La Presse Pontissalienne 199 - Mai 2016

FRASNE - LEVIER

29 La Presse Pontissalienne n° 199 - Mai 2016

LEVIER

Thierry Aubert Dix années de sclérose en plaques

Cela fait dix ans maintenant que Thierry Aubert vit avec cette maladie. Pour la première fois, il se confie avec pudeur sur son quotidien dans un livre témoignage.

T hierry Aubert a publié son pre- mier livre “Nouvelles de la vie” en 2014. Dans ce recueil d’une douzaine d’histoires, il faisait entrer le lecteur dans l’intimité d’Al- bert Benoît, un anti-héros à la vie ordi- naire, dont on partageait au fil des pages les moments-clés de son exis- tence. Son enfance, sa famille, ses amours,mais aussi samaladie qui était sans doute le lien autobiographique le plus significatif entre lui et Thierry Aubert. Il souffrait de sclérose en plaques, comme son auteur qui avait trouvé lemoyen de parler de cette patho- logie à travers son personnage. Cette fois-ci, Thierry Aubert tombe le masque avec pudeur dans son nouveau livre témoignage “Dix années de sclé- rose en plaques.” Il raconte l’inquiétu- de qui a précédé l’annonce du diagnostic établi après trois ans d’analyses, l’hô- pital, la peur, la révolte, le combat, la souffrance, la fatigue physique et mal- gré tout, ces petits bonheurs qui ponc- tuent son quotidien entouré de sa famil- le. On comprend à quel point il a dû apprendre à vivre avec cette “salope- rie” écrit-il en préface, qui lui est tom- bée dessus alors qu’il n’avait pas qua- rante ans. Depuis quelque temps, son état de san- té s’est stabilisé. La sclérose en plaques connaît des évolutions différentes d’un individu à l’autre dont elle affecte le système nerveux. “J’ai deux traitements de fond qui me conviennent. Jusqu’en 2014,jemarchais avec une canne.Aujour- d’hui, je n’en ai plus besoin. J’ai retrou- vé mon autonomie. Mais on ne guérit pas de cette maladie. Quand on l’a, on l’a à vie. Si ça va mieux aujourd’hui,

j’ai toujours l’épée de Damoclès au-des- sus de la tête. Je vais à l’hôpital deux fois par an. J’ai d’ailleurs pu voir en onze ans à quel point notre système de santé se dégrade. Le personnel fait son travail mais avec les moyens qu’on lui donne, et ils sont de moins en moins importants” rappelle Thierry Aubert qui a tout envisagé lorsqu’il a su de quel mal il souffrait. “J’ai eu l’image du fau- teuil roulant, puis celle de la mort. J’ai eu la chance d’avoir ma famille autour de moi.” La recherche progresse (le Canada est particulièrement en poin- te) mais pas au point de promettre la guérison. L’auteur de “Dix années de sclérose en plaques”a aménagé son emploi du temps pour continuer à travailler à 50 % dans une banque à Levier, la commune où il vit.À 51 ans, il ne conduit plus, ou rare- ment : “Avec les traitements que je prends, c’est déconseillé.” Thierry Aubert compose avec ce mal sournois et profite “du moment pré-

sent. Ce que je veux trans- mettre justement, c’est un message d’espoir. Il faut se battre lorsqu’on souffre de sclérose en plaques. C’est une galère au début, mais il faut apprendre à vivre avec.” L’écriture est devenue son échappatoire. Il s’y adon- ne tous les après-midi,s’ac- cordant quelques respira- tions en marchant. “Dix années de sclérose en plaques” est une paren- thèse de confidences par- mi les histoires policières

“C’est un message d’espoir.”

