La Presse Pontissalienne 196 - Février 2016

UN VILLAGE À L’HONNEUR

La Presse Pontissalienne n° 196 - Février 2016

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En passant par La Côte-aux-Fées 450 habitants Un village peuplé d’irréductibles “Niquelets” Farouchement accrochée à son indépendance, le village suisse de La Côte-aux-Fées surprend par son dynamisme et sa capacité à porter des projets structurants à l’image du réseau de chaleur. Commune

francs suisses. La commune va cau- tionner mais l’amortissement se fera sur la vente de la chaleur pendant 25 ans.On a l’obligation d’autofinancement. Les impôts ne serviront pas à financer ce projet” assure le président. Après une pré-étude qui s’est avérée favorable, il s’agit maintenant de confir- mer l’engagement des clients intéres- sés avant de solliciter des crédits. Si tout se déroule comme prévu, les tra- vaux débuteront l’an prochain pour une livraison en 2019. Ce réseaumesu- re 2,3 km. Il sera alimenté par une chaudière bois d’une puissance de 1 200 kW en étant couplé à une chau- dière fioul de 1 500 kW. La Côte-aux- Fées est également impliquée dans le projet éolien de la montagne de Buttes qui comprend l’implantation de 19mâts dont deux sur le territoire des Nique- lets. Sur le plan associatif, ce village de caractère n’est pas en reste puisqu’il abrite une quinzaine de sociétés spor- tives et culturelles. Perchée à 1 100 m d’altitude sur un site encore bien pré- servé, La Côte-aux-Fées pourrait valo- riser davantage ses potentialités tou- ristiques. Pas franchement sa vocation. “On reste assez discret” , conclut le pré- sident du conseil. F.C. L’étymologie La Côte-aux-Fées nʼest pas née dʼun coup de baguette magique. Cet endroit était jadis un alpage pour les mou- tons. Son nom est issu du bas latin “costa” qui désigne le flanc dʼune mon- tagne et de “feta” qui signifie mouton.

L’autonomie se vérifie aussi dans l’offre de commerces et de services dont béné- ficient les Niquelets. Curieux surnom aux multiples explications sans qu’aucune ne s’impose. Boulangerie, épicerie, boucherie, banque, poste, hôtel- restaurant, médecin. L’essentiel est là. Ajouter 12 exploitations agricoles, une scierie-menuiserie avec 40 collabora- teurs, une société de transport, une entreprise de peinture, deux homes pour personnes âgées. Sans oublier la manufacture Piaget qui emploie envi- ron 150 personnes. “Au final, on arri- ve assez facilement à 300 emplois dans une commune de 450 habitants” , esti- me le président du conseil. Qui dit mieux ? Si le siège de la manufacture Piaget est à Fribourg, la commune per- çoit néanmoins l’impôt frontalier. Toute petite commune forestière avec 2 hectares seulement en propriété, La Côte-aux-Fées projette d’investir dans un ambitieux réseau de chaleur ali- menté par une chaufferie bois. Plu- sieurs raisons à cela. D’abord car il existe déjà un petit réseau approvi- sionné par la scierie et sur lequel il serait possible de se raccorder. Ensui- te car il devient nécessaire de changer

