La Presse Pontissalienne 204 - Octobre 2016
GENS DU VOYAGE : LE GRAND RAS-LE-BOL La Presse Pontissalienne n° 204 - Octobre 2016 L’ÉVÉNEMENT
Ces dernières semaines encore, le Haut-Doubs a fait le plein de caravanes de gens du voyage. Avec ou sans autorisation, les groupes de toutes tailles sont venus “séjourner” plusieurs semaines ou faire étape quelques jours. Les choses se passent rarement bien, au grand dam des élus souvent exaspérés.
l Prévention Crispation des élus Collectivités-gens du voyage : la guerre des tranchées
Faute d’une procédure d’expulsion suffisamment dissuasive, les collectivités locales et notamment la C.C.G.P. déploient de gros moyens pour se prémunir des installations illicites de gens du voyage sur leur territoire.
en tout genre, bombes de peinture, plastique, vieux vêtements : l’aire de 62 places ressemble davantage à une décharge à ciel ouvert. Sans parler des dégradations dans les sanitaires avec des portes arrachées, parfois reven- dues, ou encore des radiateurs qui fonc- tionnaient plein gaz pour sécher les volets repeints sur place. “Un de nos agents s’est fait agresser début juillet. C’est inadmissible. On peut estimer le montant du préjudice à plus de 30 000 euros de dégâts. En termes de charges d’eau et d’électricité, on récu- père seulement 15 à 20 %. On réfléchit à un autre mode de gestion avec l’op- tion de passer par une société spécia- lisée” poursuit Patrick Genre. Le président de la C.C.G.P. n’avance aucune date de réouverture. Rien n’est décidé pour l’instant. S’il admet que la plupart des dégradations sont le fait de quelques familles ingérables, il esti- me que le malaise est beaucoup plus large. “J’en ai assez de cette bienséan- ce. Aujourd’hui, je dis qu’il y a seule- ment entre 20 % et 30 % de gens cor- rects et entre 70 % et 80 % de personnes avec qui on a de plus en plus de pro- blèmes.” Pour ceux qui l’auraient oublié, il rappelle que la C.C.G.P. a été la pre- mière collectivité du Doubs à répondre aux exigences du schéma départe- mental d’accueil des gens du voyage avec l’aménagement du terrain fami- lial pour les sédentarisés, de l’aire d’ac- cueil permanente et de l’aire de grands passages. Est-ce le réchauffement cli- matique ? L’opulence de la bande fron-
L’ exaspération à fleur de peau. C’est le sentiment que lais- se percevoir Patrick Genre dès qu’on aborde le sujet. “Ce que l’on a vécu cette année, je ne sais plus quel terme utiliser mais cela devient de plus en plus intolérable. On applique la loi Besson au pied de la lettre et la moindre des choses, c’est que la loi soit respectée par les gens du voyage” , explique le maire de Pontar- lier qui semble aussi excédé que désem-
paré. Face à l’accumulation des dégrada- tions constatées sur l’aire d’accueil permanente, la Communauté de com- munes du Grand Pontarlier (C.C.G.P.) qui a compétence en matière de gens du voyage a purement décidé de tout fermer jusqu’à nouvel ordre. Un vrai décor de désolation.À croire que le ter- me poubelle n’existe pas dans le dic- tionnaire des gens du voyage. On trou- ve de tout : vélo, palette, seaux, bidons
“On reçoit tous les jours des mails d’insultes, de critiques nous reprochant de ne rien faire”, explique désabusé Patrick Genre.
mission départementale qui pilote le schéma d’accueil a émis une recom- mandation de mise à disposition ponc- tuelle d’aires de très grands passages sur Besançon, Montbéliard et Pon- tarlier. Beaucoup s’interrogent aussi sur l’évo- lution du schéma d’accueil après jan- vier 2017 suite à la mise en place des nouvelles intercommunautés. “Rien ne changera, même si les périmètres de certaines intercommunalités vont s’agrandir. Les aires s’imposeront tou- jours aux villes de plus de 5 000 habi- tants et dans les E.P.C.I. qui ont une ville de cette taille” , explique le servi- ce habitat et logement du conseil dépar- temental en charge des gens du voya- ge. En attendant, la C.C.G.P. a décidé de se prémunir en creusant ici des tran- chées autour des terrains les plus convoités ou en posant des blocs de béton à l’entrée des aires. Histoire de renflouer toute vague d’invasion. n F.C.
talière qui offre autant d’opportuni- tés de travaux aux gens du voyage ? La qualité des aires d’accueil ? Tou- jours est-il qu’ils sont de plus en plus nombreux à fréquenter le Haut-Doubs et qu’ils y viennent plus souvent et plus longtemps. Si les forces de l’ordre locales (police, gendarmerie, police municipale) sont en capacité de contrôler des groupes de 15 à 20 caravanes, il en va tout autrement au-delà. “Quand ils arri-
vent à 300 caravanes comme ce fut le cas cet été, on ne peut rien fai- re. On sera toujours dans l’incapacité de faire face à de tels rassemblements. Ou alors que l’État pren- ne ses responsabilités.” Et Patrick Genre de sug- gérer d’utiliser pourquoi pas des terrains natio- naux inutilisés. Pas sûr que cela aboutisse. D’au- tant plus que la com-
“J’en ai assez de cette bienséance.”
La C.C.G.P. en est arrivée à devoir creuser des tranchées pour éviter l’accès aux
gens du voyage.
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