La Presse Pontissalienne 202 - Août 2016

FRASNE - LEVIER

La Presse Pontissalienne n° 202 - Août 2016

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XIX ÈME SIÈCLE Haut-Doubs Chemin de croix entre fer et foi Le secteur entre Mouthe, les vallées des lacs et du Drugeon abrite un patrimoine totalement ignoré : une vingtaine de croix de mission en fer forgé qui témoignent d’un savoir-faire aussi rare que mystérieux.

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C e patrimoine original n’aurait sans doute jamais été identifié sans la curiosité de JeanMichel. Originaire de Lons-le-Saunier, cet ancien ingénieur des Ponts et Chaus- sée a suivi quelques cours sur l’archi- tecture du XIX ème siècle durant sa formation. “J’ai acquis une résidence secondaire à Métabief au début des années quatre-vingt” indique-t-il. En se familiarisant avec le Haut-Doubs, il repère assez rapidement ces croix en fer forgé qui témoignent d’un beau travail de ferronnerie à destination religieuse. De quoi l’inciter à entre- prendre en 1984 une campagne d’in- vestigation photographique. “J’en avais inventorié une quinzaine. Elles sont généralement implantées dans les cime- tières, le long des chemins ou près des

carrefours routiers.” Cet inventaire sera ensuite mis en sommeil jusqu’en 2015, année où Jean Michel visite la maison du patrimoi- ne à Remoray-Boujeons. Il y fait la connaissance d’Élisabeth Renaud, spé- cialiste d’histoire médiévale. Cette ren- contre va l’inciter à reprendre le chan- tier mis en suspens en 1984. “J’avais envie d’aller plus loin, d’apporter des commentaires dans l’identification des croix et de profiter de l’évolution des appareils photo pour effectuer de nou- veaux visuels plus détaillés.” La présence de croix de mission dans le Haut-Doubs n’a rien d’un scoop. Elle reflète la force du catholicisme dans une région où l’Église œuvrera beau- coup après la Révolution. En organi- sant notamment des missions adap- tées au monde rural. Une vingtaine de missionnaires diocésains d’École parcourent ainsi les paroisses du Doubs et de la Haute-Saône. Cette démarche aboutit souvent à l’érection d’une croix destinée à entretenir et stimuler la foi des fidèles dans les villages. Le Haut-Doubs se distingue avec la présence de croix en fer forgé construites pour la plupart entre 1830 et 1870. Pourquoi une telle concentration a priori unique en France ? Pour Jean Michel, cela ne fait aucun doute : “Ces croix en fer forgé peuvent s’expliquer par la tradition du travail du fer dans cette région et par l’existence de mine- rai de fer, de martinets et d’artisans ferronniers autour duMont d’Or.” L’uti- lisation du fer offre pas mal d’atouts par rapport à la pierre. Matériau plus léger, il permet aussi d’insérer des décors intérieurs au demeurant très élaborés. D’une croix à l’autre, on retrou- ve des points communs. La base est souvent la même, constituée d’un pié- destal en pierre calcaire, travaillé et qui repose sur un emmarchement de

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La partie basse du fût de la croix de Saint-Antoine accueille trois décors : le serpent de la tentation, le crâne d’Adam en tôle découpée et un cartouche avec la date 1788 stylisée.

Cette imposante croix en fer forgé est située dans le cimetière

autour de l’église des Longevilles-Mont-d’Or.

2 ou 3 marches. La croix ferronnée tri- dimensionnelle est fixée sur ce sup- port minéral. Elle repose sur un fût métallique qui remplace le fût cylin- drique en pierre des anciennes croix. À mi-hauteur du fût se trouve le glo- be de liaison qui porte la croix som-

mitale. La décoration plus ou moins sophistiquée varie d’une croix à l’autre. On y retrouve assez sou- vent les instruments de la passion : tenaille, mar- teau, échelle, fouet, clous, couronne d’épines. “La présence ou pas d’osten- soirs renvoie au miracle de Faverney” , poursuit Jean Michel, conscient

Un patrimoine tombé en désuétude.

qu’il reste encore tout un travail d’ar- chiviste et d’ethnologue à accomplir. Les croix en fer forgé seront ensuite peu à peu remplacées par des croix en fonte commandées sur catalogue. Pour l’heure, il importe surtout de sauve- garder ce patrimoine tombé en désué- tude. Socle dégradé, armature défi- gurée par l’installation de

porte-drapeaux, les croix en fer forgé du Haut-Doubs souffrent d’ignorance quand elles n’ont pas carrément dis- paru. Jean Michel a mis en ligne ses recherches. Le document est dispo- nible à l’adresse suivante : http://michel.jean.free.fr/edit/JM383- Croix-Mission-Fer-2016.pdf n F.C.

