La Presse Pontissalienne 181 - Novembre 2014
LE PORTRAIT
47 La Presse Pontissalienne n° 181 - Novembre 2014
LA CLUSE-ET-MIJOUX
Les bracelets brésiliens
Annabelle donne une leçon au cancer
Atteinte d’un cancer des ganglions à l’âge de 30 ans, Annabelle Mardelé a vaincu la maladie. Symptômes, fatigue, chimiothérapie, moments de doute, la professeure des écoles de La Cluse- et-Mijoux se confie. Elle raconte son combat et son idée géniale qui a permis de reverser 50 000 euros à la Ligue contre le cancer.
1 7 janvier 2013. Cette date réson- ne encore dans la tête d’Annabel- le Mardelé. Jusque-là, la jeune fem- me est en excellente santé.Maman de Théa (6 ans) et Axel (4 ans), elle file le parfait amour avec son mari David dans une coquette maison de La Cluse- et-Mijoux. Elle a, 13 jours plus tôt, fêté ses 30 ans. Bref, une vie tout à fait pai- sible. Mais ce 17 janvier, Annabelle doit se résoudre à consulter son médecin après qu’une vive douleur à la poitrine la com- presse au point que le seul fait de gra- vir les marches des escaliers s’apparen- te à un calvaire. S’écouter ou user des rendez-vous chez le praticien n’est pour- tant pas son genre. Très vite, elle est conduite aux urgences de l’hôpital de Pontarlier. “Ils pensaient à une embolie pulmonaire” se souvient-elle. Le dia- gnostic est posé : une tumeur compres- se son cœur. D’un coup, tout s’effondre : “Monmari était au travail, je lui envoyais des textos. La première chose à laquelle j’ai pensé et qui me faisait peur : c’est ne plus pouvoir allaiter mes enfants ! On m’a tout de suite annoncé la couleur en me disant que c’était un cancer. J’ai fait une biopsie. Il fallait attendre une semai- ne pour avoir les résultats” expliqueAnna- belle. L’interminable attente débute.Avec cet espoir de ne pas développer un lym- phome incurable. “Je n’osais pas appe- ler l’hématologue, le D r Chéret à Pontar- lier, qui me suivait. Finalement, on m’a annoncé que cancer se soignait : j’en ai pleuré de joie.” Positive de nature,Annabelle qui est aus- si professeur des écoles, décide comme elle le dit “de se lancer dans la bataille.” Elle ignore ce qui l’attend même si le protocole est défini : ce sera huit séances de chimiothérapie à réaliser à l’hôpital de Pontarlier. “Je savais que j’allais perdre mes cheveux mais comme m’a dit le méde- cin, ça, on s’en fout” note-t-elle. Très vite, le produit fait effet. Ses cheveux tom- bent. Sa sœur Corinne se mue en coif- feuse. Le bout de ses doigts devient insen- sible et la fatigue se fait sentir, “preuve
Axel et Théa enlacent leur maman dans leur jardin de La Cluse-et- Mijoux. Annabelle Mardelé : une maman
dotée d’un sacré tempérament…
la Ligue contre le cancer. “Je voyais ce produit couler et je me disais qu’il a fal- lu payer des chercheurs pour trouver ce remède. Le traitement qui m’a sauvé la vie aujourd’hui a été payé par les don- neurs d’hier, alors nous, donneurs d’au- jourd’hui, nous pouvons aider la recherche pour sauver les malades de demain.” Elle confectionne alors des dizaines de bra- celets brésiliens. Rapidement, ses amis l’aident. Viennent ensuite se greffer des anonymes. L’association “Un bracelet contre le cancer” est créée le 11 octobre 2013. Vendus 6 euros, ils trouvent pre- neur d’abord sur facebook. L’effet boule de neige est déclenché : “J’ai retrouvé des personnes avec qui j’étais à l’école qui m’ont soutenue et qui sont venues m’aider” rapporte Annabelle. Les béné- voles deviennent ami(e)s. Près de 50 000 euros sont collectés et remis à la Ligue contre le cancer. L’association obtient même 7 000 “J’aime” sur sa page facebook après être passée au Journal de la santé présenté par Michel Cymès sur France 5. Dans le cadre de l’opération Octobre rose, Annabelle fait porter des soutiens-gor- ge à des hommes. Les images font le buzz . Amusée, la Haut-Doubiste n’en demandait pas tant, elle qui se compa- re à une “chanceuse”. “Il y a pire que moi… Ne le dites pas à ma mère car elle pense le contraire” souffle-t-elle. Sou- riante, joviale, la professeure des écoles tourne aujourd’hui à la dérision le sort
