La Presse Pontissalienne 195 - Janvier 2016

L’ÉVÉNEMENT O.N.F.

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La Presse Pontissalienne n° 195 - Janvier 2016

Des cèdres de l’Atlas

«Des maisons bien conçues pour votre confort »

La forêt du Haut-Doubs devra s’adapter au climat Modification du régime annuel de pluviométrie, bilans hydriques de plus en plus déficitaires, augmentation des événements climatiques extrêmes comme des épisodes de pluies violentes, des sécheresses extrêmes, des vagues de chaleur ou des vents forts… La forêt souffre et doit s’adapter à ces changements. L’O.N.F. y veille et agit.

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P our faire face à ces boulever- sements liés au réchauffement climatique, l’Office National des Forêts étudie d’abord la structure des peuplements existants et dresse un diagnostic qui permettra d’évaluer les perspectives d’avenir du peuplement selon des critères précis expliquent les techniciens : “Le stade de développement tout d’abord à savoir s’il s’agit d’un jeune peuplement, d’un peuplement adulte ou proche de la maturité et du temps nécessaire pour atteindre la maturité.” Il est également indispensable de jauger les risques de perte de production ou de valeur des produits en cas de dépérissement. “Sans oublier de définir la vulnérabilité aux

ments volontaires d’espèces. Il faut déjà s’y préparer, en maintenant et valorisant les essais de provenance et les arboretums. “Ils peuvent en effet nous apporter de précieuses informa-

plusieurs années en Petite Montagne du massif du Jura. “Dans les contextes difficiles des stations sèches et chaudes, il s’agit de trouver une alternative aux épicéas victimes des scolytes, aux sapins pectinés qui ont des problèmes de repri- se et de sensibilité à la sécheresse, alors que les tentatives de valorisation par les pins se montrent décevantes car ces arbres sont sensibles aux neiges lourdes.” Un handicap en effet insurmontable dans le Haut-Doubs. De bons résultats sont en revanche observés pour la croissance des pins laricio de Calabre et noirs d’Autriche et du cèdre de l’Atlas, tandis que les autres essences se situent nettement en retrait. “Ces essais ont montré que

aléas et la capacité de régénération naturelle.” Ce bilan effectué, les techniciens doi- vent justement travailler à limiter la fragilité : “En préservant le capital sol et en évitant le tassement ou encore avec une gestion raisonnée du bois éner- gie par exemple.” Dans ce même sou- ci, l’O.N.F. accroît la surveillance phy- tosanitaire “Et nous favorisons le mélange d’essences en privilégiant l’étagement de la végétation par strates, pour améliorer la résilience des peu- plements et mieux affronter les catas- trophes naturelles.” À plus long terme, l’ampleur des chan- gements annoncés imposera proba- blement de recourir à des déplace-

le cèdre mérite d’être étudié dans ces régions comme une alternative à la plantation de pins. Ils restent à élar- gir pour tester le comportement de ces essences sur des stations plus favo- rables à la production forestière” notent les techniciens de l’O.N.F. Un essai tes- tant sept provenances de cèdre de l’Atlas en dehors de la zone méditer- ranéenne a été installé sur plusieurs sites, dans le Doubs notamment. De leurs résultats dépendra sans doute la configuration des forêts des géné- rations futures. Celles qui connaîtront peut-être des climats aujourd’hui visibles dans les pays du Sud de l’Europe. Avec alors la végétation qui va avec.

tions sur les essences de reboisement utili- sables en cas de dépé- rissements massifs.” Ainsi, des essais com- paratifs d’introduction de cèdres de l’Atlas et du Liban, de pins lari- cio de Calabre et noir d’Autriche, de sapins pectinés, de Bornmül- ler et de Nordmann ont été installés depuis

Des essais pour adapter les espèces.

Frasne Station de recherche La tourbière de Frasne au cœur de la tourmente climatique Le vaste programme de recherche lancé en 2008 consiste à simuler le réchauffement sur de petites zones de la tourbière de Frasne. Les enjeux sont planétaires.

L es effets induits par le dérèglement climatique dans les tourbières sont loin d’être anodins en considérant la surface occupée par ces milieux en Scandinavie, au Canada et surtout en Sibé- rie. D’où l’importance des mesures effectuées à Frasne. “C’est l’une des tourbières les plus étudiées en Europe. Les tra-

matique. Les tourbières à sphaigne produisent de la tour- be qui va se décomposer très lentement. Cette matière orga- nique, c’est du carbone. Si les températures et la pluviomé- trie changent, ces énormes stocks pourraient se dégrader en libé- rant massivement du CO2 dans l’atmosphère. Si ces dégage- ments de gaz à effet de serre

vaux menés à Frasne font l’objet de publications dans des revues mondialement connues de type Nature” , justifie Daniel Gilbert, professeur au laboratoire chro- no-environnement de Besançon. Les tourbières constituent de véritables pièges à carbone dont le fonctionnement est suscep- tible d’être profondément per- turbé par le réchauffement cli-

Les chercheurs effectuent toutes sortes de mesures et prélèvements au niveau de la végétation, des dégagements gazeux, de la qualité de l’eau et de la matière organique.

sont anecdotiques à l’échelle de Frasne, il faut imaginer ce qui pourrait se passer au Canada ou en Sibérie où le réchauffe- ment est plus marqué car on se rapproche des pôles. D’où l’intérêt du programme scien- tifique engagé depuis 2008 à Frasne. Ces travaux sont pilotés par l’Institut des Sciences de la ter- re d’Orléans en collaboration avec d’autres équipes dont le laboratoire Chrono-Environne- ment de l’Université de Franche- Comté. Six serres ont été ins- tallées. Les chercheurs effectuent toute une batterie de mesures et de prélèvements. “On étudie les changements au niveau de la végétation, de la flore, de la faune microbienne. On regarde

si les plantes vasculaires ne sup- plantent pas les sphaignes car c’est un facteur dégradant de la tourbière. On suit également de très près la hauteur de la nap- pe d’eau. La station de Frasne est une propriété publique où l’on pourra donc poursuivre sans

matériel qui sera fonctionnel en 2016, on aura le bilan journa- lier des entrées et sorties en CO2.” D’autres dispositifs identiques vont être installés en Sologne, dans les Pyrénées et en Bre- tagne. L’idée étant de couvrir tous milieux naturels. Les chercheurs alimentent aus- si en informations, la commu- ne de Frasne et le Syndicat Mix- te des milieux aquatiques du Haut-Doubs qui travaillent à la préservation de ces écosystèmes riches mais si fragiles. “On peut mesurer l’impact des aménage- ments avec des données très pré- cises. Cette tourbière nourrit aus- si une fructueuse coopération avec les chercheurs des univer- sités de Lausanne et Neuchâ- tel.”

souci les recherches sur 20 ou 30 ans.” Les chercheurs tra- vaillent actuelle- ment à la mise en place d’un système pour mesurer le carbone qui rentre et sort de la tour- bière. “Il s’agit d’un mât équipé de cap- teurs situés à deux ou trois mètres de hauteur. Avec ce

Six serres ont été installées.

Station météo et ponton de recherche de la tourbière de Frasne.

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