La Presse Pontissalienne 201 - Juillet 2016

La Presse Pontissalienne n° 201- Juillet 2016

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l Commerce Un lieu de passage “Trop de bouchons tuent l’effets bénéfique du bouchon” Le Fournil du Larmont est situé sur un axe stratégique. Mais lorsque le flux est trop longtemps interrompu, les automobilistes ne s’arrêtent plus. Ils n’ont plus la patience…

l Ambulances Une perte économique “J’évite d’embaucher une personne habitant là”

Q uand elles ne sont pas appelées pour une urgence, les ambulances doivent respecter le code de la route. Lorsque les ambulanciers conduisent ou ramènent un patient à l’hôpital ou à leur domicile, ils font comme tout le monde : ils patientent dans le bouchon ou choisissent des che- mins de traverse. Aucun passe- droit. “C’est une catastrophe : des trajets qui devraient durer 15 minutes nous prennent par- fois 1 heure. On annule toute la rentabilité” explique Éric Duber- nat, gérant des ambulancesMor- tuaciennes et Pontissaliennes basées à Doubs. Seuls les kilo- mètres à charge sont compta- bilisés. Le temps passé dans la voiture n’est pas rémunéré. “Au lieu de faire trois courses, on n’en fait qu’une” détaille le Au-delà des pertes économiques lorsque ses véhicules sont à l’arrêt, le gérant des Ambulances Pontissaliennes évite d’embaucher des personnes du secteur de La Cluse.

R esponsable du Four- nil du Larmont à Pontarlier, Philippe Roy a le sens de la formule. “Trop de bouchons tuent les bouchons” dit-il amu- sé depuis son magasin situé 27, avenue de l’Armée de l’Est. Son commerce est idéalement placé devant la nationale. Chaque jour, près de 22 000 véhicules transitent ici. Il ne nie pas cette “chance” com- merciale. “Mais lorsque le bou- chon est trop important, les gens ne s’arrêtent plus pour

le reste sont des automobi- listes de passage, dont de nom- breux Bisontins. Les jours les plus fluides seraient, toujours selon le pro- fessionnel, le mercredi et le jeudi. Les lundis et vendredis sont à l’inverse les plus com- pliqués. Riveraine et clientè- le de la boulangerie, cette Pon- tissalienne peste contre les bouchons qui deviennent selon elle, “imprévisibles.” Autant dire que le trafic des fronta- liers n’est pas l’unique res- ponsable. Il suffit de jeter un œil sur le nombre de poids lourds, toujours plus impor- tant. “Un matin, vous pouvez vous retrouver à l’arrêt sans raison” dit-elle. Pas simple de sortir de son domicile. “C’est souvent du chacun pour soi lorsque l’on est dans sa voi- ture. Mais depuis la mise en place des feux aux Rosiers, ça va mieux. C’est un peu plus fluide” ajoute un autre. Installé ici depuis 2008, le gérant de la boulangerie-pâtis- serie avoue réaliser de bonnes ventes. L’emplacement est un argument. La qualité des pro- duits fait le reste. Bref, le goût de bouchon n’est pas mauvais pour tout le monde. n

ne pas perdre de temps. C’est le cas vers 17 heures et s’il y a accident ou un événement par- ticulier” analyse-t-il. Lorsque la route nationale a été cou- pée dans un sens de circula- tion il y a quelques années, d’énormes bouchons se sont formés. “Résultat : 30 %de per- te de chiffre d’affaires” se sou- vient le boulanger. D’après une étude menée en interne avec des étudiants, 30 % de ses clients sont Pon- tissaliens, 30 autres % vien- nent de 10 km à la ronde et

Les ambulanciers anticipent les bouchons en partant plus tôt lorsqu’ils ne sont pas en urgence. Un coût pour l’entreprise.

galère, il faut rajouter les 52 samedis et jours fériés suisses. Ils apportent encore davanta- ge de trafic. Les contraintes ne s’arrêtent pas ou peu durant l’année. Lorsque les professionnels sont en intervention d’urgence avec sirènes retentissantes, cela se passe bien,même “s’il faut redou- bler de vigilance et de rigueur” commente la société. Un vrai casse-tête qui n’em- pêche toutefois pas la voiture blanche floquée de la croix de vie de transporter à l’heure son patient à l’hôpital. Une ques- tion d’anticipation. Et de patien- ce. n

gérant. Les salariés dans les 11 véhicules, doivent s’adapter et s’armer de patience quand ils mettent le cap sur l’Est pon- tissalien. Autre conséquence, la société “évite d’embaucher des personnes qui habiteraient le secteur de La Cluse. On dit aux gens qui viennent de l’extérieur de pré- férer le secteur de Sombacour. En plus, c’est moins cher niveau logement.” Les ambulanciers doivent en effet être réactifs. Le pire, “c’est l’hiver, commente un professionnel. Il m’est arrivé de passer par le col de la Répu- blique et de venir à Pontarlier par Sainte-Colombe.” A cette

