La Presse Pontissalienne 195 - Janvier 2016

DOSSIER DOSS

La Presse Pontissalienne n° 195 - Janvier 2016

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La vallée toujours à l’heure du plein-emploi Sans la qualifier d’euphorique, la situation économique dans la vallée de Joux ne suscite pas trop d’inquiétude. Il n’y a sans doute jamais eu autant d’emplois dans cet eldorado horloger. Vallée de Joux Un taux de chômage à 3,6 %

L e secret des affaires hor- logères est toujours bien gardé dans la vallée,com- me sur tout l’Arc jurassien d’ailleurs. Toute ten- tative d’approche économique prend des allures de parcours du combattant qui n’aboutissent souvent à pas grand-chose. Il n’empêche, avec un taux de chô- mage à 3,6 % en novembre der- nier, la vallée de Joux affiche une belle santé professionnel- le, bien au-dessus du niveau cantonal à 4,9 %. À titre com- paratif, les cités horlogères de La Chaux de Fonds et du Locle se situent dans le même temps à 7,2 % et le Val-de-Travers à 5,9 %. “ On dénombrait 7 800 emplois en 2013 et je pense qu’au- jourd’hui, on ne doit pas être loin de 8 000 avec un taux de frontaliers légèrement supérieur à 50 %. Il n’y a sans doute jamais eu autant d’emplois dans la val- lée de Joux. Et les entreprises ont fait de très gros efforts pour garder les gens lors des dernières

crises” , explique Éric Duruz. Sans être dans le secret des grandes manufactures locales, le directeur de l’Association pour le Développement des Activités Économiques de la Vallée de Joux (A.D.A.E.V.) œuvre au quo- tidien pour valoriser ce bassin horloger probablement unique en son genre dans son contex- te géographique. “Il n’y a pas d’alerte dans notre région même si les sous-traitants qui inter- viennent dans d’autres branches, par exemple celles des machines ont peut-être été plus impactés

du syndicat Unia, on partage aussi ce sentiment d’une vallée relativement épargnée. “Pour le moment, la situation est loin d’être dramatique. C’est plus ten- du chez les petits sous-traitants où deux entreprises ont eu recours au chômage partiel. Dans les grosses sociétés, il y a aussi eu des embauches ou des recrute- ments de temporaires. Certaines s’en sortent même plutôt bien” , note Noé Pelet, secrétaire syn- dical Unia au Sentier. Les deux interlocuteurs rappellent que la petite contraction observée dans les exportations horlogères en 2015 s’inscrit dans une dyna- mique de croissance ininter- rompue depuis 2011.Voire plus. “Hormis le coup de frein suite à la crise financière de 2008-2009, on est dans une tendance géné- rale qui a toujours été positive depuis 20 ans. Si maintenant, il y a un peu moins d’engage- ments, ce n’est pas catastro- phique. L’horlogerie suisse res- te une branche stable qui peut être sujette comme les autres à

Éric Duruz est le

directeur de l’Association pour le Développe- ment des Activités Économiques de la Vallée de Joux (A.D.A.E.V.).

des accidents de parcours” , esti- me Éric Duruz. Pour lui, les médias ne sont pas étrangers à l’amplification d’une crise qui n’est pas encore avérée dans les faits. “Je ne constate pas cela. On ne doit pas s’inquiéter par- ce qu’il n’y a plus une progres- sion à deux chiffres. Il peut aus- si y avoir des investissements reportés. On a vécu une grosse phase de constructions indus- trielles au cours des dernières années. Ce qui sous-entend

par le franc fort.” Le renchérissement de la monnaie suis- se n’améliore pas la compétitivité des entreprises. “Cela a surtout un impact dans la zone euro. Mais il y a d’autres effets qui se combi- nent avec le cours des monnaies. C’est difficile de l’isoler du reste.” Du côté

aujourd’hui d’organiser les ate- liers en conséquence.” Il semontre même optimiste sur l’évolution de l’activité économique horlo- gère en pronostiquant une légè- re croissance. “Parce qu’il reste toujours un gros potentiel d’ache- teurs dans le monde.” Sur le plan social, Noé Pelet joue la prudence. “On constate que le salaire médian horloger est passé de 5 300 à 5 000 francs en 2015. On peut expliquer cette baisse avec l’automatisation des

lignes de production qui requiert une main-d’œuvre moins qua- lifiée. Mais si la tendance se confirme à l’avenir, on pourra vraiment parler de sous-enchè- re salariale” , conclut le syndi- caliste par ailleurs toujours très inquiet des risques de contin- gentements qui pèsent sur les travailleurs frontaliers suite à la votation du 9 février 2014. “Unia défend bec et ongles la libre circulation des personnes.” F.C.

Une vallée relative- ment épargnée.

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