La Presse Pontissalienne 192 - Octobre 2015

36 UNE COMMUNE À L’HONNEUR

La Presse Pontissalienne n° 192 - Octobre 2015

En passant par Goux-les-Usiers

Mairie Cohérence territoriale La fusion peut-être,

la confusion jamais

Engagé dans son second mandat de maire, Éric Bourgeois s’inquiète des conséquences de la loi NOTRe tout en reconnaissant l’intérêt de réfléchir à une fusion entre les trois Usiers.

P our lamaire de Goux, c’est clair, cette nouvelle réforme terri- toriale ne va pas dans le sens de la ruralité et de la proxi- mité. Il doute même de son efficacité économique. “Je prends souvent l’exemple de l’eau qui est gérée en régie à Goux.Avec ce fonctionnement, l’usager paie 1 euro par m 3 et 1,20 euro par m 3 pour l’assainissement. Ce qui prouve que les communes savent faire. On n’a aucun souci budgétaire. Je doute qu’on arrive à ce niveau en transférant cette compétence au niveau intercommunal.” Le maire de Goux veut garder la main. Toujours ravi d’être aux commandes de la commune, “cela restera le plus bel engagement de ma vie au service des autres” dit-il. Il craint de voir les communes vidées de toute substance avec cette loi NOTRe. “Elle dessert la proximité. Après cela, les habitants ne pourront plus venir voir l’élu de la com- mune pour répondre à un souci com- munal. Le seul point positif de cette réforme, c’est qu’elle forcera les gens à travailler ensemble au-delà de l’esprit de clocher.” Pour autant, même si le sujet reste très sensible, il estime en pesant ses mots qu’il ne serait pas “inintéressant d’étudier l’idée d’un regroupement à l’échelle duVal d’Usiers. Il faudrait que chacun y trouve son compte.” Si cette partie est loin d’être gagnée, elle mériterait une table ronde. Éric Bourgeois sait l’importance du dia- logue avec les habitants. “Pour moi,

Éric Bourgeois devant la mairie-école inscrite à l’inventaire des monuments historiques depuis 2005.

un maire c’est une vision, savoir comp- ter et de la pédagogie pour expliquer certains choix qui peuvent paraître novateurs. Je pense, par exemple, à la décision prise en 2012 de couper l’éclairage public de minuit à cinq heures. Il n’y a pas de petites économies et tout le monde a su s’adapter à cette disposition.” Ne lui parlez pas non plus des baisses de dotations. “On a perdu 10 000 euros en 2015 et autant l’an pro- chain. Sur le papier, cela ne représen- te pas forcément beaucoup mais cela correspond à l’annuité d’un prêt de 100 000 euros qu’on ne fera plus.” Dans la même période, Goux a réduit ses investissements de 37 %même si tout n’est pas imputable à la baisse des dotations. “La mise aux normes acces- sibilité va nous obliger à réaliser des travaux dans tous les bâtiments publics communaux” , poursuit celui qui contes- te aussi l’inégalité de traitement entre les petites et grandes communes. “Les

pas l’intention de lancer de nouveaux lotissements. “On n’a plus de foncier communal et les privés ont pris le relais car il reste encore pas mal de terrains constructibles.” L’attractivité est aus- si synonyme de charges supplémen- taires. Pour autant, le tableau n’est pas tota- lement sombre. La commune a eu l’intelligence d’investir dans une chauf- ferie bois connectée à la plupart des bâtiments publics : mairie, école, sal- le des fêtes, presbytère, église… Elle dispose aussi d’importantes recettes forestières. “On récupère par ce biais entre 120 000 et 140 000 euros par an, soit 40 % des recettes du budget de fonc- tionnement. On était à 250 000 euros avant la tempête de 1999. La forêt per- met d’alléger la pression fiscale. On peut remercier nos ancêtres d’avoir su préserver et entretenir ce capital.” Il fait toujours bon vivre à Goux et plus globalement dans le Val d’Usiers qui offre une panoplie assez étoffée de ser- vices et a accompli sa fusion associa- tive depuis très longtemps. Éric Bour- geois n’éprouve aucun regret. Il n’oublie pas d’associer son équipe dans la ges- tion des affaires communales. “L’an prochain, on engage la réflexion pour mieux réguler la vitesse des automo- bilistes dans la traversée du bourg.”

