La Presse Pontissalienne 210 - Avril 2017

LA PAGE DU FRONTALIER

La Presse Pontissalienne n°210 - Avril 2017

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JOUGNE

Polémique 9 éoliennes suisses devant le nez, contestation en vue

Implantées au-dessus du Suchet en Suisse, elles mesureront 210 mètres de haut… et ne rapporteront ni courant ni argent en France. Les Français peuvent faire part de leurs remarques dans l’enquête publique jusqu’au 12 avril. Elle sera consultable dans 10 villages du Mont d’Or à partir de mai.

que nous avons décidé d’informer notre population” témoigne Isabelle Andrez, adjointe municipale à Jougne. La D.R.E.A.L. indique de son côté que la Suisse a respecté et appliqué la convention “Espoo” sur l’information transfrontalière en matière d’envi- ronnement. “Informés, nous avons déci- dé de mener une enquête publique dans les communes françaises. Nous avons notamment demandé aux Suisses de s’assurer que l’étude d’impact traitait bien également le côté français pour avoir des précisions” ajoute le service. Une réunion publique a été organisée vendredi 29 mars par la mairie de Jougne en compagnie d’une associa- tion anti-éoliennes. “Il faut faire vite car nous avons jusqu’au 12 avril pour que les habitants puissent envoyer en lettre d’opposition avec accusé de récep- tion aux communes suisses de Bal- laigues, Lignerolle, L’Abergement. Nous fournissons la lettre-type. C’est un pro- jet destructeur de nos paysages ! Êtes- vous déjà allé assister à un lever de soleil au sommet du Suchet avec la vue sur les Alpes ? Tout cela ne sera plus possible si elles sont créées car elles vont culminer à 1 600 mètres d’altitu- de (la hauteur du Suchet plus les 210 mètres). Ce sera un mauvais coup pour notre tourisme” enrage Rémi Gindre, des Grangettes, membre de l’associa- tion pour la sauvegarde et le patri- moine des Grangettes. Il veut mobili- ser car “les Français ont le droit de s’opposer.” Une des neuf éoliennes sera notam- ment installée à proximité du téléski

Une des neuf éoliennes proche du chalet d’alpa- ge des Cernys, non loin de la frontière (photo S.O.S. Jura-Vaud sud).

L es Français vont finir par croi- re, à juste titre, que les Suisses ont la fâcheuse manie à implan- ter leurs parcs éoliens à la fron- tière de la crête jurassienne, sans concertation.Après le projet d’éoliennes aux Montagnes de Buttes, celui de Val- lorbe et maintenant au Suchet, ce sont à long terme 150 aérogénérateurs qui tourneront sur la crête franco-suisse de l’Arc jurassien. Ce qui agace à l’heu- re où on nous survend la coopération transfrontalière. “Si ces crêtes sont choisies, c’est pour une raison de vites- se de vent” répond Raphaël Darbellay, syndic de Ballaigues (canton de Vaud). Sa commune est la principale concer- née par le projet. C’est même elle qui l’a instillé, dès 2008, avec le projet Suchet-Bel Coster, un “vieux” projet qui revient sur la table en 2017. Ce projet inquiète Jougne. 9 éoliennes géantes (210 mètres) seront implan- tées, sauf contretemps, à l’horizon 2021- 2022 sur la crête sommitale du Jura qui domine le plateau suisse, sur une longueur de 4 kilomètres, du pied du Suchet à l’Est (chalet de la Poyette), jusqu’à Ballaigues à l’Ouest (chalet des Cernys). Elles feront face à la Fran- ce. Ce projet fait suite à notre un autre parc porté par Vallorbe et qui sera

visible depuis le Mont d’Or. Ce dernier est actuellement contesté par un recours judiciaire en Suisse. Les pâles de “Bel Coster” n’échappe- ront pas aux yeux des habitants de Jougne, Entre-les-Fourgs, Les Fourgs, Les Hôpitaux-Neufs, Les Hôpitaux- Vieux, Métabief mais aussi de Saint- Antoine, le haut de Labergement-Sain- te-Marie, Rochejean et Fourcatier-Maison-Neuve. C’est à ce titre que les représentants des com- munes mentionnées ont été reçus l’an dernier par la sous-préfecture de Pon- tarlier en compagnie des autorités suisses pour évoquer le projet soumis jusqu’au 12 avril à l’enquête publique dans les trois communes de Ballaigues, Lignerolle et L’Abergement. La même enquête publique - moment où les habitants peuvent faire part de leurs doléances - s’étalera du 2 mai au 6 juin dans les 10 communes françaises citées indique la D.R.E.A.L. de Bour- gogne-Franche-Comté. “Nous avons bien eu un rendez-vous le 5 octobre der- nier en sous-préfecture de Pontarlier mais nous n’avons reçu le compte ren- du qu’en décembre. Ensuite, plus rien, jusqu’à ce 22mars où nous avons appris qu’une enquête publique était en cours en Suisse. C’est donc dans l’urgence

Darbellay. Les éoliennes rapporteront à sa commune mais aussi à Lignerol- le et L’Abergement et au canton au titre de la location du terrain. “L’ar- gent n’est pas notre argument pour une commune comme la nôtre dotée d’un budget de 10 millions de francs” pour- suit l’élu vaudois. Aucune compensation financière n’est à ce jour prévue par les porteurs du projet suisse aux communes françaises. Seules des mesures compensatoires au titre de l’environnement peuvent être inscrites. L’environnement, le cadre de vie, voilà ce qui inquiète ici : “Nous avons nos sources d’eau potable là. Qu’en sera-t- il 6 000 tonnes de ciment qui serviront à tenir les mâts ?” interroge un Jou- gniard. La petite cité comtoise de caractère, avec ses voisines, veut montrer qu’el- le a du répondant. n E.Ch.

d’Entre-les-Fourgs. “J’aurais pu choi- sir l’argent. J’ai choisi les paysages” répond François Leresche, Suisse qui a refusé il y a plusieurs années à un promoteur de louer son terrain fami- lial situé en Suisse à deux pas d’Entre- les-Fourgs pour y implanter des éoliennes. Il fait partie de l’association S.O.S. Jura-Vaud sud. Comble de l’his- toire, les moulins à vent seront posés à quelques mètres de chez lui. Il ne touchera pas un centime. S’il confir- me qu’il faut sortir du nucléaire, il demande de ne pas se tromper de moyen : “Nous avons une invasion d’éo- liennes en Suisse. L’éolien est un cou- rant aléatoire. Moi, je pense intérêt et utilité. Peut-être en Suisse avons-nous à favoriser l’hydroélectrique” dit-il. Le syndic de Ballaigues appuie sur “l’au- tonomie énergétique. Si on ne fait cet- te transition énergétique, on achète l’électricité qui provient du nucléaire. C’est déplacer le problème” dit Raphaël

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