La Presse Pontissalienne 196 - Février 2016

DOSSIER LE DOSSIER

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La Presse Pontissalienne n° 196 - Février 2016

Suisse voisine

Quel développement dans le canton de Neuchâtel ?

De l’argent dans le ski… à condition de développer l’activité d’été Chez nos voisins, la station de la Robella dans le Val-de-Travers revoit son plan de financement. Pour espérer une aide financière

publique, elle doit montrer qu’elle est capable de générer de l’argent l’été. Les Suisses préparent la transition.

L a Robella, une station typique des montagnes neuchâteloises. Ici, un télésiège - pas tout à fait de dernière génération - conduit les skieurs au sommet de lamon- tagne à 1 470 mètres d’altitude.

Ce point culminant domine le Val-de-Travers. Après 15 minutes de trajet et 14 pylônes franchis, 15 km de pistes attendent les pratiquants, en majorité des locaux. Le pro- jet est de remplacer le télésiè-

ge deux places par un plus récent d’ici 2019. Mais ici, “on ne par- le plus de station de neige mais de station 4 saisons” témoigne Jacques Haldi, président duTélé- siège Buttes Robella et Téléskis Chasseron Nord (T.B.R.C.) et de

Jacques Haldi à l’origine du renouveau de la station de la Robella et de son positionnement 4 saisons.

l’Association Sauver la Robella. Le futur télésiège développera les activités d’été et notamment le V.T.T. de descente. C’est le grand projet, pas encore tout à fait ficelé. Jacques Haldi et les bénévoles ont compris que la Robella ne deviendra jamais un “grand site de ski.” Ils regardent toutefois avec envie les inves- tissements réalisés à Métabief. “C’est un crève-cœur…, admet ce dernier. On sait que le ski ne va pas disparaître mais on sait aussi que les investissements ne seront jamais immenses ici. Le canton (et la commune) nous soutient à condition que nous montrions que nous sommes capables de générer de l’argent l’été” déclare Jacques Haldi. Il y a belle lurette que le sujet “canon à neige” est enterré : “En 2007, nous avons fait un busi- ness-plan “hiver”. Nous avons conclu que la saison ski était trop courte et le potentiel skieur trop faible pour générer de l’argent” avance le président de la station. Pour le directeur de Tourisme Neuchâtelois Yann Engel, le sujet canon à neige a peu de chances d’évoluer : “La neige de culture et le snowfar- ming (stockage de neige sous des copeaux pendant l’été) sont inexis- tants chez nous. La situation a peu de chance d’évoluer positi- vement dans les années à venir tant l’opposition des associations environnementales est virulen- te” commente-t-il. La politique du canton de Neu- châtel est assez claire.Il n’investit plus massivement dans le ski en dessous d’une certaine alti- tude. Aux stations de se prendre en main. La Vue-des-Alpes au- dessus de La Chaux-de-Fonds a fermé son domaine skiable. Seule celle des Bugnenets n’a pas besoin d’aides publiques pour tourner.En 2007, “le Conseil d’État du canton de Neuchâtel a mandaté un expert en remon- tées mécaniques, le D r Peter Fur- ger, afin d’élaborer un plan stra- tégique visant à définir une politique de soutien pour cer- taines remontées mécaniques du Pays deNeuchâtel (Vue-des-Alpes, Bugnenets, Robella). Confronté entre-temps à de sérieux pro- blèmes financiers, le Conseil d’État n’a pas donné suite aux propositions de Peter Furger”

explique Yann Engel, directeur deTourisme Neuchâtelois. Selon lui, “le poids touristique des sports d’hiver dans le canton est faible. Le ski de descente étant surtout pratiqué par la population loca- le, il est à intégrer dans l’offre sportive, au même titre que le sont les piscines, les patinoires et les salles de sport.” La saison hivernale ayant une fâcheuse tendance à se réduire au fil des ans, les professionnels du tou- risme évitent de promouvoir ce segment “parce que nous ne pou- vons pas garantir l’enneigement contrairement à des régions com- me la vallée de Davos ou l’Engadine” commente Yann Engel. C’est à ce titre que La Robella bénéficie depuis fin 2015 d’une aide “été-hiver” de la part duVal-de-Travers à hauteur de 20 francs suisses par habitant et par an, soit 220 000 francs jusqu’à fin 2019. Cela éponge les pertes de l’hiver (prix à la journée : 30 francs par adulte, soit 27 euros). “Nous devonsmon- trer que nous mettrons à profit cet argent pour développer l’activité d’été. À cette période, nous drainons un bassin de popu- lation de 200 000 à 500 000 per- sonnes car nous n’avons pas de concurrence” témoigne Jacques Haldi. D’ici 2019, les bénévoles four- niront un nouveau Plan Direc- teur de Développement (P.D.D.) pour démontrer la nécessité de remplacer le télésiège actuel mais aussi pour “trouver un financement.” L’association emploie deux personnes et par- vient à réaliser des bénéfices avec sa trottinette, sa luge sans

neige, son V.T.T. de descente et son e- bike (vélo électrique). Elle espère créer de la demande en ouvrant de nouvelles pistes de descente pour l’été…mais doit se confronter au puissant lobby envi- ronnementaliste. Couper un arbre demande moult autorisations chez nos voisins. Touris- me et authenticité ne font pas toujours ménage. E.Ch.

Des aides publiques jusqu’à 2019..

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