qui lui a été réservé : “Le cancer m’a fait perdre 10 kg. Je rentrais dans du 36 ! Il m’a aussi permis d’avoir 200 points et d’être en poste dans l’école située à côté de chez moi. Sans ça, j’attendais 30 ans.” Le cancer,Annabelle l’a vaincu et le tour- ne à la dérision. Elle reste toutefois avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête. Chacun de ses rendez-vous chez le médecin est redouté par peur d’une éven- tuelle (re)chute. Pour autant, la maman a rangé ce passé douloureux dans un coin de sa tête. Plus concrètement, elle a arraché la tapisserie de sa chambre à coucher pour en remettre une nouvelle. Annabelle ne supportait plus la décora- tion si longtemps observée durant ses nuits blanches. Idem pour ses foulards qui couvraient son crâne dénudé : ils sont à la poubelle. En revanche, elle n’a pas changé son alimentation et avoue se “déstresser” dans la nourriture. De la vie,Annabelle Mardelé en profite à 100 % et avoue l’appréhender différemment : terminé les complaintes pour des “petits tracas”. Sa priorité va à sa famille et aux moments passés avec elle. Mariés depuis 2009, les époux Mardelé n’avaient pas pris le temps d’effectuer leur voyage de noces. Ils y pensent. Quand quelque chose ne tue pas, il rend plus fort. Annabelle le prouve. Un sacré bout de femme. E.Ch. Renseignement : www.1bclc.org
que le traitement fait effet.” La maman qu’elle est ne peut plus jouer son rôle. Son mari, ses deux grandes sœurs, sa maman, ses amis viennent la suppléer dans les tâches du quotidien, et la réconforter. “ Ma famille a très bien joué la comédie, s’amuse après coupAnna- belle. J’avais par exemple un trou dans mes cheveux. Personne ne me l’a dit.” Théa, sa fille, se souvient : “J’apportais à maman son plateau et un verre d’eau sur le canapé car elle ne pouvait pas bou- ger. Elle était trop fatiguée.” Annabelle est attendrie à l’écoute de ses mots. Elle n’a jamais caché sa maladie à ses petits. Elle ne s’est jamais plainte : “Lorsque je disais à ma grand-mère de 92 ans que ça allait, elle ne voulait pas me croire.” Son amie d’enfance Carole Billet qui l’a connue à la maternelle Pergaud de Pon- tarlier l’explique assez bien : “Lorsque je lui demandais si elle allait bien, et qu’elle ne répondait pas, je n’insistais pas. Notre rôle était d’être une oreille attentive, dit-elle. Annabelle nous a don- né une leçon : on se sent ridicule lors- qu’on se plaint d’un petit problème du quotidien” rapporte sa copine d’enfan- ce. Au centre de chimiothérapie, Annabel- le ne peut rien faire sinon attendre que le produit passe dans son corps. Lors de la sixième séance, elle réalise un brace- let pour sa sœur Corinne qui l’accom- pagne. Lui vient une autre idée : en réa- liser d’autres et les vendre au profit de
Bio express
Annabelle Mardelé, née Cretin Naissance à Pontarlier le 4 janvier 1983 Mariée à David, maman de deux enfants : Théa et Axel Professeur des écoles depuis 2006. Elle est en poste à La Cluse-et-Mijoux Présidente de l’association un bracelet contre le cancer
POINTS DE VENTE
ARNAUD DUCRET
MADELEINE PROUST
PATRICK TIMSIT
OLIVIER DE BENOIST
FABRICE ÉBOUÉ
LES STARS
Géant, Carrefour, Forum, Cultura,
Fnac, Leclerc, Magasins U, Digitick, Tickenet,…
INFORMATIONS & RENSEIGNEMENTS : www.ngproductions.fr NG Productions 1 bis rue de la Madeleine 25000 Besançon 03 81 54 20 47
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