La Presse Pontissalienne 210 - Avril 2017

LE DOSSIER

La Presse Pontissalienne n° 210 - Avril 2017

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LA GUERRE DU FONCIER DANS LE HAUT-DOUBS

Rançon de la croissance économique et démographique, le foncier devient une ressource très convoitée dans le Haut-Doubs. Avec des prix d’achat du terrain constructible à peu de 100 euros, difficile pour un propriétaire de pas céder à la pression immobilière quitte à pénaliser ceux qui exploitent ses terres et qui voient leur parcellaire grignoter de toutes parts. Enquête sur l’or vert du Haut-Doubs.

Le G.A.E.C. Maugain sous pression foncière l Doubs 25 hectares perdus en 20 ans Les marges de développement agricole se réduisent comme peau de chagrin sur l’exploitation de Christophe et Samuel Maugain qui louent des terres sur Pontarlier et Doubs. Inquiétudes.

hectares, en fermage. On fonctionnait alors sur un système très extensif.” En 2003, le fils et son père investissent dans un nouveau bâtiment construit à la sortie de Doubs en direction d’Arçon. Mises aux normes, fumière couverte, plan d’épandage, prêts : tout est cali- bré sur l’exploitation du domaine de 125 hectares. Au départ en retraite du père en 2009, ChristopheMaugain alors commercial dans l’agro-alimentaire rejoint son frère. “On s’interrogeait déjà sur l’avenir de l’exploitation car on com- mençait déjà à subir les effets de l’ur- banisation sur les terres de laTuilerie” , explique Christophe qui se lance quand même dans l’aventure. Les deux frères soignent un troupeau de 50 vaches lai- tières pour une production de 300 000 litres de lait livrée à la fruitière de Doubs. Aux portes de Pontarlier, la commune de Doubs a déjà entamé depuis long- temps sa mutation urbaine. En 2002 dans la perspective d’une révision du P.L.U., élus, exploitants agricoles, tout le monde se retrouve autour de la table pour exprimer ses attentes. “On est tom- bé d’accord pour préserver la butte du Champ du Clos où se construit aujour- d’hui un nouveau quartier sur 4 hec- tares d’espace communal” , se souvient Samuel Maugain. Sur Doubs, le parcellaire du G.A.E.C. Maugain se répartit en deux pôles avec les pâtures côtéArçon et les champs de fauche vers l’E.H.P.A.D. “C’est très com- pliqué d’échanger du terrain avec les trois autres agriculteurs souvent pro- priétaires de leurs terres.” Le fermage ne protège pas vraiment le G.A.E.C. Maugain qui voit son parcellaire se

réduire au profit de l’urbanisation. “En 20 ans, on a perdu 25 hectares. On est contraint d’intensifier. Jusqu’à présent, on n’a pas perdu de productionmais on sait que le C.I.G.C. ne souhaite plus continuer dans cette logique et demain les litrages perdus par la perte d’hec- tares ne sera plus transférable. Consé- quence, on peut difficilement se proje- ter sereinement sur l’avenir.Sans compter aussi toutes les nuisances comporte- mentales avec l’ouverture des barrières, les déchets multiples, l’occupation de certains champs par les gens du voya- ge…” Les deux frèresMaugain n’ont pas vrai- ment lemoral. Le changement demuni- cipalité n’a pas inversé le processus de grignotage. Ce qui fait dire à Samuel Maugain : “On déplore un manque de concertation.” Régis Marceau, le maire rappelle que le P.L.U. en vigueur actuel- lement a été validé en 2008 juste avant qu’il n’arrive aux commandes de la com- mune. “Il n’y a rien à cacher. Tous les documents d’urbanisme sont consul- tables en mairie. On a entrepris des modifications car tous les terrains constructibles étaient sur du privé. On souhaitait avoir la main pour proposer des prix plus modérés. Cela s’est traduit par la viabilisation des 4 hectares de terrains communaux auChamp duClos où 90 unités de vie sont en cours de construction dont 65 à des prix de 15 à 20 % inférieurs au marché. Rappelons qu’il s’agit de 4 hectares sur 98 hectares de communaux.Tout lemonde était d’ac- cord sur l’intérêt de créer de l’habitat à prix plus accessible. Cet objectif était aussi partagé par le monde agricole.” Il indique aussi que les autres projets

T out le monde s’accorde à van- ter la réussite et le goût du comté. Pas sûr que cette soli- darité reste d’actualité quand se présente l’opportunité de vendre une parcelle agricole au prix du ter- rain à bâtir. Cette situation, Christophe et Samuel Maugain la subissent depuis bientôt 20 ans. Tout est parti d’un bon sentiment agri- cole quand Samuel Maugain de retour du service militaire choisit de s’asso- cier avec son père Roger, double actif

sur la petite ferme familiale de la Tui- lerie, située à la sortie de Pontarlier en direction desAlliés. La viabilité du pro- jet impose de trouver une seconde exploi- tation. Voilà comment Samuel Mau- gain reprend en 1998 en hors cadre familial une ferme sur Doubs vendue par le biais de la S.A.F.E.R. “À l’époque, tout le monde : élus, S.A.F.E.R., O.P.A. nous ont encouragés en nous garantis- sant une certaine sécurité foncière agri- cole, explique Samuel qui exploite l’es- sentiel de son parcellaire, soit 125

conduits sous sa mandature autour du terrain de foot, vers la nouvelle maison de santé et bientôt vers l’ancienne fer- me Pochard procèdent du comblement de dents creuses ou de densification urbaine sans obérer le potentiel agri- cole. “On a préempté la ferme Pochard pour éviter un gros programme immo- bilier à 40 logements qui sera rempla- cé par une opération à cinq parcelles avec la création d’un parking dédié aux véhicules de chantier qui stationnent actuellement vers les écoles.” Aux portes de Pontarlier, Doubs reste une commune péri-urbaine très attrac- tive dont la population n’a cessé de pro- gresser. “On était 2 450 en 2008 et on devrait passer la barre des 3 000 habi- tants cette année avec l’objectif d’arri- ver à 3 500 habitants d’ici 2025.Aujour- d’hui, on va s’engager dans le P.L.U.I. qui sera opérationnel en 2020. Il pren- dra bien sûr en compte les attentes du monde agricole” note le maire. n “Doubs devrait passer la barre des 3 000 habitants cette année”, confie le maire Régis Marceau.

Christophe et Samuel Maugain subissent aujourd’hui les contraintes de l’agriculture péri-urbaine sans avoir le contrôle du foncier.

F.C.

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