La Presse Pontissalienne 184 - Février 2015

PONTARLIER

La Presse Pontissalienne n° 184 - Février 2015

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SOCIÉTÉ

Raz de marée chez les buralistes Pontarlier avec Charlie Hebdo Comme partout en France, les Pontissaliens se sont mobilisés suite aux attentats du 7 janvier perpétrés au siège du journal satirique Charlie Hebdo. Le 14 janvier, le nouveau numéro de la publication s’est arraché dans les kiosques du Haut-Doubs.

F in janvier, alors qu’il était en atten- te d’un nouveau réassort, Ber- nard Mangin, le buraliste situé au pied de la porte Saint-Pierre à Pon- tarlier recevait encore vingt demandes par jour de clients qui cherchaient le dernier numéro du journal satirique Charlie Hebdo. “Je suis à 450 exem- plaires vendus. Je n’ai jamais vu cela !” observe le commerçant. Habituelle- ment, il en écoule tout au plus un ou deux par semaine. Au final, ce numé- ro 1 178 avec Mahomet en couvertu- re se sera vendu à plus de 7 millions

ciers. Dans les 48 heures qui ont sui- vi, une policière municipale a été exé- cutée par un troisième homme. Il en tuera quatre autres dans un super- marché casher à l’est de Paris.Au total, 17 personnes auront trouvé la mort lors de ces expéditions punitives. Ce crime abject a bouleversé la Fran- ce. Spontanément, les gens se sont retrouvés dans la rue pour dénoncer en silence ce qu’ils considéraient com- me une atteinte odieuse à la liberté d’expression, un des fondements de notre démocratie, et à ceux qui la font vivre. D’un coup, en France et ailleurs dans le monde on a vu des foules recueillies qui répondaient au même nom “Je suis Charlie.” Ainsi à Pontarlier, le soir du 8 janvier, sous une pluie battante, plus de 2 000 personnes se sont regroupées sur la place d’Arçon devant la mairie pour

d’exemplaires en France et dans le monde. L’hebdomadaire qui assume sur sa une être un “journal irresponsable” est devenu le symbole de la liberté d’expression et d’une forme de résis- tance au fanatisme religieux qui a conduit aux attentats du 7 janvier à Paris au siège de la rédaction de Char- lie Hebdo. Ce jour-là, douze personnes ont été abattues lâchement par deux terroristes. Parmi les victimes figu- raient les dessinateursWolinski, Charb, Cabu, Honoré, Tignous et deux poli-

Plus de 2 000 personnes se sont rassemblées le 8 janvier à Pontarlier. La Presse Pontissalienne avait bouclé son édition du mois la veille au matin, quelques heures avant les attentats. La rédaction n’a donc pas pu réagir à temps à l’horreur de l’imprévisible. Naturellement, ses journalistes étaient eux aussi tous Charlie.

curer Charlie Hebdo. “J’en avais 40. En 10 minutes, j’ai tout vendu” remarque Bernard Mangin. Le raz de marée a été total. En quelques minutes, le numéro 1 178 est devenu introu- vable dans les kiosques de Pontarlier comme partout en France. Pour faire face à une demande phénoménale, le journal sera réédité les jours suivants. Nous verrons bien maintenant quel succès rencontrera le prochain numé- ro de Charlie Hebdo qui doit sortir le 11 février. Espérons que ce souffle en faveur de la démocratie et de la défen- se de la liberté d’expression incarnée aussi par la presse en général ne retom- bera pas comme un soufflé. T.C.

Avec une telle mobilisation qui a fait l’objet d’une couverture médiatique hors du commun, il fallait s’attendre à ce que le numéro de Charlie Hebdo qui allait suivre, réalisé avec courage et détermination par “ceux qui res- tent”, allait s’arracher dans les kiosques. Le journal satirique et ses caricatures, qui vendait en moyenne 30 000 exem- plaires par semaine avant le 7 janvier, allait devenir “le” journal à acheter sans que la majorité des gens, qui ne l’avait jamais lu auparavant, sache ce qu’elle allait trouver à l’intérieur. À l’aube du 14 janvier, en ville des clients patientaient devant la porte des bureaux de tabac qui n’avaient pas encore ouvert leurs portes, pour se pro-

Le buraliste Bernard Mangin recevait encore fin janvier, trois semaines après les attentats, 20 demandes par jour pour Charlie Hebdo.

dire que la barbarie ne triompherait pas des valeurs républicaines qui constituent le socle de notre démocratie. Le samedi 10 janvier, nom- breux étaient les habi- tants du Haut-Doubs à s’être rendus à Besançon pour participer à la mani- festation historique qui a rassemblé plus de 25 000 personnes !

“Tout vendu en 10 minutes.”

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