La Presse Pontissalienne 187 - Mai 2015
MOUTHE - RÉGION DES LACS
La Presse Pontissalienne n° 187 - Mai 2015
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TOUILLON-ET-LOUTELET Gros buzz médiatique Les élus prêts à tout pour ralentir la vitesse
Face aux excès de certains automobilistes, le conseil municipal avait choisi de frapper un grand coup en posant nus devant des panneaux de limitation à 30 km/h. Ils assument.
P our éviter qu’une infor- mation fuite dans les médias, il suffit de les mettre dans la confiden- ce et de les associer au scoop. De ce côté-là, les conseillers du Touillon-et-Loutelet ont plutôt bien manœuvré, en diffusant l’information au compte-gouttes. Même les compagnes et com- pagnons des élus n’étaient pas dans le secret des Dieux. Après quelques séances photos chez Camara à Pontarlier, la fameuse banderole qui allait fai- re le tour des médias, a été posée en toute discrétion dans la nuit du 12 au 13 avril sur la façade
de la salle Michel-Jallon, tout près de l’arrêt de bus des sco- laires. Pour le reste, il suffisait juste d’écouter la radio ou de
questions de Laurent Ruquier ou à expliquer le pourquoi du comment à une télévision cana- dienne. Quelques semaines après l’événement, il constate que le message a semble-il calmé les ardeurs des automobilistes pres- sés de traverser le village à des vitesses trop dangereuses. Le jour de la pose de la banderole, des panneaux de limitation à 30 km/h étaient mis en place à l’entrée de Touillon-et-Loutelet. “Maintenant, à nous de faire les aménagements nécessaires. On a prévu d’installer des bacs à fleurs pour faire une chicane,
lire la presse pour constater l’impact de l’opération. “On a reçu beaucoup de sollicitations. Des journaux nationaux et des stations de radio comme R.T.L., R.M.C.” , indique Sébastien Popu- laire, le maire pas très habitué à répondre aux
Répondre aux questions de Laurent Ruquier.
Les conseillers municipaux à l’image de Marie-Laure Vasseur et Olivier Musy ont tous posé devant l’objectif.
ralentisseurs, le maire a voulu marquer les esprits. Son idée a été suivie par tout le conseil. “On était un peu intimidé lors des prises de vue mais le pho- tographe nous a mis en confian- ce. Quand elle a découvert la banderole,mon épouse était rela- tivement surprise tout en pen- sant que c’était courageux de le faire. Globalement, on a des retours plutôt positifs.” Le mai-
re a aussi essuyé quelques cri- tiques de personnes voyant dans ce projet de la politique spec- tacle ou de la dégradation de la fonction. “C’est clair, on assume. L’essentiel, c’est le résultat qu’on a pu obtenir.” Et si c’était à refai- re ? Le maire n’hésite pas une seconde : c’est oui, mais peut- être avec un peu plus de sobrié- té… F.C.
d’aménager un rond-point, de rétrécir la chaussée avec des zébras et d’organiser le station- nement. On lancera ces travaux à l’automne” poursuit Sébastien Populaire qui est à l’origine de cette audacieuse opération de mise à nu. Les élus et nombre de familles déploraient le comportement de certains automobilistes. Plutôt que de se limiter aux panneaux
La banderole est fixée sur la façade de la salle Michel-Jallon au centre du bourg.
Pourquoi ça caille autant à Mouthe ? MOUTHE Explication scientifique À force d’entendre tout et n’importe quoi sur les températures sibériennes enregistrées à Mouthe, Bruno Vermot-Desroches originaire du Haut-Doubs et météorologue a jugé opportun d’apporter quelques explications topographiques sur ce phénomène typiquement jurassien.
L a présence du Doubs amplifie les écarts de tem- pérature. Il fait beaucoup plus froid là où le Doubs prend sa source que dans le res- te du Val de Mouthe. Ces affir- mations farfelues ont le don de hérisser le poil du scientifique qui souhaitait remettre un peu d’ordre dans la maison meu- thiarde. D’où l’idée de sortir avec ses collègues une explication, accessible sur le site de Météo France*. On y apprend déjà que le record de France métropolitaine mesu- ré à Mouthe date du 13 janvier 1968. Le mercure était descen- du à - 36,7 °C. Ce même jour, la température remontait à + 1,1 °C, soit presque 38 °C
d’amplitude thermique. Les sta- tistiques frigorifiques deMouthe font froid dans le dos. Il gèle un jour sur deux et l’on y dénombre en moyenne 24 jours sans dégel par an. Le seuil de - 30 °C est franchi en moyenne une année sur huit… Avec l’Alsace, la Franche-Com- té est la région française la plus éloignée de la mer. Ce qui
nomène d’altitude accentue le froid observé sur le Haut-Doubs. Mouthe est située dans le fond d’une combe en forme de cuvet- te où l’air froid s’accumule plus facilement. “On retrouve cette configuration à La Brévine, à la combe de Lamoura, sur le pla- teau de Grandvaux ou le pla- teau de Maîche” , indique le météorologue. Sauf que la plu- part de ces sites n’ont pas de stations météorologiques. Le profil de ces combes à fond plat favorise la déperdition d’énergie par rayonnement. Surtout la nuit par temps clair et calme où le sol perd plus d’énergie qu’en journée. Les météorologues parlent d’inversion de tempé- rature nocturne.
Il ne fait pas plus froid à la source du Doubs qu’au centre du val de Mouthe. L’impression de froid persistant s’explique par un ensoleillement plus tardif.
explique qu’elle ne bénéficie pas des douceurs mari- times mais subit un climat semi- continental aux températures très contrastées. À la différence du bas- sin rhénan, le phé-
D’autres facteurs accentuent ces pertes par rayonnement : l’absence de végétation au fond du val ou encore la neige au sol. À la différence des vallées
alpines, on apprend aussi que l’absence de fortes pentes dans les combes ou les synclinaux jurassiens ne génère pas de brises qui brassent l’air. Le froid
reste donc figé au sol. “Il ne fait pas plus froid à la source qu’au centre du val de Mouthe sauf que l’ensoleillement y est plus tardif” , conclut le spécialiste.
38 °C d’amplitude thermique.
*http://www.meteofrance.fr/actualites/ 22471664-mouthe-village-le-plus-froid-de-france-explications
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