La Presse Pontissalienne 202 - Août 2016

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Pontissalienne n° 202 - Août 2016

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TOURISME

Le nouveau Comité régional du tourisme Bourgogne-Franche-Comté “Un collectif puissant avec de belles individualités”

Loïc Niepceron, le président du Comité régional du tourisme (C.R.T.) nouvellement fusionné entre Bourgogne et Franche-Comté utilise la métaphore footballistique pour comparer les potentialités touristiques de la nouvelle grande région. Interview.

L a Presse Pontissalienne : Avant d’en- trer dans le vif du sujet, merci de lever un petit doute. Un nouveau magazine financé par le C.R.T. Bourgogne- Franche-Comté et intitulé “Designed by Bour- gogne” vient de sortir, entièrement dédié aux richesses touristiques de l’ex-Bourgogne. On croyait bêtement que la fusion des régions était une réalité ? Loïc Niepceron : C’est juste une mauvaise coïncidence de dates. Ce magazine était prévu depuis longtemps au sein du C.R.T. Bourgogne, avant la fusion. Il a été imprimé et est sorti en effet après que la fusion des C.R.T. soit effective. On ne pouvait pas mettre ces exem- plaires au pilon et ne pas les diffuser. Le numéro 1 de ce magazine en appel- lera d’autres, mais qui seront bien évi- demment “fusionnels” entre les deux ex-régions qui n’en forment plus qu’une. L.P.P. : Les deux C.R.T. Bourgogne et Franche- Comté ont été les premiers de France à fusion- ner. Que doit apporter concrètement cette fusion ? L.N. : D’abord et ce n’est pas rien, déjà une économie de fonctionnement de 200 000 euros par rapport à la situa- tion précédente, et ce, dès cette année. Nous n’avons par exemple plus qu’une directrice en la personne de Sophie Ollier-Daumas. Mon rôle est de faire fonctionner les deux équipes, des sites de Besançon et de Dijon, de façon concer- tée pour en dégager le meilleur. Avec cette nouvelle organisation, premiè- rement on évalue ce qui a été fait dans

votre stratégie alors qu’il était déjà compli- qué de mettre de la cohésion entre les quatre départements francs-comtois ? L.N. : Dans nos orientations straté- giques, nous avons ciblé trois desti- nations identitaires, comme trois emblèmes qui existent pour l’instant : la marque “Bourgogne” qui parle aus- si bien en France qu’à l’étranger, le label “Montagnes du Jura” que le C.R.T. Franche-Comté avait développé et la destination “Vosges du Sud”. L.P.P. : Comment articuler ensuite la straté- gie touristique de la région ? L.N. : Aujourd’hui, que ce soit le visi- teur français ou étranger, tout le mon- de a le numérique dans sa poche pour savoir où il va manger, où il va dormir et ce qu’il va faire. C’est le client qui fait déjà et qui fera de plus en plus l’offre en disant qu’il a testé tel héber- gement ou tel restaurant et que ça lui a plu. Dans ces nouveaux modes de fonctionnement, le C.R.T. a justement un rôle d’organisation et de fédération autour des projets, en créant des thé- matiques. Exemple : en Bourgogne, il y a les canaux, en Franche-Comté, on a la Saône et le Doubs. Cette théma- tique fluviale est un relais de déve- loppement à conforter. Le tourisme aujourd’hui est multi-facettes. La ran- donnée peut se décliner aussi avec des points forts sur ce territoire, comme les Mille Étangs, le Haut-Doubs, les véloroutes…Les gens recherchent des formules simples, mais avec du confort, de la déco, des horaires souples. Dans une société hyper stressée et pressée, qui marche aux mails, aux S.M.S. et à Twitter, on veut promouvoir au C.R.T. Bourgogne-Franche-Comté des acti- vités pratiques de repos découverte, paisibles, et pour cela, cette région a tous les atouts : patrimoniaux, œno- logiques, culturels, art de vivre… La durée de séjour moyenne pour un visi- teur est ici de 4,2 jours, contre 5,1 jours en moyenne sur l’ensemble des régions françaises. Notre objectif est d’atteindre les 5 jours. Il faut désormais trans- former l’essai. L.P.P. : Notre région attire les étrangers ? L.N. : Notre région arrive au 6ème rang des régions françaises accueillant les touristes néerlandais par exemple, au 9ème rang pour lesAllemands. La clien- tèle britannique, et désormais chinoi-

Loïc Niepceron, président du nouveau Comité régional du tourisme, est aussi conseiller régional de Bourgogne-Franche-Comté, élu de Haute-Saône.

