre une affaire, en l’occurrence l’hôtel- restaurant de la Couronne en y associant son fils Mathieu.
À quelquesmises aux normes près, rien n’a changé dans cet éta- blissement exploité depuis quatre générations par la famille Parriaux à Jougne. “On tient avant tout à s’ins- crire dans la continuité pour que les clients bénéficient du même niveau de prestations en y ajoutant bien sûr une touche personnelle. L’hôtel-restaurant était fermé depuis un an. Nous avons eu la chance d’être bien accompagnés par Christine Dumas-Parriaux et son époux Jean-Claude” , explique Antonio Pinto. Ce Haut-Saônois a découvert le Haut- Doubs en venant skier avec ses parents à Métabief. entre-temps, il a appris un métier : boulanger. “J’ai commencé ma carrière professionnelle à Dijon en com- prenant assez vite que je préférais la campagne à la ville.” Assez naturelle- ment, le maître boulanger vient s’ins- taller dans le Haut-Doubs. Après une expérience dans la grande distribution côté France, il part travailler en Suis- se où il gravit progressivement les éche- lons pour finir responsable de pro- duction sur le site lausannois du groupe Pouly. “C’est le premier boulanger-pâtis- sier-traiteur suisse. On fabriquait des produits haut de gamme pour de grands palaces sur la côte lémanique. J’ai beau- coup appris” , poursuit cet ancien fron- talier soucieux d’engranger de l’expé- rience et de se constituer un capital en vue de reprendre un jour une affai-
re à son compte sur France. Sans avoir d’idée précise, si ce n’est peut-être d’exercer dans un secteur en lien avec son parcours dans l’alimentaire. “La Couronne, c’est un concours de cir- constances. J’ai toujours apprécié ce type d’établissement familial qui se dis- tingue des chaînes hôtelières qu’on retrouve un peu partout. J’étais can- didat à la reprise sous réserve que mon fils soit de la partie. C’est une histoire d’enthousiasme partagé.” Sitôt d’accord pour accompagner son père dans ce nouveau challenge, Mathieu Pinto alors étudiant en psy- chologie change d’orientation. Il suit une formation accélérée en hôtellerie- restauration à Dijon. “En le voyant évo- luer aujourd’hui, je pense qu’il est dans son élément” , se réjouit son père qui apprécierait de pouvoir un jour lui transmettre cet hôtel-restaurant cos- su de 10 chambres avec 70 couverts. Au menu, une cuisine de saison tra- ditionnelle à la française. De l’exigen- ce sur la qualité des produits, un ser- vice irréprochable, des fournisseurs locaux ou de bonne réputation. “On ne cherche pas non plus à être un restau- rant étoilé” , souligneAntonio Pinto qui gère aujourd’hui une équipe de 7 per- sonnes. “C’est toujours compliqué de trouver du personnel. Heureusement, on propose un bel outil de travail où chacun peut se faire plaisir dans sa spécialité.”
l Pontarlier Artisanat “Et si je me mettais à mon compte ?” Salarié pendant des années en France en plomberie-chauffage, Laurent Bernard est parti travailler trois mois en Suisse avant d’avoir un gros accident suivi d’un long rétablissement et de se mettre finalement à son compte à l’aube de ses 50 ans.
Les débuts s’annoncent prometteurs. L’hôtel affichait déjà complet aux der- nières vacances scolaires. L’activité restauration progresse un peu moins vite. “C’est toujours plus long à relan- cer. On a encore besoin de se faire connaître, de retrouver une dynamique après un an de fermeture” , poursuit celui peut déjà compter sur une belle clientèle d’affaire helvétique. Pourquoi s’en priver ? n F.C. Antonio Pinto et son fils Mathieu ont repris l’hôtel-restaurant de la Couronne en décembre dernier.
