La Presse Pontissalienne 192 - Octobre 2015

La Presse Pontissalienne n° 192 - Octobre 2015 37

Économie

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Un effet ciseau

La scierie Descourvières : rester compétitif en attendant des jours meilleurs Si les volumes d’activité se maintiennent, pas question de s’emballer dans cette entreprise familiale qui peine à valoriser ses sciages sur un marché de l’habitat toujours aussi atone.

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“E n résineux, les volumes de bois transformés res- tent assez linéaires d’une année sur l’autre mais on est toujours confronté à de fortes tensions sur les approvisionnements” , constate Jean-Philippe Descourvières, le gérant de cette scierie familiale où travaille également son frère Sylvain. Le malaise remonte toujours à la tem- pête de 1999 avec des pertes qui n’ont jamais été vraiment compensées pour toutes sortes de raisons : difficultés de réimplanter les parcelles touchées, manque d’investissement, morcelle- ment de la forêt privée… “On manque de matière, donc les prix des grumes sont élevés. En face, on n’a pas une for- te demande, ce qui fait qu’on ne peut pas trop augmenter le prix des sciages. C’est l’effet ciseau.” La scierie Des- courvières se fournit en priorité auprès de l’O.N.F. et en Suisse pour 10 à 15 % de ses besoins. “Comme on achète tou- jours en euros, on n’a pas subi le ren- chérissement du franc suisse. On craint seulement une baisse des volumes exploi- tés chez nos voisins.” Le contexte est donc assez tendumême si l’entreprise de Goux limite la casse en se positionnant davantage sur le marché de la rénovation moins touché que celui de la construction neuve. “C’est peut-être ce qui nous sauve” , pour- suit le scieur toujours convaincu que

mante. La polyvalence est de mise. “On est en capacité de répondre à toutes les demandes en sciages bien sûr mais aussi en séchage, rabotage. On adhère au groupement Jura Supérieur qui regroupe une douzaine de scieries rési- neuses duDoubs et du Jura.” Lamarque Jura Supérieur repose sur un cahier des charges très strict. Elle est aussi présente sur les grands événements que sont Batimat à Paris et le Carre- four du bois à Nantes. À Goux, le bois de charpente repré- sente 70 % de la production. Le reste se répartit entre le bois d’emballage et les connexes, c’est-à-dire la sciure vendue auprès des usines à panneaux et chez les fabricants de pellets. Com- me beaucoup de petits scieurs, Jean- Philippe Descourvières vit dans l’espoir que la mondialisation retrouve des couleurs sur le marché du bois. “Cela permettait de désengorger les marchés nationaux et locaux où se positionnent des grosses unités étrangères faute d’autres débouchés. Si l’on veut rester compétitif, on doit poursuivre nos efforts dans l’amélioration de l’outil.” Deux ans après avoir adhéré à Jura Supé- rieur, il est maintenant convaincu de l’intérêt de travailler en commun. Une petite révolution des mentalités dans l’univers des scieurs encore peu habi- tués à œuvrer collectivement. F.C.

le bois reste un maté- riau de construction d’avenir. Son arrière-grand-père Meinrad Descourvières pensait sans doute la même chose en venant s’installer à Goux pro- bablement au début du XX ème siècle pour ouvrir la scierie familiale. Il transmettra l’outil à son fils Jean qui fera de même avec Meinrad junior, le père de Jean-

En Suisse pour 10 à 15 % de ses besoins.

Philippe et Sylvain. Aujourd’hui, l’entreprise transforme chaque année 20 000 m 3 de grumes pour produire à la sortie 13 000 m 3 de sciages. Elle rentre dans la catégorie des petites unités de sciages même si elle emploie quand même quinze personnes et réa- lise 3 millions de chiffre d’affaires. La scierie Descourvières continuera encore à marquer l’entrée du village pendant de nombreuses années. “On avait songé à déménager mais comme cela s’avérait assez onéreux, on a pré- féré moderniser l’outil de production.” Le parc machines coûte vite cher dans une scierie. Après avoir investi près d’un million euros en 2010, l’entreprise a réinjec- té 130 000 euros cet été pour disposer d’une chaîne d’alimentation perfor-

Sylvain et Jean-Philippe Descourvières devant la nouvelle chaîne d’alimentation installée cet été.

Culture

Le peintre des neiges

Robert Fernier au chevet de Courbet Le peintre pontissalien a acquis le château de Byans où il passera une bonne partie de son temps à réaliser le catalogue raisonné de Gustave Courbet qui fait toujours référence.

L’anecdote rapportée par son petit-fils Gérard Bédat peut prê- ter à sourire. Elle révèle le carac- tère têtu du “peintre des neiges” comme on a coutume de l’identifier et à quel point il aimait son pays comtois. “Après les Beaux-arts de Paris, il a été admis dans le prestigieux ate- lier de Fernand Cormon où on lui a recommandé d’aller peindre loin des tristes paysages du Jura s’il voulait progresser dans son style. Comme il était assez tei- gneux, il a fait le contraire en choisissant de mettre en valeur la Franche-Comté.” Né à Pontarlier en 1895 dans une famille d’hôteliers, Robert Fernier avait de la parenté dans le Val d’Usiers. Il avait déjà peint le château de Byans en 1941 sans savoir à l’époque qu’il en ferait l’acquisition bien plus tard. “Il a eu beaucoup de suc- cès jusqu’à la seconde guerre, ce qui lui a permis d’acquérir des biens. Il avait envie d’avoir un pied-à-terre à Goux-les- Usiers. Quand sa maison pon- tissalienne a été frappée

d’alignement au milieu des années soixante, il a saisi l’opportunité d’acquérir ce châ- teau.” Cette époque correspond à un tournant dans la vie de Robert Fernier. Victime d’un glaucome qui va le rendre aveugle, il va mettre un terme à sa carrière de peintre. Comme il n’a plus besoin d’être aussi souvent à Paris, il séjourne de plus en plus long- temps dans sa propriété du Val d’Usiers où il va réaliser le cata- logue raisonné de Courbet. Ce travail, le premier du genre, lui vaudra une réputation inter-

P reuve de son attache- ment au Val d’Usiers, le peintre pontissalien repose dans le petit cimetière de Goux-les-Usiers. Il s’est fait enterrer les pinceaux

à la main comme tout bon peintre et face contre terre com- me tout bon Comtois hostile à l’envahisseur français que fut Louis XIV lors de la conquête de la province en 1678.

nationale. À par- tir de quoi Robert Fernier va s’investir dans la création du musée d’Ornans. “Il a été le moteur de la réhabilitation de Courbet” , estime Gérard Bédat. Il figure aussi parmi les fondateurs du

Face contre terre comme tout bon Comtois.

Robert Fernier et “Bibi” son épouse dans leur propriété du Val d’Usiers.

salon des Annonciades qui constituait le rendez-vous cul- turel incontournable de l’Est de la France. “Des journaux marseillais dépêchaient des envoyés spéciaux jusqu’à Pon- tarlier pour couvrir l’événement.” Enfin, impossible de parler de

Fernier dans le Haut-Doubs sans évoquer son rôle joué dans la création du musée munici- pal de Pontarlier. Le château de Byans comme on l’appelle est devenu une maison de vacances pour ses descendants.

Carte d’invitation réalisée par l’artiste pour rallier le château de Byans.

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