La Presse Pontissalienne 195 - Janvier 2016

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La Presse Pontissalienne n° 195 - Janvier 2016

Marché de l’emploi 4 157 demandeurs d’emploi

Des tensions dans un Haut-Doubs relativement épargné Si des incertitudes apparaissent pour 2016, la situation est loin d’être catastrophique au bilan de l’emploi 2015 sur le Haut-Doubs qui affiche des statistiques toujours aussi insolentes au regard du contexte national.

E st-ce le calme avant la tempê- te sur le front de l’emploi fron- talier ? On entend tout et son contraire. Certains annoncent une crise profonde et durable, d’autres claironnent qu’il n’y a pas péril en la demeure. Qu’il s’agit d’une pause avant la reprise. Stéphane Nageotte le direc- teur de Pôle emploi Pontarlier est moins optimiste. “Pour l’instant, il n’y a pas d’impact en terme de volumétrie d’ins- criptions. On n’a pas vu débarquer une vague de frontaliers sans emploi. On enregistre en revanche des remontées d’inquiétudes dans des agences de pla- cement suisse.” Qu’en est-il de l’évolution de l’activité économique en suisse frontalière ?Trop tôt pour établir un pronostic. Le spé- cialiste de l’emploi estime qu’il faudra attendre février pour en savoir davan- tage car les entreprises appliquent alors les décisions prises en fin d’année. “On sait qu’il y a actuellement une difficulté dans l’horlogerie et qu’elle se répercu- te d’abord sur les petites entreprises. Les grandes manufactures ne sont pas encore en posture de devoir licencier massivement. D’autres secteurs sont plus touchés comme les machines-outils ou la mécanique générale qui subissent l’impact du franc fort.” En 2015, la part des demandeurs d’em- ploi frontaliers reste relativement stable. Elle varie de 27 % à 28 % sur Pontarlier et de 30 % à 35 % sur Mor- teau. On recense 3 700 demandeurs

d’emploi frontalier en Franche-Comté dont la moitié vit sur le Haut- Doubs. Rien d’étonnant à cela car c’est aussi sur ce territoire qu’on trou- ve les plus gros effectifs de frontaliers. En octobre 2015, le bas- sin pontissalien comp- tait 4 157 demandeurs d’emploi de catégorie A, B, C. La part des femmes s’élève à 52 %, celle des jeunes de moins de 26 ans à 20 %, des chômeurs longue durée à 15 % et les seniors représentent

vite qu’ailleurs à cause de l’attrait de la Suisse.” Stéphane Nageotte semble assez confiant sur la capacité du Haut-Doubs à générer de l’emploi. “On observe qu’il y a des entrées mais aussi des sorties. Il y a des opportunités liées pour l’es-

sentiel au secteur tertiaire où travaillent 69 % des salariés pontissaliens. C’est le second bassin comtois avec un tel niveau d’emploi de service.” Cette concentration s’explique bien sûr grâ- ce à la dynamique commerciale de Pon- tarlier.

Des inquiétudes dans les agences de placement suisse.

Chômeur, affine ton profil et sois mobile À Pôle emploi, lʼheure nʼest plus à la chasse aux offres mais dans la pro- motion de profils, cʼest-à-dire lʼaccompagnement des demandeurs dʼem- plois pour répondre aux offres. “On a mis en place, par exemple, des conseillers dʼemplois dédiés aux entreprises. On va intensifier ces échanges en 2016.” Avec Internet, Pôle emploi a gagné en efficacité. Stéphane Nageotte aime à citer lʼhistoire de ce couple de frontaliers licenciés de la Suisse et qui grâce à lʼaccompagnement de Pôle emploi sʼoccupe aujourdʼhui dʼun magasin Biocoop à Brive-le-Gaillarde où ils emploient quatre salariés. Les salons en ligne commencent à faire leurs preuves. Ces entretiens déma- térialisés entre employeurs et demandeurs dʼemploi ont déjà été testés avec succès dans le Haut-Doubs pour des recrutements dans les secteurs de la res- tauration rapide et de lʼinformatique. “Pour des postes hautement qualifiés, ces salons permettent dʼélargir considérablement la zone de recrutement.” Pôle emploi a également noué des partenariats avec des organismes pour favoriser la mobilité des demandeurs dʼemploi. Diagnostic mobilité, aide au financement du permis de conduire ou à la location de moyens de déplacement, grâce à ces services, plusieurs demandeurs dʼemploi du Haut-Doubs ont retrouvé le che- min du travail.

