La Presse Pontissalienne 196 - Février 2016
LE DOSSIER
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La Presse Pontissalienne n° 196 - Février 2016
Neige Une seconde phase en projet La neige de culture indissociable du projet de développement Les dernières études
Et le changement climatique ? Dʼaprès les études menées par le Conseil général du Doubs, le changement cli- matique tend à accentuer les écarts entre les épisodes chauds et les épisodes froids. Sur les 20 dernières années, si la température journalière tend à augmenter, les températures minimales dʼhiver ten- dent à diminuer si lʼon se fie à la station météo de Super-Longevilles. Pour vali- der le choix de la neige de culture, les élus du Conseil général (sous lʼère Jean- nerot) ont appliqué lesmodèles de réchauf- fement de Météo France et du G.I.E.C., le groupe dʼexperts intergouvernemen- tal sur lʼévolution du climat. “Ces modèles démontrent quʼà échéance 20 ans les plages de froid devraient permettre de produire encore de la neige” note le Conseil départemental. Selon les chiffres de ces organisations, les 5 derniers hivers sont parmi les 8 hivers les plus froids de ces 20 dernières années. Lʼhiver 2015- 2016 est bien parti pour bouleverser ces statistiques.
L es élus du Département fina- lisent actuellement leur réflexion avant de décider le montant des investissements qu’ils concéderont pour terminer la modernisation de Métabief et mettre ainsi un terme à plus de trente ans de réflexion, de tergiversations, et d’actions. En matière d’enneigement artificiel, la station de Métabief fut pionnière. Dès 1981 une petite unité de neige de culture était installée sur le front de neige à Métabief. Et six ans plus tard, sur celui de Piquemiette. La réflexion d’une extension du réseau est enga- gée dès cette époque-là, sans toutefois aboutir à une solution. “L’hiver sans neige de 1989-1990 marque un tour- nant crucial dans l’histoire de la sta- tion : le syndicat mixte du Mont d’Or rachète les installations et dès lors, le Conseil général du Doubs s’implique réaffirment que la poursuite des investissements dans la neige de culture serait vitale pour Métabief. Le dossier ouvert il y a 35 ans n’est toujours pas refermé.
ge de culture démarrent enfin sur le Morond en avril 2013. 10 des 42 km de pistes ont été équipés ou rééquipés de canons à neige qui doivent per- mettre, si les températures sont suf- fisamment basses, de produire 200 000 m 3 de neige pendant un hiver (sachant qu’1 m 3 d’eau donne 2 m 3 de neige). Au total, une centaine d’enneigeurs ont été installés, répar- tis tous les 80 m environ sur les 10 km de pistes. Avec l’enneigement artificiel, Méta- bief est devenue la station dotée du plus gros équipement de neige de cul- ture du Jura et des Vosges. Avec les travaux réalisés en 2013, c’était aus- si le grand chantier de montagne en France. Les skieurs attendent la sui- te du feuilleton.
inauguré au cours dumagnifique hiver 2005-2006. Et c’est en 2006 que le dos- sier “neige de culture” se formalise pour la première fois et est déposé auprès des services de l’État. Les prin- cipales difficultés à lever concernant alors la problématique de l’eau sur le massif du Mont d’Or. Des études sont réalisées sur ce sujet en 2009 qui per- mettent au Conseil général de définir un nouveau projet d’enneigement de culture, moins gourmand en eau. Le premier projet prévoyait une retenue d’eau de 180 000 m 3 , il sera finalement ramené à 100 000. Le dossier neige de culture obtient l’autorisation des ser- vices de l’État le 27 décembre 2012. Après plus de 30 ans de réflexion, d’annonces non suivies d’effet et de manque de volonté, les travaux de nei-
fortement dans le devenir de la sta- tion” rappelle un spécialiste de la ques- tion. Mais des dissensions entraînent le refus du financement des travaux et incitent la station à jouer la carte de la diversification en devenant pion- nière dans le milieu du V.T.T. Hélas, l’économie induite n’est pas à l’échelle des coûts d’exploitation d’hiver. Tout le monde est alors convaincu que seules de bonnes recettes hivernales peuvent sauver la station et atténuer les sub- ventions d’équilibre distribuées par le Conseil général du Doubs, donc le contribuable. Mais les années passent et ce n’est qu’en 2004 que la réflexion sur la nei- ge de culture reprend en même temps que la validation du nouveau télésiè- ge débrayable du Morond, qui sera
Analyse
Le cabinet Contours “C’est dans le ski qu’il faut concentrer les efforts”
Le cabinet Contours Conseils avait réalisé une enquête de clientèle pour le compte de la station en 2013. Son responsable, François Poursain, livre son avis sur l’évolution possible de Métabief et l’avenir des stations de moyenne montagne.
