La Presse Pontissalienne 201 - Juillet 2016
MA VIE AVEC LES BOUCHONS DE LA R.N. 57 La Presse Pontissalienne n° 201- Juillet 2016 L’ÉVÉNEMENT
Au cœur de toutes les conversations, le bouchon qu’on a pris communément l’habitude d’attribuer aux frontaliers ne pénalise pas seulement les pendulaires mais impacte les populations et les entreprises riveraines, sans oublier les professionnels bloqués dans l’embouteillage. Éclairages.
l Vie locale Une contrainte quotidienne S’organiser pour contourner le bouchon Les Verrières-de-Joux et La Cluse-et-Mijoux sont en prise directe avec l’embouteillage de fin d’après-midi sur la R.N. 57 qui fait désormais partie prenante de la vie quotidienne et pose beaucoup de contraintes.
“Ce bouchon a bouleversé les habitudes de consommation des habitants et nous oblige à toujours anticiper les déplacements sur Pontarlier”, explique Jean-François Jodon.
“C omment vit-on le bouchon ? En tant qu’élu, c’est un immense problème pour les rendez-vous en fin d’après- midi à Pontarlier ou ailleurs. À la C.C.G.P., on a beaucoup de commissions vers 18 heures ou 18 h 30. Aujourd’hui, il faut partir presque 45 minutes à l’avance. On apprécie que les bureaux aient été transférés chez Sbarro plu- tôt que de devoir aller jusqu’à la Belle Vie à Hou- taud car cela rajoutait encore de la circulation à vitesse réduite” , explique Jean-François Jodon, le maire des Verrières-de-Joux. Si le bouchon s’impose au quotidien, y compris
le samedi matin avec l’invasion des consomma- teurs suisses, le temps d’attente est plus variable qu’avant. “On perçoit des changements d’habi- tudes chez les frontaliers. Ceux qui sont en horaires libres essaient de sortir assez tôt pour ne pas se retrouver coincés.” À partir de 16 heures, pour une course rapide, certains n’hésitent pas à se rendre dans les commerces des Hôpitaux-Neufs ou sur Malbuisson ou Labergement-Sainte-Marie. “Le soir, on a parfois l’impression de vivre en péri- phérie d’une grande ville avec les contraintes mais sans les avantages. C’est dommage que les commerces du centre-ville n’ouvrent pas entre 12 heures et 14 heures, suggère une habitante qui regrette l’absence de pistes cyclables entre Les Verrières, La Cluse et Pontarlier. Avec un tel équipement, les jeunes pourraient aller en vil- le en toute sécurité, ce qui n’est pas le cas actuel- lement.” Elle cite l’exemple des Suisses qui ont aménagé depuis belle lurette des liaisons douces sitôt passé la frontière en direction du Val-de- Travers et de Neuchâtel. Si elle a été beaucoup décriée à La Cluse comme ailleurs, la réforme des rythmes scolaires a per- mis d’avancer la sortie de l’école à 16 heures au lieu de 16 h 30. Un vrai soulagement pour les parents qui peuvent ainsi éviter le bouchon et transporter sans trop stresser leurs enfants qui participent à des activités culturelles ou spor- tives sur Pontarlier. Même topo pour les ensei- gnants dont certains ont même refusé une muta- tion à l’école de La Cluse-et-Mijoux pour ne pas avoir à gérer le problème du bouchon. “Quand on réclamait un bus dans l’après-midi, les socié-
née de ramassage sur le secteur de Pontarlier” , souligne Raymond Brenet, le directeur de l’en- treprise Sedis aux Verrières. Grâce à ces ajus- tements, l’outil de production n’est pas pénali- sé, mais pas question de solliciter un transport express en fin d’après-midi. À la distillerie Les Fils d’Émile Pernot, on prend soin de prévenir les visiteurs ou autocaristes que le retour sur Pontarlier sera compliqué après 16 heures “En plein été, on reçoit jusqu’à 200 personnes par jour. Je suis persuadé qu’avec ce bouchon, on perd de l’attractivité même si on peut difficilement mesu- rer le manque à gagner” , estime Dominique Rous- selet. Le propos est un peu plus mitigé chez Mas- nada motocultures. “C’est clair que la clientèle pontissalienne nous échappe à certaines heures. Le fait d’être assez éloigné évite peut-être d’avoir à gérer les badauds qu’on pourrait trouver en ville. En revanche, d’un point de vue commercial, on ne peut pas nier l’intérêt d’être implanté sur un axe comme la R.N. 57, avec ou sans bouchon” , complète le responsable du magasin. Qu’en est- il chez Frimousse Coiffure ? “Cela n’est pas trop perturbant. Certaines personnes ont tendance à s’arrêter le soir et d’autres sont contraintes d’an- nuler. Sur le plan du travail, cela ne me déran- ge pas trop, même s’il faut savoir jongler avec les rendez-vous” , note Charline Duboz qui tient ce commerce situé au pied du fort de Joux. n F.C.
tés de transport refusaient de nous ramener au- delà de 15 heures pour ne pas se retrouver blo- quées au retour” , rappelle la directrice de l’éco- le. Les sorties à la piscine sont toujours sportives pour arriver à l’heure dans un sens ou dans l’autre. Dans les clubs, on a aussi appris à vivre avec le bouchon. À l’A.S du château de Joux, il n’est pas rare de voir arriver les jeunes des Fourgs avec du retard à l’entraînement du mercredi qui se déroule de 16 h 30 à 17 h 30. Ils sont une dizai- ne ainsi à se voir régulièrement privés d’échauf- fement. “Il s’agit d’enfants entre 8 et 12 ans. C’est difficile de repousser l’horaire car on n’est pas sûr que tous les parents accepteraient de les ame- ner plus tard” , analyse Luc Louvrier, le prési- dent du club. Philippe Nicod, son alter ego au
Ski-club des Verrières, s’est fait une raison. “C’est devenu telle- ment naturel qu’on fait avec. On évite bien sûr d’aller s’entraîner du côté de Pontarlier. En été com- me en hiver, on peut de rendre facilement sur les secteurs des Fourgs et le Larmont. Du coup, on n’est pas trop pénalisé.” Le monde économique subit aus- si les affres du bouchon. “Le per- sonnel prend à 7 h 15 le matin et sort à 15 h 45. On a toujours un transport en bus qui fait une tour-
“L’impression de vivre en périphérie d’une grande ville.”
“Les clients ne viennent plus après 16 heures”, note Dominique Rousselet de la distillerie Les Fils d’Émile Pernot.
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