20 % de l’effectif. Au second trimestre, avec un taux de chômage de 7,1 % contre 9,4 % en Franche-Comté et 10 % en France, Pon- tarlier a toujours le sourire. La capi- tale du Haut-Doubs devance même sa voisine mortuacienne où le taux de chômage atteint 7,4 %. Seul bémol, l’évolution sur un an du taux de chô- mage qui a progressé plus vite dans le Haut-Doubs que partout ailleurs en Franche-Comté. Pontarlier est à + 12,% et Morteau à + 12,9 %. “On doit rela- tiviser les chiffres du Haut-Doubs où la population active a progressé plus

“En 2015, on n’a pas vu débarquer une vague de frontaliers”, indique Stéphane Nageotte, le directeur de Pôle emploi Pontarlier

“On ne voit pas de signe d’amélioration” Horlogerie Un manque de lisibilité

Sans oublier de regarder dans le rétro, le secrétaire général de la convention patronale de l’industrie horlogère suisse n’est pas franchement optimiste pour l’année 2016. Exportations horlogères :

Autre indicateur imparable : l’emploi temporaire en net recul avec des agences de placement en souffrance. François Matile rappelle aussi qu’au cours des quatre dernières années, l’horlogerie suisse a généré la création de milliers d’emplois. “En 2008-2009, la crise finan- cière avait provoqué la disparition de 4 000 postes de travail avec 50 % de licenciements et 50 % de non-rempla- cement. Deux ans plus tard, on retrou- vait le même niveau d’emploi d’avant la crise.” L’horlogerie suisse a toujours été mar- quée par des soubresauts d’activité. Quand la situation se dégrade, les petites entreprises à dimension fami- liale qui exercent dans la sous-trai- tance souffrent davantage que les grands groupes qui ont la possibilité de jongler entre différents sites de pro- duction. “C’est compliqué de dire si les difficultés vont s’amplifier en 2016. Les échos qu’on peut entendre ici ou là ne sont malheureusement pas très encou- rageants” , conclut François Matile. François Matile est le secrétaire général de la convention patronale de l’industrie horlogère suisse.

“P our l’instant, on ne sait pas trop comment la situation va évoluer. En tout cas, on ne voit pas de signe d’amélioration” , explique Fran- çois Matile. Les raisons de la morosi- té horlogère en 2015 sont multiples. Il y a d’abord eu le choc du 15 janvier avec le renchérissement de la monnaie suisse qui a pris 20 % face à l’euro. À cela s’ajoutent les turbulences sur les marchés en Russie, en Chine, enAmé- rique du Sud, sans oublier l’Europe. L’effet retard sur la partie production est maintenant terminé. Conséquen- ce : un nombre relativement important

premier coup de frein depuis 2009 E n novembre, pour le cinquième mois consécutif, les exportations horlo- gères sont en repli. Contrairement aux quatre années précédentes, la valeur des exportations de la branche nʼa pas dépassé les 2 milliards de francs, soit une contraction de 5,6 % par rapport à 2014. Ce constat illustre bien le contexte international difficile dans lequel évolue lʼhorlogerie suisse. Deux rai- sons expliquent cette situation tendue. Dʼabord un facteur conjoncturel qui péna- lise des marchés comme Hong Kong, la Chine ou la Russie. À cela sʼajoute lʼim- pact négatif du franc fort qui réduit dʼautant les bénéfices des entreprises horlogères. Les exportations vers Hong Kong, première destination, chutent de 30 %. Les États-Unis, second marché, sont toujours dans une spirale négative. Les autres destinations sont en meilleure posture : Italie + 2,3 %, Royaume- Uni + 14,3 %, Japon + 8,9 %. Seule lʼAllemagne est en retrait avec - 4,2 %. Les principales gammes nʼont connu aucune évolution positive que ce soit en valeur ou en nombre de pièces. Les exportations devraient finir lʼannée 2015 en recul par rapport au record établi lʼan dernier avec 22,2 milliards de francs. À fin novembre, elles atteignaient 19,8 milliards, soit une baisse de 3,3 % sur les dou- ze derniers mois. Si la tendance se confirmait en décembre (les chiffres nʼétaient pas encore tombés), elle mettrait un terme à une dynamique exportatrice en constante progression depuis 2009.

d’entreprises a dû pro- céder à des licenciements ou a opté pour du chô- mage partiel. “Onmesu- re difficilement l’ampleur de ce critère car il n’ap- paraît pas dans les sta- tistiques. Mais il y a eu incontestablement un coup de frein qui se tra- duit par un gel des embauches.”

Des agences de placement en souffrance.

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