La Presse Pontissalienne 208 - Février 2017

LE DOSSIER

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RECHERCHE MÉDECINS DÉSESPÉRÉMENT La Presse Pontissalienne n° 208 - Février 2017

Le Haut-Doubs peine encore à renouveler sa démographie de médecins généralistes. Aux causes nationales (détournement vers d’autres spécialités, préférence vers des emplois salariés), s’ajoute ici le phénomène de la Suisse. Fatigués des contraintes administratives qui pèsent sur l’exercice de leur profession, des praticiens français n’hésitent plus à aller exercer de l’autre côté de la frontière. Pas forcément pour gagner plus mais davantage pour travailler mieux. Partout sur le Haut-Doubs, élus ou investisseurs privés se mobilisent également dans la création de maisons médicales ou de santé censées offrir des conditions d’installation plus en phase avec les attentes des médecins d’aujourd’hui. Diagnostic complet.

l Situation La démographie médicale Dans un département du Doubs bien loti, le Haut-Doubs est à la peine Si notre département ne souffre pas par rapport à la moyenne nationale d’une pénurie de médecins généralistes, certaines zones sont jugées fragiles par l’agence régionale de santé (A.R.S.). C’est le cas notamment de Levier, Valdahon et du secteur pontissalien jugé “préoccupant.”

I l n’y a pas de pénurie de méde- cins dans le Doubs. C’est en tout cas la conclusion que l’on peut tirer de l’analyse des chiffres tenus à jour par l’A.R.S. Et même, le Doubs serait le mieux doté des huit départements qui composent la région Bourgogne-Franche-Comté. Notre département compte en effet 626méde- cins généralistes libéraux (ou en exer- cice mixte), soit une moyenne de 117 médecins pour 100 000 habitants.Alors que la moyenne des huit départements de la région est de 98 médecins pour 100 000 habitants (et 105 pour 100 000 pour la moyenne nationale). Notre département est donc, a priori , bien doté. “Ce qui n’empêche pas d’avoir identifié quelques inquiétudes sur cer- tains territoires pour lesquels nous avons mis en place des aides spéci- fiques destinées à attirer de jeunes médecins” note Jérôme Narcy, délégué départemental de l’A.R.S. dans le Doubs. Parmi les mesures proposées dans le cadre de la mesure P.T.M.G. (praticien territorial de médecine générale) : la

garantie au jeune médecin d’un reve- nu pendant un an de 3 400 euros nets par mois, “à la condition qu’il réalise au moins 166 actes par mois” note l’A.R.S. qui décline d’autres disposi- tifs d’aide comme le paiement aux étu- diants d’une bourse d’études à la condi- tion qu’il s’engage à s’installer dans une zone sous-dotée.Trois jeunes méde-

Narcy (voir notre article en page 22). La création de maisons de santé est une des réponses à la problématique de médecins qui ne veulent plus se retrouver seuls dans une zone, cor- véables à merci comme ont pu l’être les générations antérieures qui enchaî- naient des semaines de 80 heures de travail. “C’est très simple : à la maniè- re des cadres, les jeunes médecins sou- haitent désormais travailler à proxi- mité des plateaux techniques, avoir vers chez eux une offre culturelle inté- ressante et la possibilité d’un emploi pour leur conjoint. C’est souvent en vil- le que l’on réunit tous ces critères.” Le travail en maison médicale permet au moins aux jeunes médecins de “pou- voir travailler en équipe, se reposer sur leurs autres collègues en cas de besoin et également sur les paramédicaux pré- sents dans ces maisons de santé” pour- suit Jérôme Narcy qui confirme qu’en matière de nouvelles maisons de san- té, “on est en attente de bonnes nou- velles, notamment du côté de L’Isle-sur- le-Doubs, Valdahon ou encore

Malgré les dispositifs d’aides, il est souvent difficile d’attirer les jeunes praticiens en zone rurale.

Pontarlier.” D’autres projets sont en cours de confirmation, notamment à Orchamps-Vennes, dès 2017. Sur le territoire départemental, 14 maisons de santé fonctionnent déjà. La première a été celle de Besançon- Saint-Claude. D’autres ont suivi, à Amancey, à Baume-les-Dames, à Beu- re, à Montenois, Nods, Pont-de-Roide, Rougemont, Rigney. Plusieurs ont été créées également dans le Haut-Doubs : à Gilley, Levier, Maîche, Morteau et Mouthe. “Une installation sur quatre de jeunes médecins se fait désormais en maison de santé, alors que les mai- sons de santé ne couvrent pour l’ins- tant que 10 à 11 % de la population départementale” ajoute Jérôme Nar- cy. Le déblocage du numerus clausus à la fac de médecine - 248 internes sont sortis en novembre dernier, contre 180

en 2012 - ne suffira pas à combler ces déficits de praticiens dans les zones les moins attractives. “L’enjeu est bien de les garder sur le territoire” confir- me l’A.R.S. La présence d’un C.H.R.U. sur le département reste d’ailleurs une chance, sans quoi l’hémorragie serait encore plus importante. Si la situation de la médecine géné- rale est tendue, que dire des spécia- listes : la plupart des spécialités sont en souffrance dans notre département. Il y a par exemple 0,9 cardiologue dans le Doubs pour 10 000 habitants, contre 1,7 en moyenne nationale. C’est éga- lement préoccupant en gynécologie- obstétrique avec 0,65 praticien pour 10 000 habitants contre 0,71 en Fran- ce et pire encore en ophtalmologie avec 0,62 spécialiste pour 10 000 habitants contre 0,91 en France. n J.-F.H.

cins ont bénéficié de ce dispositif l’an dernier dans notre département. Le dispositif P.T.M.G. concerne quant à lui “entre 6 et 10 praticiens par an dans le Doubs.” Plusieurs territoires en tension ont été ciblés par l’A.R.S. : Pont-de-Roide, L’Isle-sur-le-Doubs, le Plateau de Maîche, le secteur de Valdahon, d’Ornans, de Levier. “Nous sommes égale- ment préoccupés par la situation pontissalien- ne” confirme Jérôme

“Une installation sur quatre en maison de santé.”

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