La Presse Pontissalienne 192 - Octobre 2015

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La Presse Pontissalienne n° 192 - Octobre 2015

“Notre premier objectif est de baisser le taux de mortalité” Arlette Le Mouel, présidente de l’association pour le dépistage des cancers en Franche-Comté (A.D.E.C.A.) et Raouchan Rymzhanova, le médecin qui coordonne les actions, présentent les enjeux du dépistage du cancer du sein. Le mois d’octobre est dédié à cette cause à travers l’opération Octobre rose. SANTÉ - MOBILISATION CONTRE LE CANCER DU SEIN

L a Presse Pontissalienne : Où en est-on en Franche-Comté vis-à-vis du cancer du sein ? Arlette Le Mouel : C’est le cancer le plus diagnostiqué chez les Franc-Comtoises. On estime qu’une femme sur huit va être touchée par ce cancer. Et comme on ne peut pas prévenir l’apparition du cancer du sein, tout doit être mis en œuvre pour qu’on le dépiste le plus tôt possible. Plus on détecte tôt un cancer, moins les traitements sont lourds et

mammographie.

mutilants. Le rôle de l’A.D.E.C.A., une structure créée en janvier 2003, c’est justement de promouvoir et développer le dépistage. Sur la base des fichiers que nous fournissent les caisses d’assurance-maladie, toutes les femmes âgées entre 50 et 74 ans reçoivent un courrier tous les deux ans qui les invi- tent à venir faire un dépistage. Enmême temps que l’invitation, nous leur four- nissons une liste de radiologues auprès desquels elles peuvent aller faire leur

L.P.P. : Comment agit ensuite l’A.D.E.C.A. ? A.L.M. : Après première lecture des résul- tats de la part des praticiens, les radio- logues qui collaborent à l’A.D.E.C.A. réalisent une deuxième lecture si l’examen s’avère normal. Tous les ans, l’A.D.E.C.A. relit 50 000 mammogra- phies. Cette deuxième lecture, qui n’existe pas pour les dépistages individuels, don- ne une seconde chance de détecter un problème s’il y en a un. 5 % des cancers du sein détectés depuis 2003, soit 200 cas, ont été découverts ici à l’A.D.E.C.A. suite à cette deuxième lecture. On s’aperçoit aussi qu’au fil des ans, la taille des tumeurs diminue, preuve que le dépistage est de plus en plus efficace. Tous les résultats remontent ensuite à l’institut de veille sanitaire. L.P.P. : Combien de femmes sont concernées par le cancer du sein ? Raouchan Rymzhanova : Sur le plan national, on détecte 49 000 nouveaux cas chaque année. C’est le premier can- cer chez la femme en France et la pre- mière cause de décès par cancer, avec 12 000 décès par an sur les 63 000 décès par cancer. Notre premier objectif est bien de baisser ce taux de mortalité. L.P.P. : Les Franc-Comtoises répondent-elles bien à l’appel de l’A.D.E.C.A. ? R.R. : Dans notre région, plus de 6 femmes sur 10 participent au dépistage. C’est mieux que sur le plan national qui pré- sente un taux de 51,9 % en moyenne, mais encore insuffisant. Il faudrait arri- ver à au moins 70 %. Dans des pays comme les Pays-Bas par exemple, le taux de participation atteint les 80 %, ce qui a pour conséquence de faire bais- ser le taux de mortalité de 31 %. D’où la campagne de communication autour d’Octobre rose que nous organisons tous

Le taux de réponses positives pour effectuer le dépistage organisé des femmes en Franche-Comté en 2014 (source A.D.E.C.A.).

En ville parfois, ce taux n’est pas très élevé non plus parce qu’il y a des per- sonnes de milieu défavorisé qui sont éloignées de la démarche. C’est dans le secteur de Jussey en Haute-Saône que le taux de dépistage est le plus faible car c’est une zone où il y a peu de radio- logues et où le taux de précarité est assez élevé. L.P.P. : La ministre de la Santé a annoncé fin septembre que toutes les femmes quel que soit leur âge seraient pris en charge intégralement pour les dépistages. Qu’en est-il ? A.L.M. : Cette annonce reste à confirmer. Il s’agirait de prendre en charge finan- cièrement le dépistage automatique avant 50 ans mais à condition qu’il y ait des antécédents familiaux. Cela va dans le bon sens. En Europe du Nord, les dépistages sont pris en charge à par- tir de 40 ans. L.P.P. : Où en est la recherche sur le cancer du sein ? R.R. : On avance dans le dépistage, puis dans le diagnostic avec la mise en pla- ce de protocoles de soins de plus en plus ciblés et adaptés à chaque cas. Mais rien n’existe encore concernant la pré- vention de l’apparition du cancer. Le cancer du sein, contrairement à celui

les ans. L’objectif est aussi d’inciter les femmes qui seraient réticentes en leur disant : “Si vous ne faites pas ça pour vous, faites-le aumoins pour vos proches, vos enfants.” L.P.P. : Pourquoi quatre Franc-Comtoise sur dix sont-elles encore réticentes à se faire dépis- ter ? A.L.M. : Car la mammographie systé- matique pose encore question du fait de la peur des cancers radio-induits (provoqués par les radiations), alors même que l’institut national du cancer et les principales autorités sanitaires françaises concluent que la balance entre bénéfices et risques penche lar- gement en faveur du dépistage. Le dépis- tage une fois tous les deux ans est à notre avis le meilleur compromis pos- sible. L’autre frein, c’est la peur que res- sentent certaines femmes à faire une mammographie, estimant que cet exa- men est douloureux. Faire une mam- mographie oblige juste à comprimer les seins car on ne peut pas faire autre- ment, mais ce n’est pas très douloureux. Il y a aussi le fait que dans certains sec- teurs de la Franche-Comté il y a très peu de radiologues et les femmes sont parfois réticentes à faire une grande distance pour aller voir un radiologue.

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