La Presse Pontissalienne 199 - Mai 2016

FRASNE - LEVIER 28

La Presse Pontissalienne n° 199 - Mai 2016

CHAPELLE-D’HUIN L’estimation du préjudice Cinq ans après les attaques du loup, l’appréhension persiste chez Thierry Maire

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S alué d’abord comme une bonne nouvelle, l’arrivée ou le retour, c’est selon, du loup dans le Haut- Doubs avait vite tourné au cau- chemar. Alors que tout le monde pen- sait qu’il ne ferait que passer, le jeune prédateur avait trouvé un garde-man- ger royal à Chapelle-d’Huin avec des centaines de brebis à se mettre sous la dent. Thierry Maire élève un troupeau de 335 brebis. “Avec les agneaux, cela repré- sente près de 700 bêtes” , explique celui qui n’a pas modifié sa conduite de trou- peau. Il privilégie toujours l’étalement des agnelages de façon à pouvoir four- nir ses clients, des bouchers locaux, toute l’année. Ce choix impose quelques contraintes notamment de fonction- ner avec une dizaine de lots répartis sur un parcellaire éclaté en plusieurs parcs. Tout était donc réuni pour faci- liter le travail du loup et perturber durablement l’éleveur dans ses pra- tiques. Résultat : 10 attaques en trois mois avec 25 moutons tués et autant de bles- sés. “On a été indemnisé entre 160 et 200 euros par bête tuée et les frais vété- rinaires étaient remboursés pour soi- gner celles qui étaient blessées. Vu la dispersion des parcs, on a investi dans des clôtures électriques sans prendre un chien patou car cela n’aurait pas servi à grand-chose.” Le prédateur a également gravement perturbé la repro- duction du troupeau provoquant des

L’éleveur de moutons de Chapelle-d’Huin avait été la cible privilégiée du canidé qui avait multiplié les attaques sur son troupeau de juin à septembre 2011. Impact.

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avortements embryon- naires chez les brebis en début de gestation et des reports de chaleur pour d’autres. Une étude a été menée avec la Chambre régio- nale d’agriculture pour évaluer le préjudice en comparant les agnelages en 2011 et 2012. “Il appa- raît que 30 % des bêtes ont été décalées ou avor- tées. Le nombre d’agneaux par brebis est passé de 1,5 à 1,25. Com-

sente un manque à gagner de 4 900 euros” , poursuit l’éleveur ovin en précisant que les bêtes traumati- sées ont mis plusieurs années avant de retrouver un cycle de reproduction normal. Dans ces circonstances, on comprend mieux l’exaspération des éleveurs qui sont confrontés en per- manence au danger. Aujourd’hui, tout est rentré dans l’ordre à Chapelle-d’Huin. “On a retrouvé un niveau d’activité correct avec un mar- ché assez stable même si c’est quand même moins rémunérateur que le lait à comté. Un an après le passage du loup, j’y pensais encore puis la crain- te s’est atténuée avec le temps, même si j’ai toujours une pointe d’appréhen- sion à la mise à l’herbe.” n F.C.

Un manque à gagner de 4 900 euros.

me les premiers agnelages ont com- mencé fin janvier et non pas en décembre, on n’a pas eu d’agneau à vendre pour Pâques en 2012. Au final, cela repré-

Thierry Maire revient sur les dégâts directs et indirects liés aux attaques du loup sur son troupeau en 2011.

Le projet éolien de la Vrine bat de l’aile GOUX-LES-USIERS Silence radio Le démontage sans autre forme d’explication du mât de mesures qui était installé depuis deux ans sur le plateau de la Vrine laisse planer bien des incertitudes sur l’avenir du projet.

À défaut d’aboutir, ce projet a au moins le mérite de diviser la population et de semer la ziza- nie. Comme pour le nucléaire quand on parle d’éolien, il y a les pour et les contre mais jamais de place au compromis. Pavé de bonnes intentions en 2013, le projet éolien de la Vrine a semble-t-il pris du plomb dans l’aile. Après avoir obtenu le feu vert des com- munes de Goux-les-Usiers, Bians-les- Usiers et Vuillecin pour une étude de faisabilité sur un parc de 12 éoliennes, la société Éolfi avait proposé aux nou- velles équipes municipales de confir- mer ou pas leur position. “Le but est de travailler avec le soutien des élus” , indique Chloé Sanchez, responsable du projet à Éolfi. Entre-temps, une poi- gnée d’opposants a choisi de s’organi- ser en créant au printemps 2015 l’as- sociation de défense de l’environnement duVal d’Usiers.Assez logiquement, ils ont distribué un tract exposant leurs craintes et objections sur l’énergie

éolienne. “Précisons bien que ce tract porte uniquement sur l’éolien indus- triel. Cela n’a aucun sens dans une région comme la nôtre qui figure par- mi les moins ventées de France. En plus, pour un socle d’éolien, il faut entre 250 et 500 m 3 de béton, ce qui ne va pas sans poser des risques de pollution du sous-sol et plus particulièrement des nappes phréatiques. Aussi nous considérons que ce parc éolien est un danger pour la région. Il existe bien

Rien n’indique aujourd’hui qu’on verra un jour des pales en rotation sur le plateau de la Vrine.

d’autres alternatives en termes d’énergies renou- velables. Il y a bien une raison si nos anciens n’ont jamais construit de moulins à vent. Il y a quelques années de cela, un Suisse était venu ouvrir une école d’U.L.M. à la Vrine car ce site était très peu ven- té” , souligne l’un des opposants qui tient à

“Non, ce projet n’est pas abandonné.”

garder l’anonymat. C’est que le fameux tract aussi ano- din soit-il a mis le feu aux poudres. Certains élus l’ont pris comme une attaque personnelle. Pour enfoncer le clou, le conseil municipal de Bians-les- Usiers a changé d’avis. “La majorité des élus était contre” , observe André Salomon, le maire de Bians qui n’en dira pas plus sur le sujet. Car ce choix politique est susceptible de tout

remettre en cause. Le démontage récent du mât rajoute à la confusion. À Goux, les élus n’en savent pas plus. “On avait émis un avis favorable pour l’étude de faisabilité. Aujourd’hui, on est comme tout le monde, dans l’attente des résul- tats. On ne s’est pas encore positionné sur la suite à donner à ce projet” , indique Éric Bourgeois, le maire de Goux-les- Usiers. Du côté d’Éolfi, on cherche avant tout

à ménager le suspense. “Ce projet pren- dra le temps qu’il faut. Il n’y a rien d’anormal à faire des études sur deux ans. Aujourd’hui, on a tout ce qu’il faut en termes de données de vent. On a tou- jours l’accord des propriétaires sauf pour une commune. Non, ce projet n’est pas abandonné même si on n’en est pas non plus au stade des demandes de permis de construire” , conclut Chloé Sanchez. n

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