Patrimoine Le chef-d’œuvre de Fauconnet

N é en 1701 à Lièvremont, Augus- tin Fauconnet, prodigieux sculp- teur, a consacré cinq années de sa vie à magnifier le mobilier intérieur de lʼéglise de Goux. Le modeste édi- fice offre un ensemble sculptural sans équivalent dans la région : retable avec

huit grandes statues, boiseries laté- rales du chœur, bas-relief, chaire, tout respire lʼharmonie et la finesse du modelé. Sans oublier le lutrin traité avec maestria et qui mériterait pour certains de figurer dans les collections du Louvre.

dotations peuvent varier du simple au double mais les contraintes et les obligations sont les mêmes.” Comme toutes les com- munes proches de la frontière, Goux-les- Usiers gagne en popu- lation : elle compte aujourd’hui près de 720 habitants, soit une pro- gression de 10 % depuis 2009. La commune n’a

“On a perdu 10 000 euros en 2015.”

Le sculpteur a reproduit les scènes bibliques avec une précision diabolique.

F.C.

Ginette Deniset explore le passé avec les outils du futur Personnage 90 ans l’an prochain

Cette Parisienne qui n’a pas été ménagée par la vie coule une retraite active à Goux où elle s’est mise tardivement au dessin, au bricolage, sans oublier à la généalogie informatisée.

E t dire qu’elle a passé sa peti- te enfance dans une hutte de charbonnier, recueillie jus- qu’à l’âge de quatre ans par ses grands-parents qui se déplaçaient sans cesse à la recherche de nouveaux gisements pour produire du charbon de bois. Du bonheur à l’état pur. “J’étais au centre de toutes les attentions. Ils me choyaient” , explique celle qui a vu le jour en 1926 à Paris. De sa jeunesse, elle garde le souve- nir d’avoir grandi dans unmilieu fami- lial instable. Elle se souvient aussi de l’exode, de sa rencontre avec Hen- ri son futur mari avec qui elle aura trois enfants et partagera 54 ans en commun. “Il était originaire du Haut- Doubs et il avait gardé des attaches notamment à Goux où l’on est venu Ginette Deniset s’est mise à l’informatique à 83 ans.

l’arbre sur onze générations. “Du côté de mon père, j’ai pu aller jusqu’en 1400 en retrouvant des liens de parenté avec des Bourgeois de Lille” , explique Ginet- te devant son ordinateur qu’elle a fini par installer dans sa cuisine d’où elle peut voir des gens passer dans la rue. Histoire de ne pas se couper du mon- de, de la vie. Si elle apprécie les performances de l’outil informatique, elle préfère mal- gré tout continuer, quand elle peut,

ensemble pour la première fois en 1948.” Le Val d’Usiers deviendra la destination de vacances estivales pri- vilégiée par la famille Deniset. Assez logique dans ces circonstances que le couple choisisse d’y élire domicile à la retraite d’Henri. “On a commencé la généalogie familiale en 1999 en effectuant des recherches à Goux et au Brey” , poursuit Ginette qui per- dra son mari peu après. Elle conti- nuera à s’intéresser aux racines fami- liales en adhérant au cercle généalogique. C’est là qu’elle fera la connaissance d’un médecin qui lui proposera de se mettre à l’informatique pour gagner du temps. Voilà comment Ginette qui n’avait jamais pianoté sur un clavier s’est mise à l’ordinateur à 83 ans. Pas froid aux yeux. Elle avait déjà relevé le même challenge dix ans plus tôt en se mettant au dessin. Chez les Deniset, elle réussira à remonter

à fréquenter le cercle généa- logique plus humain.Assez manuelle, elle fait aussi partie du club de bricola- ge local où elle s’éclate à fabriquer toutes sortes d’objets décoratifs. “Dans la vie, il ne faut jamais s’aigrir” , conclut celle qui a finalement gardé une cer- taine joie de vivre. Àmédi- ter.

“Ne jamais s’aigrir.”

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