La Presse Pontissalienne 181 - Novembre 2014

LA PAGE DU FRONTALIER 42

La Presse Pontissalienne n° 181 - Novembre 2014

Peu de conséquences pour les frontaliers

POLITIQUE FAMILIALE Comparatif avec la France Le canton de Neuchâtel revoit à la hausse ses allocations familiales À partir de 2015, l’aide pour le premier enfant passe à 220 francs suisses par mois, soit 20 francs supplémentaires. Cette mesure vise à pallier les charges toujours plus importantes que les familles suisses doivent supporter. Le point avec Jean-Nathanaël Karakash, conseiller d’État.

L e travailleur frontalier bénéficie en priorité des allocations familiales en Suisse “quʼil touche par le biais de son employeur” explique Valé- rie Pagnot, juriste à lʼAmicale des Frontaliers. En revanche, si son conjoint travaille en France et ses enfants y résident, dans ce cas, cʼest le pays de résidence du frontalier, à savoir la France, qui verse en priorité les alloca- tions familiales. Les allocations suisses ne sont alors plus ver- sées, sauf sous la forme dʼun

nous permettre d’augmenter le coût du travail” synthétise le D.E.A.S. Neuchâtel évite au passage de revêtir le statut de canton le moins solidaire de Suisse même s’il est encore bien loin de l’aide genevoise. Sur ce point, Jean- Nathanaël Karakash se défend : “Nous sommes par exemple le seul canton à permettre un rabais d’impôts pour les enfants.” Pas certain toutefois que ce coup de pouce enraye l’érosion du taux de natalité dans le canton. Il est passé en 2009 de 10,5 naissances (pour 1 000 personnes vivantes) à 9,8 en 2013. C’est environ 1,5 enfant par femme contre 2,01 en France. complément différentiel, lorsque lʼallocation suisse est dʼun mon- tant supérieur à lʼallocation fran- çaise. Concrètement, les fron- taliers ne sont pas désavantagés. Si les calculs sont difficiles entre les caisses, il y a en revanche peu de couacs : “Les dossiers ne traînent pas lorsquʼil faut ver- ser le différentiel. En revanche, il peut y avoir quelques problèmes lorsque la situation profession- nelle du frontalier nʼest pas de stable et évolue souvent” rap- porte la juriste.

V isiblement, le brûlant sujet des allocations fami- liales n’est pas qu’une exception française.Alors que le gouvernement Hollande a suscité de vives réactions cou- rant octobre en proposant la modulation des allocations en fonction des revenus des familles,

canton a coupé la poire en deux en proposant 20 francs. C’est une sorte de compensation car les Neuchâtelois étaient les parents pauvres de la Suisse. “En Suisse, lorsque vous avez un enfant, vous le payez, lâche Jean-Nathanaël Karakash, conseiller d’État et chef des dicas- tères de l’économie, des finances et de l’intégration sociale. Mais au-delà de ce constat, nous savons que les charges pour les familles augmentent. Nous avons donc décidé cette augmentation.” En comparaison, l’aide est de 300 francs pour le premier enfant dans le canton de Genève, de 275 francs dans le Valais et 250 dans le Jura. En fixant à 220 francs, le conseiller d’État Jean-Natha- naël Karakash estime avoir satisfait toutes les parties : “Les initiants qui demandaient 30 francs d’augmentation sont contents mais aussi les entre- prises qui étaient soucieuses de ne pas voir l’augmentation aller trop loin car ce sont elles qui financent” dit ce dernier. Finalement, le canton a fixé à 20 francs l’augmentation et demandé aux initiants de reti-

nos voisins suisses du canton de Neuchâtel ont, eux aussi, été “contraints” de s’emparer du sujet. Ils ont revu à la hausse les allocations familiales de 20 francs, soit 220 francs par mois. Les familles neuchâte- loises en bénéficieront à partir du 1 er janvier prochain.

