La Presse Pontissalienne 202 - Août 2016

LE PORTRAIT

35 La Presse Pontissalienne n° 202 - Août 2016

CHAPELLE-D’HUIN

Aux cendres végétales

Philippe Pichet, le potier du Souillot Après une longue carrière d’éducateur social exercée en différents lieux, Philippe Pichet s’épanouit désormais dans le travail du grès. Scène de tournage.

S ans savoir encore si le contenu vaut le contenant, l’atelier de Philippe Pichet qui jouxte sa maison d’ha- bitation au hameau du ouillot, fleure bon l’artisanat d’art. Le savoir-faire du potier s’expose sur les étagères chargées en plats, bols, vases, pichets et surtout des théières. Une spécialité maison. Le four sans quoi rien ne serait possible trône au milieu de la pièce, juste en face du fauteuil où le potier vient s’installer à l’heure de la cuis- son. “La séance dure près d’une dizaine d’heures et demande une surveillance de tous les instants” , indique Philippe Pichet qui, entre deux contrôles, dévore tout ce qu’il trouve comme journaux,magazines.

on devine qu’il n’a pas passé toute son existence à donner forme à des objets en terre cuite. Quoique… “C’est le premier métier que j’ai exercé” , rappelle celui qui s’est formé à l’âge de 20 ans avant de tenir son propre atelier pendant deux ans. L’aventure se terminera assez vite sur fond de jeunesse insouciante. Pour cet enfant de la Meuse sonne alors l’heure de la reconversion. Diplôme d’éducateur spécialisé en poche, il opte alors pour la mobi- lité et n’hésite pas à changer régu- lièrement de postes. “J’ai beaucoup voyagé dans le quart Nord-Est. C’est aussi une façon de ne pas tomber dans la routine et d’aller chercher des boulots intéressants” estime-t- il. Son parcours professionnel se ter- minera dans le Haut-Doubs où il s’occupera de l’accueil de nuit à Pontarlier de 2000 à 2014. L’occa- sion de côtoyer au jour le jour la précarité et les S.D.F. pontissaliens. Avec des joies et des peines. De belles rencontres humaines, des échanges riches, des coups de gueule aussi. Et souvent des histoires de vies qui se terminent prématuré- ment dans la solitude et la mala- die. L’éducateur aura ainsi l’occa- sion d’accompagner jusqu’à la fin une quinzaine de S.D.F. “C’est assez éprouvant.” Pas facile de baigner en permanence dans cette ambiance. Arrivé à saturation, Philippe Pichet finit par botter en touche. “J’ai négocié mon départ”, poursuit celui qui envisageait déjà un retour aux amours de jeunesse, histoire de glisser en douceur vers une retraite utile et agréable. Retour à la for- mation et plus précisément dans l’atelier de Benoît Dangon situé à la sortie de Salins-les-Bains. “Chez

Bio express

Originaire de la Meuse

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60 ans

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Éducateur spécialisé en retraite 4 enfants

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Installé comme potier

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auto-entrepreneur depuis deux ans

Ce qui n’est pas pour lui déplaire. “Je m’intéresse un peu à tout : lecture, musique, art…” L’arrière-boutique si l’on peut dire abrite l’atelier de tournage avec plu- sieurs postes de tra- vail et tous les pro- duits utilisés dans la confection des émaux. “Tous conçus à base de cendres végétales” , précise l’artisan qui a choisi de travail- ler seulement le grès. Pour ce faire, il s’approvisionne en terre à grès de Saint-Amand, en Puisaye. Voilà pour le décor. Qu’en est- il du bonhomme ? Avec son look de vieux loup de mer,

La poterie nourrit rarement son homme.

Philippe Pichet est parti en formation chez Benoît Dangon, potier salinois.

mon mentor” , sourit son disciple. Révision théorique, apprentissage d’un savoir-faire qu’il n’avait pas exploité depuis de si longues années. Le potier du Souillot retrouve ses repères. Il se spécialise dans le grès, les théières, les émaux à base de cendre végétale.Toujours intéressé par les échanges, il ouvre volon- tiers les portes de son atelier aux touristes et aux scolaires. “Je suis

potier sera présent au salon Art et Artisanat qui se tient fin juillet à d’Ornans et auxArtisans au Grand Cours programmé du 13 au 15 août à Pontarlier. “Ce sont des rendez- vous importants. J’y vais surtout pour me faire connaître avec l’idée d’attirer les gens au Souillot et non pas dans l’objectif de vendre le plus de pièces possibles à l’extérieur.” n F.C.

présent le matin et je vaque géné- ralement à d’autres occupations dans l’après-midi.” Installé sous le statut d’auto-entre- preneur depuis deux ans, il monte gentiment en puissance tout en reconnaissant qu’il reste encore du chemin à parcourir avant d’at- teindre le seuil de rentabilité. La poterie nourrit rarement son homme. Comme l’an dernier, le

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