La majestueuse croix de Rochejean correspond à l’archétype des croix de mission en fer forgé du XIX ème siècle.

Vente de bois : comme une éclaircie dans la filière LEVIER Inversion de tendance Avec un taux de retrait de 13 %, la dernière vente de bois de Levier laisse espérer une inversion de tendance dont tout le monde se félicite, même si la morosité subsiste chez les scieurs.

produits, les voyants seraient donc plutôt à l’orange même si les scieries ne manquent pas de travail actuellement. “De mai à septembre, on a toujours de l’ac- tivité mais avec des carnets de commandes très courts.” En pri- se directe avec la construction, la filière bois résineux manque clairement de lisibilité. Elle subit l’inertie entre des prévisions à la hausse des permis de construi- re et leurs mises en chantier. “Les indicateurs sont encoura- geants mais il y a de fortes dis- parités d’une région à l’autre. La reprise du marché immobi- lier porterait davantage sur le collectif que sur l’habitat indi- viduel. S’ajoute aussi l’impact des conditions climatiques qui ont retardé les chantiers de réno- vation. Inversement, l’humidi- té a permis d’éviter le bostryche. L’état sanitaire des bois de la forêt est plutôt satisfaisant en regard des craintes qu’on avait cet automne.” Le climat est donc morose dans les scieries du Haut-Doubs qui

P rès de 100 000 m 3 de bois étaient proposés à la ven- te de Levier qui s’est tenue le 21 juin dernier. ourquoi un tel volume ? “C’est une question d’attractivité. On propose un catalogue étoffé pour satisfaire la plupart des ache- teurs qui savent qu’ils vont ain- si amortir le déplacement” , jus- tifie Régis Senger, responsable du pôle bois résineux à l’O.N.F. Cette vente est composée à 95 % de bois communaux et le reste provient de la forêt domaniale. Il y a un tiers d’épicéa pour deux tiers de sapin. La plupart des acheteurs viennent de Franche- Comté. Le catalogue compre- nait 259 lots variant de 100 à 1 000 m 3 . “Le taux de retrait est finalement assez faible. Il avoi- sine 13 %. On peut considérer qu’il s’agit d’un signe positif qui

traduit une demande réelle.” Pour Régis Senger, cette vente de juin correspond peut-être à un retournement de conjonctu- re. “Le marché était moribond depuis 12 mois, évoluant en conjoncture baissière sans que cela s’effondre pour autant.” Au bilan, on recense 46 acheteurs

balement satisfait de ce retour- nement positif pour le vendeur tout en étant conscient que la conjoncture est toujours com- pliquée pour les acheteurs.” Le point de vue partagé par la plupart des communes à l’ins- tar de Guy Magnin-Feysot, le maire de Levier. “On avait assez peu de bois mais il s’est plutôt bien vendu. C’est même au-delà de nos prévisions.” Les scieurs semblent plus circonspects. “On constate qu’il n’y a plus de ten- dance baissière. Sur ce point, tout le monde est d’accord. Mais les scieurs sont entre deux mar- chés : la matière première et les produits. Malheureusement, il y a une déconnexion entre les deux marchés” , déplore Étien- ne Renaud, président du syn- dicat des résineux de Franche- Comté. Sur le marché des

sur le Doubs et le Jura. En volume com- me en valeur, on retrouve toujours en tête la scierie Chau- vin de Mignovillard. Suivie par la scierie Lorin à Frasne et le groupe Monnet-Sève dans l’Ain. Côté prix, la courbe tend à s’in- verser pour compen- ser en partie les baisses de l’automne dernier. “On est glo-

Le bois énergie est en berne.

“Le taux de retrait assez faible est un signe positif qui traduit une demande réelle de bois”, constate Régis Senger.

peinent également à écouler les produits connexes. Après avoir été très porteur ces dernières années, ce marché s’essouffle.

Le bois énergie est en berne. La filière bois reflète en soi l’état de santé de l’économie généra- le. n

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