I l n’est jamais trop tard pour s’ins- taller. Deux ans après avoir fran- chi le pas, Laurent Bernard n’éprouve pas de regret. Il savoure sa liberté d’action y compris le same- di matin quand il faut terminer un chantier. Il s’agace de courir après les mauvais payeurs. “C’est le mau- vais côté dumétier.” De caractère très indépendant, il se retrouve pleine- ment dans ce mode de fonctionne- ment où il s’épanouit professionnel- lement et s’enrichit aussi de la diversité des travaux qu’il exécute. “Le travail ne manque pas. Le carnet de commandes est presque rempli jus- qu’à l’automne.” Très vite il s’est mis à proposer en plus de son de métier de plombier-chauffagiste de l’amé- nagement de salles de bains clé en main, sachant qu’il pouvait au besoin compter sur les compétences d’autres artisans plaquistes ou carreleurs. Bref, tout roule. Raisonnable dans ses prétentions salariales, il mène sa barque avec efficacité et sagesse. Lui le fils d’agri- culteur n’avait guère eu d’autre choix en rentrant de l’armée que d’ap- prendre le métier sur le tas. “Mon père m’avait en quelque sorte placé chez un plombier.” Il commence sa carrière chez Minary à Chaffois où il reste neuf ans avant d’aller aussi longtemps chez Pecclet et de finir son salariat sur France en travaillant huit ans chez Thionnet à Mouthe. “Même si je gagnais correctement ma vie, j’ai préféré partir en Suisse pour avoir les moyens de financer les études
de mes trois filles à charge.” Un épisode frontalier de courte durée qu’il devra interrompre au bout de trois mois suite à un gros accident de la route. “J’ai mis trois ans à m’en remettre. Heureusement, j’ai été bien soigné en Suisse où l’on m’a aussi proposé une reconversion en micro- techniques. Mais je n’ai pas pu aller au bout pour diverses raisons.” Direc- tion Pôle emploi. Il se retrouve un jour convié à participer à une réunion en présence de la Boutique de ges- tion. Le déclic. “On nous a présenté le dispositif d’accompagnement à la création d’entreprise. Professionnel- lement, j’étais au pied dumur. Je pou- vais sans doute retrouver un emploi salarié mais j’avais aussi envie de tenter ma chance. Yoann Bourdenet de la Boutique de gestion m’a vrai- ment bien soutenu et conseillé tout au long du parcours. J’avais plein de choses à apprendre. Je ne suis pas sûr que j’aurais pu me lancer seul.” Avec une belle honnêteté, l’artisan admet avoir été conforté dans son choix car il a pu bénéficier comme tous les créateurs d’entreprise de l’Al- location d’Aide au Retour à l’Emploi. “On touche l’équivalent d’un salaire pendant deux ans tout en dévelop- pant son activité. C’est l’idéal pour se faire de la trésorerie” , poursuit Lau- rent Bernard qui a aussi contracté trois prêts. À son compte depuis mars 2015, il compte bien aller jusqu’au bout. “Oui, on peut le dire, il y a un avenir après la Suisse” , sourit-il. n
l Pontarlier La Parenthèse La preuve dans l’assiette
Après sa formation en hôtellerie-restauration, Maud Brand est partie se perfectionner en Suisse avant d’ouvrir son propre restaurant à Pontarlier. Un tremplin.
T out à son honneur et craignant aussi une confusion des genres, elle restait plutôt discrète sur son par- cours qui ne manque pas de savoir-faire et d’éclat. Com- me peuvent sans doute en témoigner les clients qui ont eu la chance d’apprécier ses talents culinaires à la Paren- thèse, le restaurant qu’elle a ouvert en décembre der- nier rue Vannolles, en lieu et place de la sandwicherie Peau de Vache. Pourquoi là et pas ailleurs ? “Quand je suis venue manger ici la pre- mière fois, j’ai d’emblée été séduite par l’ambiance et le concept. C’est la taille idéa- le pour se lancer, se faire la main” , explique la jeune res- tauratrice qui s’était alors renseignée sur une possible reprise. Originaire de Montfaucon, elle s’oriente dans le métier après le Bac en suivant un B.T.S. hôtellerie-restaura- tion à Poligny. Diplôme en
poche, sans se poser de ques- tions, elle va travailler en Suisse dans de prestigieux établissements comme l’hô- tel Beau-Rivage à Lausan- ne classé parmi les plus beaux palaces européens. “Au bout d’un an, je suis reve- nue à Besançon où j’ai trou- vé un emploi chez un trai- teur. C’est instructif mais comme j’avais encore envie de progresser en cuisine, je suis retournée me perfec- tionner pendant cinq ans en Suisse” , poursuit celle qui envisageait déjà de se mettre à son compte. Précision uti- le, c’est d’abord l’intérêt du métier qui l’a motivé. Car côté salaire, on est loin d’at- teindre des sommets en tra- vaillant dans la restaura- tion en Suisse, y compris dans les plus prestigieux éta- blissements. Ce n’est sans doute pas par hasard si ce secteur d’activité peine tou- jours à trouver du person- nel. “Pour acquérir du savoir- faire, c’est le top. Là-bas, j’ai
Maud Brand, ici avec Manu le serveur, ouvre un restaurant conforme à ses envies de cuisine à la française pimentée d’idées suisses et exotiques.
le qui peut aussi compter sur Manu le serveur qu’el- le a recruté pour l’accom- pagner dans son projet. De son passé en Suisse, il lui reste bien des recettes accommodées à la sauce fran- çaise ou au gré des idées et des goûts découverts au fil de différents voyages à l’étranger. “Je propose tou- jours un menu du jour et dif- férentes suggestions. Le soir, c’est plutôt la formule tapas assortie de produits locaux.” n
tout appris sur le terrain. J’ai beaucoup apprécié la mentalité très ouverte qui règne dans cette profession. Quand j’ai ouvert la Paren- thèse, j’ai été soutenue et bien conseillée par mes anciens collègues.” La page suisse semble donc bien tournée dans la carrière de Maud Brand qui a dû retrouver de nouveaux repères. “Il a fallu tout réap- prendre avec les clients, les fournisseurs” , poursuit cel-
En se mettant à son compte, Laurent Bernard a finalement concrétisé toute l’expérience acquise quand il était salarié.
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