L a Presse Pontissalienne :Vous travaillez pour une trentaine de stations de sport d’hiver en France. Qu’est-ce qui dis- tingue le plus Métabief par rapport à d’autres ? François Poursain : Le principal point spécifique de cette station, c’est cette dualité de clientèle avec une forte part de très bons skieurs et une forte part de débu- tants, ce qui rend cette station très atypique. Et c’est ce qui fait toute la difficulté pour l’exploitant de concilier les besoins de clien- tèles si opposées. C’est la raison pour laquelle on avait recom- mandé à Métabief de se focali- ser plutôt sur la clientèle des débutants qui est une cible plus facile à fidéliser car elle permet de créer une espèce de lien affec- tif avec la station. L.P.P. : Quels points noirs avez-vous relevé ? F.P. : Naturellement, en ce qui concerne les pistes, les bons skieurs étaient beaucoup plus critiques que les débutants. Si les skieurs étaient en général satisfaits de la configuration du domaine, ils pointaient des sou- cis dans la signalisation et la communication. Ils notaient éga- lement des remontées méca- niques en retrait sur la qualité du matériel et la gestion de l’attente, et un problème de cir- culation au sein du domaine avec
de fortes concentrations sur cer- tains bas de pistes. L.P.P. :Et les principaux motifs de satis- faction ? F.P. : Au-delà des aspects de confi- guration du domaine skiable plu- tôt bien jugés par les clients, le principal est sans conteste le très bon rapport qualité-prix de la station. On considère dans nos études que si on est à 50 % de clients satisfaits, on est dans un positionnement optimisé. Pour Métabief, on atteignait les 76 % de satisfaits sur les forfaits semaines et 67 % sur les forfaits journées, contre 47 % enmoyen- ne. 20 points de plus que la moyenne, c’est énorme. L.P.P. : Une station comme Métabief a- t-elle encore des marges de progres- sion ? F.P. : Par rapport à notre enquê- te, les marges de progression concernaient la fiabilisation de l’enneigement (ce qui semble avoir été fait), l’amélioration de la communication qui est faite aux clients (qui ne nécessite pas d’investissements lourds), et l’attente/le confort des remon- tées mécaniques. Sur ce dernier point, les investissements sont inévitables, mais Métabief dis- pose de deux leviers : une inten- sification de la consommation de ski des clients déjà sur pla- ce : leur taux de transformation
des nuitées en journées skieurs est de 52 % quand la moyenne est à 68 %. Cela signifie que les clients sont présents en station, mais consomment moins de ski que la moyenne. Et des marges sur la tarification : les tarifs des forfaits ne constituent pas un point de critique de la clientèle de Métabief, et des investisse- ments importants et visibles des clients pourraient être financés par un remaniement de la grille tarifaire. Enfin, le soutien de l’activité des sociétés de remontées méca- niques est essentiel. En dessous d’une taille critique dont Méta- bief est loin, ces sociétés ont géné- ralement beaucoup de mal à équilibrer leurs comptes. Si elles ne sont pas toujours bénéficiaires, il ne faut pas oublier que sans domaine skiable, il n’y a pas de station, et les retombées écono- miques directes liées à la pré- sence d’un domaine skiable sont importantes : pour 1 euro dépen- sé dans les remontées méca- niques, c’est 7 euros de retom- bées pour la station. Même si une société exploitant un domai- ne skiable est déficitaire, elle fait vivre tout un écosystème. Aujourd’hui, la tendance est à la création dans les stations d’activités nouvelles. Pourquoi pas,mais les gens viennent avant tout pour le ski, c’est là qu’il faut concentrer les efforts.Vous aurez
beau avoir la plus belle patinoire, vous n’aurez pas un client en plus si les points de critiques structurants du domaine skiable ne sont pas traités. Les gens viennent avant tout pour le ski, et si le domaine skiable n’est pas à niveau, ça ne sert à rien d’investir dans d’autres choses. L.P.P. : Le tourisme 4 saisons n’est pas la clé ? F.P. : Non. L’été, la plupart des stations,mêmes les plus grandes, vivotent. Les autres saisons per- mettent de rémunérer les per- manents et quelques saisonniers, pas plus. Ce qui est plus inquié- tant dans les stations, dans les Alpes notamment, c’est la concen- tration de la saison sur trois mois. Dès la mi-mars, la fré- quentation est en baisse.Au prin- temps, les gens ont maintenant tendance à partir au soleil avec le développement des vols low- cost. Sur ce sujet, il me semble qu’il y a un déficit de communi- cation sur l’arrière-saison où le ski est certainement différent, mais tout aussi apprécié par les clients présents à cette période (c’est ce qui ressort de nos enquêtes). L.P.P. : En moyenne montagne, ce sont les conditions climatiques aléatoires qui rendent aussi les stations fragiles. Existe-t-il des solutions ? F.P. : Dans les Pyrénées, il y a un
François Poursain est responsable du cabinet de conseils Contours.
exemple intéressant d’une ini- tiative prise par 7 stations qui se sont regroupées au sein d’une S.E.M. baptiséeN’Py.Via ce grou- pement, elles font des économies d’échelle pour acheter du maté- riel par exemple, pour la for- mation du personnel. Ce regrou- pement a commencé par une centrale d’achat, puis ils ont développé une politique com- merciale commune, créé une car- te “N’Py, no souci”, vendue 30 euros en début de saison et qui permet ensuite de pratiquer le ski à tarif réduit dans ces 7 stations et être débité en fin de mois selon sa consommation.
Cette idée d’appartenance à un club vous proposant des services privilégiés plaît beaucoup. Ce regroupement a permis de redon- ner de vraies marges de manœuvre financières à ces sta- tions. Si des stations comme Métabief pouvaient envisager ce genre de partenariats avec par exemple Les Rousses et les Monts Jura, ça pourrait sans doute également marcher.Quand une station est en dessous de 10 millions d’euros de chiffre d’affaires, la solution ne peut être que dans les regroupe- ments.
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