La boulangerie du Fournil du Larmont profite de son emplacement au bord de la route à condition que le bouchon ne soit pas trop imposant…

l Pompiers Adaptation “Comme une circulation en milieu urbain” Pas de contraintes particulières pour les soldats du feu de Pontarlier qui redoublent toutefois de prudence en cas d’urgence sur cet axe.

Seuls les kilomètres sont payés aux ambulanciers. Le temps passé dans le bouchon n’est pas comptabilisé.

R ien n’arrête les pompiers. Si le bou- chon de la route nationale peut les freiner, ils s’adaptent et répondent à l’urgence dans le laps de temps imparti. Grâce au centre communal de La Cluse-et-Mijoux et au centre de secours de Pontarlier, ils maillent assez bien le territoi- re pour se déplacer sur un incendie ou un acci- dent de la circulation. “10 à 20 minutes, c’est le temps de déplacement accordé aux équipes de pompiers pour intervenir en tout point du département. Cette exigence détermine l’em- placement des différents centres de secours” , indique le colonel Cellier au Service dépar- temental d’incendie et de secours du Doubs (S.D.I.S.). Le trafic routier a peu d’impact pour les professionnels pontissaliens : “Nous n’avons pas de contraintes particulières. Ce frein à la circulation sur la nationale, nous le retrou- vons en milieu urbain lorsque nous interve- nons au centre-ville de Pontarlier” constate le capitaine Daroque, du centre de secours de Pontarlier où 50 hommes sont mobilisables. La seule contrainte : si des sapeurs habitent La Cluse. En cas d’urgence, ils peuvent mettre un peu plus de temps pour se rendre à la caser- ne. Et encore, le centre communal de La Clu- se prend le relais. Et ce cas de figure ne concer- ne que très peu de soldats du feu. Autre chance, ils remontent souvent à l’en- vers le bouchon lorsqu’ils interviennent dans le secteur de La Cluse ou de la frontière. “Et en cas d’accident important nécessitant un

L’impact économique Chez le voisin, le bouchon coûte 1,6 milliard de francs par an

ral. Les nouveaux calculs ont montré que les coûts annuels du temps passé dans les bouchons ont grimpé de 1,1 à 1,25 milliard de francs entre 2010 et 2014. Pour être précis, les coûts du temps perdu dans les bouchons représentent 70 % de ces 1,6 mil- liard de francs. Les 30 % res- tants, eux, sont plutôt liés à l’éner- gie, à l’environnement et aux accidents. C’est bien connu, le temps, c’est de l’argent… n

L’Office fédéral des routes en Suisse a évalué le coût des embouteillages.

transfert vers l’hôpital de Besançon, cela peut se faire par hélicoptère. Donc plus de problè- me…” ajoute un pompier. La dernière intervention d’envergure sur l’axe remonte à l’incendie du bâtiment Decreuse en juillet 2012. Cette fois-là, les pompiers étaient à l’origine d’un immense embouteillage. La nationale a été coupée pour permettre d’éteindre le sinistre en toute sécurité. n Depuis la caserne de Pontarlier, les pompiers arrivent rapidement dans le secteur de La Cluse, bouchon ou pas.

L es Suisses sont, eux aussi, toujours plus bloqués dans les embouteillages. “Le nombre d’heures d’embouteilla- ge s’inscrit en hausse de 6 % en 2015, contre 5 % l’année précé- dente. Il s’agit d’un sommet his- torique inquiétant” indique l’as- sociation suisse des transports routiers (A.S.T.A.G.).

Ces chiffres ne sont pas sortis du chapeau. L’Office fédéral des routes (O.F.R.O.U.) en Suisse a publié jeudi 23 juin un rapport sur le coût des embouteillages. Résul- tat : “Le coût du temps perdu dans les embouteillages est d’1,6 milliard de francs dont un quart est imputable au trafic des poids lourds” indique l’Office fédé-

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