Thierry Aubert souffre de sclérose en plaque depuis dix ans.

qu’il affectionne particulièrement.Mais cette parenthèse est importante pour comprendre ce que vivent les personnes qui souffrent de sclérose en plaques et changer notre regard sur elles. “Ne nous rejetez pas comme si nous étions des

pestiférés ou des lépreux” clame Thier- ry Aubert. Il reversera l’ensemble des droits d’auteur à trois associations : l’as- sociation française des scléroses en plaques, l’association des paralysés de France, et Apach’Évasion. n

“Dix années de sclérose en plaques” ( Éditions de l’Officine).

La boutique du chalet dans son nouvel écrin Historiquement rattaché à l’atelier de fabrication, le magasin de la fruitière de Frasne vient d’être transféré au rez-de-chaussée du bâtiment situé en face de la fromagerie. Coup de neuf FRASNE Une opportunité immobilière

L es sociétaires de la coop de Frasne étaient bien conscients qu’il faudrait tôt ou tard trouver une solution pour agrandir le maga- sin et ses dépendances. “C’était devenu trop étroit pour travailler et accueillir les clients dans de bonnes conditions” , estime Mau- rice Vanthier qui préside la coopérative de Frasne. De la réflexion, on est vite passé au stade de la décision en appre- nant la mise en vente de la mai- son située face à la fromagerie. De quoi envisager un magasin plus spacieux, tout proche de l’atelier et encore plus visible depuis la route. Bref, une belle opportunité. “Au départ, on pen- sait acheter seulement le rez-de- chaussée. Pour des raisons pra- tiques d’aménagement, on a acquis tout le bâtiment en se disant qu’il y avait la possibili- té de rénover et de louer deux logements à l’étage.”

À la différence d’autres coops, celle de Frasne dispose d’un ate- lier de fabrication mis aux normes avec une capacité de production suffisante. Elle regroupe aujourd’hui 9 exploi- tations qui livrent 3,8 millions de litres de lait transformé pour l’essentiel en comté affiné par la maison Rivoire-Jacquemin. “On pratique encore la coulée matin et soir” , souligne Jean-

Cela représente 15 % de la pro- duction, soit deux meules par jour.” De quoi fonder de beaux espoirs avec un magasin digne de ce nom. Les travaux ont duré une année environ. Ouvert depuis le 20 mars, le magasin baptisé la boutique du chalet offre 60 m 2 de surface commerciale. Les dépendances situées à l’arrière représentent environ 100 m 2 avec cave, chambre froide, ves- tiaire, bureau et salle de pré- paration. “On fait de plus en plus d’expéditions. Soit une ving- taine de colis par semaine” , explique Jean-Louis Barthod qui récolte là les dividendes des visites de la fromagerie orga- nisées en été. Rien de mieux pour fidéliser le touriste au pro- duit. La boutique du chalet se dégus- te comme un large plateau de spécialités régionales avec bien sûr A.O.C. fromagères mais aus-

Louis Barthod, res- ponsable du maga- sin. Une petite partie de la production est transformée en mor- bier et raclette. Le reste part aux Monts de Joux. “Comme la fromagerie apparte- nait initialement à un acheteur de lait, elle dispose de caves utilisées aujourd’hui pour affiner le com- té vendu en direct.

De la crème de lait.

“Ce nouveau magasin représente aussi une façon de pérenniser la fruitière”, estime Jean-Louis Barthod ici en compagnie de Maurice Vanthier, l’agriculteur président de la coop de Frasne.

si salaisons, miels, boissons ani- sées, limonades, vins du Jura, chocolat… “On s’efforce de vendre des produits qu’on ne retrouve pas en grande surface.” Au ser- vice, trois vendeuses : Stépha-

nie, Fabienne et la responsable dumagasinMarie-ClaudeTrout- tet qui partira bientôt en retrai- te. “On vend encore du lait au pot et de la crème de lait” , insis- te le responsable.

Ce commerce bien approvisionné fonctionnera tous les jours du lundi au dimanche. “On prévoit aussi d’installer un distribu- teur” , conclut Maurice Van- thier. n

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