La Presse Pontissalienne 201 - Juillet 2016

FRASNE - LEVIER

La Presse Pontissalienne n° 201- Juillet 2016

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AGRICULTURE Une qualité très mitigée Foins : le Haut-Doubs échappe au pire Avec le retour du soleil fin juin, les faucheuses sont entrées en action avec du rendement pour cette première coupe tardive qui donnera du foin sans grande valeur alimentaire. Coup de semonce sur la planète comté.

2 016 ne sera pas un grand mil- lésime au niveau du foin et par ricochet probablement au niveau des comtés à pâte jaune qui font la réputation de la filière. D’abord revenir sur ce printemps bien humi- de. “En juin, les conditions de pâtu- rage se sont largement dégradées avec pour conséquence une baisse de la pro- duction et de la qualité de lait” , rap- pelle Nicolas Gaudillière de Conseil élevage 25-90, ex-contrôle laitier. Impos- sible alors d’espérer des bons four- rages. Globalement, le foin est de qualité quand il est bien chargé en énergie et en azote, c’est-à-dire en protéine. Pour avoir de l’énergie, il faut de la lumiè- re et pour l’azote de la chaleur. “Cet- te année, comme on a eu peu de rayon- nement et des températures très basses, on obtiendra au final des foins très bas en valeur alimentaire” , complète Mathieu Cassez, ingénieur agronome à la chambre d’agriculture du Doubs. Autre variable et non des moindres à prendre en compte, le stade de récol- te. C’est là où le Haut-Doubs sauve les meubles par rapport aux premiers

plateaux ou à la plaine. “En bas, ils vont faucher des foins au stade de la floraison alors que l’optimum, c’est celui de l’épiaison” , souligne Nicolas Gaudillère. Plus la plante fourragère mûrit, plus elle développe de la cel- lulose et de la lignine, le tout s’avé- rant beaucoup plus compliqué à dégra- der et à digérer pour la vache. L’effet altitude retarde donc le mûrissement. Si le soleil est de retour, les sols res- tent toujours bien humides lors du passage des tracteurs. “Il y aura for- cément plus de terre dans le foin, ce

qui diminue son appé- tence et augmente le risque butyrique dans le lait” , poursuit Mathieu Cassez. Sans oublier aussi l’impact du campagnol dans le haut où le prolifique rongeur creuse et s’em- piffre de légumineuses riches en protéines. L’agriculteur touché par le fléau se retrou- ve alors avec du foin pauvre et terreux.

L’effet altitude retarde le mûrissement.

Les agriculteurs du haut vont sauver les meubles même si la qualité ne sera pas au rendez-vous.

La campagne fourragère 2016 n’a rien d’exceptionnel. “On a déjà vécu ce type d’épisode. On sait déjà qu’avec du foin très médiocre, il faudra compléter en protéine, donc apporter plus de tour- teaux dans la ration. Il ne faudra sur- tout pas vouloir atteindre les mêmes niveaux de production qu’en 2015 car

les derniers kilos de concentrés vont coûter très cher” , analyse Nicolas Gau- dillère. Les filières dépendantes des condi- tions naturelles et du terroir comme celle du comté ne sont donc pas à l’abri des caprices météorologiques. “On pourrait considérer que c’est un rap-

pel à l’ordre par rapport à la résilien- ce. Il faut toujours se garder des marges de sécurité.” Et savoir aussi relativi- ser car ces conditions de récolte sont encore plus préjudiciables pour les producteurs de lait standard en zone basse qui se retrouvent aujourd’hui confrontés au pire des scénarios. n

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