les deux régions, deuxièmement on prend le meilleur pour l’étendre sur l’ensemble de ce nou- veau territoire et troi- sièmement on regar- de comment démultiplier toutes ces actions à l’échel- le d’une région qui pèse aujourd’hui 4,1 milliards d’euros de consommation tou- ristique par an, soit 5,7 % du P.I.B. régio- nal et 4,2 % de l’em- ploi total. L.P.P. : Pour rendre cohé- rent cet ensemble de huit départements, quelle est

se monte de plus en plus. Nous avons reçu 341 600 touristes chinois l’an der- nier. Je suis bien conscient qu’ils vien- nent avant tout dans le vignoble bour- guignon, mais il pourra désormais tout aussi bien venir jusqu’à Arbois. Tout cela est complémentaire. Tout comme nous savons que les touristes chinois qui veulent s’initier au ski cherchent des stations où les pentes sont plus douces. Pour un ski plus tranquille, les montagnes jurassiennes peuvent tout à fait convenir. Le rôle du C.R.T. dans tout cela est de travailler en lien avec Atout France, le service du ministère des Affaires étrangères chargé de la promotion touristique en dehors de nos frontières. L.P.P. : Comment la région Bourgogne-Franche- Comté, même unifiée, peut-elle rivaliser avec les voisins mastodontes que sont l’Ile-de- France, l’Alsace ou Auvergne-Rhône-Alpes ? L.N. : On n’a surtout pas à avoir de com- plexes par rapport à ces régions-là. Les points forts, nous les avons aus- si ! Des sites Unesco comme Besançon ou Vézelay sont des diamants et tout cela doit désormais fonctionner ensemble. La Bourgogne-Franche-Com- té compte 430 lieux de visite. Notre job est maintenant d’avoir un rôle transversal. Il faut jouer avec les cartes qu’on a dans les mains. L.P.P. : Reconnaissez-vous que notre région manque cruellement de cette culture du tou- risme qui fait les vraies régions d’accueil ? L.N. : Les choses se mettent en place et vont mieux qu’avant. Quand on met les gens autour de lamême table,même des gens apparemment concurrents, ils commencent à comprendre que

Zoom Les chiffres-clés du tourisme en Bourgogne-Franche-Comté

“La Bourgogne- Franche-Comté compte 430 lieux de visite.”

l 3,7 % des nuitées des Français en France l 35,7 millions de nuitées françaises l 3,9 % des nuitées étrangères en France l 4,13 milliards d’euros de consommation touristique l 100 emplois liés aux activités touristiques l 4,1 % de l’emploi total en Bourgogne-Franche-Comté l 939 hôtels, 313 campings, 3 068 meublés labellisés, 1 158 chambres d’hôtes labellisées

mation des acteurs touristiques est à renforcer encore plus. C’est d’ailleurs une mission de la Région. Quand on est acteur du tourisme, on ne peut pas gagner seul. Notre région a un collec- tif puissant et de belles individualités qui peuvent ainsi se mettre en valeur. Un collectif puissant avec de belles individualités, ça vaut pour toutes les équipes qui gagnent. Notre rôle est bien là. C’est en s’appuyant sur les ter- ritoires qu’on peut gagner ensemble. L.P.P. : Et le Haut-Doubs dans tout cela ? L.N. : Le Haut-Doubs a une difficulté, que l’on connaît et qui est liée à la bon- ne santé du travail frontalier, c’est que beaucoup de structures touristiques ont été transformées en appartements, parce que le choix est parfois plus faci- le. Je pense que pour le Haut-Doubs, nous devons travailler plus encore avec les acteurs locaux pour redonner de l’impulsion à l’accueil hôtelier dans son ensemble. n Propos recueillis par J.-F.H.

toutes les activités et les destinations sont complémentaires et qu’il vaut mieux mul- tiplier l’offre sur un même espace. Je ne dis pas qu’il faut faire une galerie marchande du tourisme, mais il faut offrir aux gens l’occa- sion de démultiplier les possibilités. Le nouveau schéma touristique régional qui sortira en fin d’année reprendra ces idées. Le touriste se moque de qui l’accueille, si c’est une région, un

Zoom Les lieux de visites les plus fréquentés sont en Bourgogne Basilique Sainte-Marie-Madeleine Vézelay 856 435 visiteurs Hospices Beaune 439 512 visiteurs Basilique du Sacré-Cœur Paray-le-Monial 425 000 visiteurs Chantier médiéval de Guédelon Treigny 304 189 visiteurs Citadelle Besançon 286 412 visiteurs Touroparc Romanèche-Thorins 213 379 visiteurs Abbaye Saint-Philibert Tournus 200 000 visiteurs Grand site de Solutré Pouilly-Vergisson 200 000 visiteurs Parc des Combes Le Creusot 194 000 visiteurs Musée des Beaux-arts Dijon 163 381 visiteurs Dino-Zoo et Gouffre de Poudrey Charbonnières-les-Sapins 160 183 visiteurs Espace Sainte-Bernadette Nevers 144 021 visiteurs

“La formation des acteurs touristiques est à renforcer.”

département ou une ville. Pour lui fai- re envie, personne ne doit tirer la cou- verture à soi. J’ai l’impression que les acteurs du tourisme savent qu’ils doi- vent bouger et travailler ensemble. Plutôt que de dire juste “Je suis com- plet”, dire “Allez voir à telle adresse, c’est très bien aussi.” À ce titre, la for-

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