“À La Côte-aux-Fées, on ne passe pas, on y vient.” Cette maxime n’est pas sans fondement tant le village est isolé des grands axes de com- munication. Son nomest pourtant connu bien au-delà des frontières du canton de Neuchâtel dont il constitue la com- mune la plus méridionale. Deux phénomènes ont largement contri- bué à sa réputation. C’est ici qu’est née et se poursuit l’histoire de la presti- gieuse manufacture Piaget qui a célé- bré ses 140 ans en 2014. Et dans ce vil- lage, l’église évangélique libre cultive depuis très longtemps une tradition d’accueil et d’envoi de missionnaires dans le monde entier qui sont autant d’ambassadeurs de ce lieu propice au repos et au recueillement. Longtemps rattachée à la commune des Verrières, La Côte-aux-Fées a mis près de 160 ans à conquérir son indé- pendance attribuée le 27 novembre 1828 par acte du Conseil d’État. On com- prend mieux pourquoi ses habitants ont massivement refusé en 2006 d’être intégrés dans la nouvelle commune du Val-de-Travers. “Il y a eu 80%de votants et 70 % se sont prononcés contre cette fusion. Beaucoup craignaient de perdre leur identité notamment au niveau des dix hameaux et écarts établis autour du village. Ce n’est pas parce que l’on est petit qu’on n’arrive pas à vivre” explique Laurent Piaget, président de la commune, l’équivalent du maire. Cette revendication n’est pas sans contraintes et impose des coûts sup- plémentaires pour pouvoir assurer le fonctionnement des écoles et du servi- ce incendie.

l’installation de chauf- fage dans un des deux homes, propriété com- munale. “Ce projet concerne pratiquement tous les bâtiments publics : mairie, poste, église, home des Mar- ronniers. On peut y ajou- ter quatre immeubles d’habitations et surtout l’usine Piaget. Le coût de l’investissement s’élève entre 5 et 6 millions de

300 emplois dans une commune de 450 habitants.

“Ce projet de chaleur à distance correspond à une volonté de s’inscrire dans le développement durable”, indique Laurent Piaget, le président de la commune.

Loisirs

Ski alpin et nordique

L’autonomie jusqu’au bout des spatules Parce qu’elle disposait d’un généreux potentiel skiable et de généreux mécènes horlogers, La Côte-aux-Fées est équipée depuis 1964 d’un téléski familial. Les fondeurs ne sont pas oubliés.

A vec la barre rocheuse du sommet du Chas- seron en toile de fond, le point de vue propo- sé aux skieurs alpins ou nor- diques donne déjà envie d’y goû- ter. Côté paysages, les Niquelets sont gâtés. Ils ont la chance d’être perchés à plus de 1 000 mètres d’altitude avec des paquets de neige qui ne demandent qu’à être damés. L’histoire du téléski de La Côte- aux-Fées débute en 1964. Une affaire d’hommes avec deux che- villes ouvrières : Jean-Claude

Barbezat et Jean Piaget, et une “cheville financière” en la per- sonne de Valentin Piaget alors patron de la manufacture hor- logère éponyme. L’entreprise

partie intégrante de la vie du village. C’est un point de ras- semblement pour des généra- tions de Niquelets” , confie Denis Piaget qui préside aujourd’hui l’association gestionnaire du ski- lift de La Côte-aux-Fées. Longue d’1 kilomètre, la remontée don- ne accès à trois kilomètres de pistes entre 1 041 et 1 150mètres d’altitude. Avec les contraintes réglemen- taires de plus en plus drastiques, les aléas de l’enneigement et du bénévolat, l’exploitation de la petite station villageoise tient

avait alors large- ment contribué à réunir les fonds nécessaires au projet, à l’époque une enveloppe de 130 000 francs. Cinquante ans plus tard, l’équipement est toujours là. “Il fait

La Côte-aux-Fées abrite une petite station qui ne manque pas de charme.

Partie intégrante de la vie du village.

parfois du miracle. Ce téléski, c’est un peu l’affaire de toute la communauté et chacun fait des efforts pour en assurer la péren- nité. On optimise de partout. La dameuse par exemple appar- tient à la société des pistes de fond.

Car le nordique a aussi droit de cité au pays des Fées. “On fait partie de Neuchâtel ski de fond. On trace environ 18 km de pistes sur la commune. Elles commu- niquent avec les domaines nor- diques de L’Auberson et des Fourgs, ce qui donne accès à un

domaine immense” , explique Pierre-Alain Sueur qui préside la société des pistes de fond. À signaler l’existence d’un espa- ce ludique éclairé à proximité du village et la piste raquette tracée jusqu’à l’étang des Sagnes.

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