La Presse Pontissalienne 204 - Octobre 2016

FRASNE - LEVIER - AMANCEY

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La Presse Pontissalienne n° 204 - Octobre 2016

REUGNEY Installation Elle n’a pas les deux fers dans le même sabot Sans complexe, avec tous les diplômes requis, Whitney Belin exer- ce à 25 ans la profession de maréchal-ferrant. Une vraie passion.

La jeune maréchale-

H era, une solide jument de selle française croi- sée avec un comtois n’est pas toujours coopérante quand il s’agit de lui changer les fers. Méfiante, la bête qui pèse facilement ses 300 kg pro- fite plutôt de son gabarit en pesant sur celui ou celle qui va s’occuper d’elle. “La dernière fois, on a même dû faire venir le vété- rinaire car elle stressait trop. J’espère qu’aujourd’hui, cela va bien se passer. On renouvelle l’opération toutes les six à huit semaines” , explique Whitney Belin venue lui changer les deux fers des membres antérieurs. Après quelques caresses et paroles rassurantes, la jument bien tenue par sa propriétaire se laisse manipuler sans diffi- culté. Il faut d’abord ôter les anciens fers. Withney qui por- te des chaussures de sécurité pose la patte de l’animal sur un support, décolle le fer avant de l’arracher avec une grosse pin- ce. Déjà un bel effort. Même manipulation pour l’autre pat- te. Avec un autre outil, elle enlè-

ferrante a investi dans l’aménage- ment d’un camion atelier.

ve soigneusement la corne à l’in- térieur, taille puis lime le contour du sabot. Hera se montre plu- tôt docile et sa pédicure ne traî- ne pas. Whitney Belin n’a pas hésité à investir dans l’aménagement

de l’animal avant de passer à la meuleuse pour la finition esthétique et orthopédique. Il ne reste plus qu’à clouer le fer en prenant garde à ne pas bles- ser la jument. Force et préci- sion. Les pointes des clous sont ensuite coupées et ajustées à la forme extérieure du sabot.Whit- ney termine le travail par quelques coups de lime pour que rien ne dépasse. Un travail d’or- fèvre. “T’as vu ces belles chaus- sures !” , lui glisse la marécha- le-ferrante qui n’oublie pas une petite friandise. Originaire des Hautes-Alpes, cette passionnée de chevaux a d’abord suivi une formation en élevage équin avant de s’orien- ter vers la maréchalerie. Elle

complète ensuite son C.A.P. en préparant en Suisse un certifi- cat fédéral de capacité ou C.F.C. toujours dans la même spécia- lité. Venue s’établir à Reugney ou vit son compagnon originai- re du coin, elle a décidé de se lancer dans le métier. “J’ai fait une étude de marché. Il y a du potentiel” , poursuit celle qui, pour l’instant, continue à exer- cer en matinée un autre emploi dans la messagerie histoire de conforter son assise financière. Comme la plupart des maré- chaux-ferrants dans le Doubs, elle fait aussi du parage bovin. Plus qu’un complément car cela représente aujourd’hui 60 % de son activité. n F.C.

d’une fourgonnette équipée de tout le matériel nécessai- re : forge, meuleu- se, enclume, outils, fers de toutes formes. Les nou- veaux fers sont d’abord chauffés à blanc dans le four à gaz. Mis en forme sur l’enclume, ils sont refroidis et posés sous le sabot

“T’as vu ces belles chaus- sures !”

Whitney Belin s’est installée à son compte en mai dernier.

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