Tout est parti d’une initiative cantonale déposée en jan- vier 2012 où les requérants récla- maient une hausse de 30 francs suisses (soit 24,80 euros) des allocations actuellement à 200 francs suisses par mois pour le premier enfant (soit 190,60 euros). Finalement, le

rer leur votation. Ce qu’ils ont fait. “Cette solution per- met d’améliorer rapidement la situation des familles tout en levant l’incertitude découlant de l’initiative pour les employeurs” pour- suit le représentant neuchâtelois. La hausse des pres-

“Ne pas augmenter le coût du travail.”

tations provoquera une hausse de la cotisation prélevée auprès des employeurs, qui passe de 0,1 à 0,2 % de la masse sala- riale. “En tant que région indus- trielle, nous ne pouvions pas

Montants pour une famille du canton de Neuchâtel 1 enfant : ................... 220 francs par mois (190 euros) 2 enfants : ................. 440 francs par mois (364 euros) 3 enfants : ................. 690 francs par mois (571 euros) 4 enfants : ................. 940 francs par mois (779 euros)

Pour ses deux enfants (Enora et William), cette maman des Brenets percevra 440 francs suisses par mois, soit 364,60 euros à partir de 2015.

INSOLITE

Manger son chat... En Suisse, le ragoût de chat a la dent dure Rien n’interdit en Suisse de manger son chat ou son chien. L’association

S.O.S. chats à Noiraigue a lancé une pétition pour interdire cette pratique. À l’origine de cette lutte : Tomi Tomek. Rencontre avec celle qui vient de recevoir le soutien de Michel Drucker et de Brigitte Bardot.

D ites à votre “minou” d’éviter de traverser la frontière. Il pourrait bien finir en ragoût, un mets paraît-il apprécié par certains Suisses du canton du Jura, Lucerne ou Appenzell. “Dans le Jura, certains mangent du chat à Noël, surtout la paysannerie. J’ai été en contact avec une fer- mière de Saint-Imier qui m’a parlé de sa recette. Elle m’a dit qu’il fallait prendre des jeunes chats car leurs muscles sont tendres puis les laisser tremper Zoom E n France, une proposi- tion de loi déposée par 19 députés de tous bords (le 3 juin), membres du grou- pe sur la protection des ani- maux, vise à accorder un sta- tut juridique particulier à lʼanimal. Elle fera évoluer un Code civil poussiéreux en matière de droit animal. Une catégorie spécifique aux ani- maux serait créée, afin de les sortir des biens meubles et

chat ou du chien. “Les Suisses allemands font aussi de la sau- cisse de chiens et utilisent la graisse de chiens pour soigner des rhumatismes. La Suisse a beaucoup de difficultés avec ses traditions…” poursuit le défen- seur des animaux qui a lancé une pétition pour stopper ces faits qui demeurent toutefois à la marge. Lancée le 28 août, elle a déjà récolté 14 000 signatures dont celle de Michel Drucker. “Dany Saval (la femme deMichel Drucker) m’a appelée, commen- te Tomi Tomek. Elle était cho- quée. Michel Drucker comme Bri- gitte Bardot ont signé.Nous avons besoin de la solidarité des Fran- çais(es) pour mettre la pression sur le Parlement Suisse” explique- t-elle depuis sa ferme située dans le parc du Creux-du-Van. Ici, 130 chats sont accueillis, nourris et logés. “Ce sont des animaux dif- ficilement apprivoisable que la S.P.A. ne peut pas gérer. Elle nous les renvoie.” Au-delà de cette lutte, la “Bri- gitte Bardot suisse” a déjà rem- porté des victoires pour la défen- se des animaux. Elle a par exemple fait interdire la vente

dans du lait de sauge et du roma- rin avant de les manger. C’est dégueulasse !” s’emporte Tomi Tomek. Cette femme basée à Noiraigue a créé S.O.S. chats,

une association d’aide aux animaux abandonnés. Bien connue en Suisse, elle se lan- ce dans une nou- velle bataille afin d’interdire à ses compatriotes de déjeuner avec du

Tomi Tomek habite à 40 km de Pontarlier. Elle est à l’origine de la pétition “contre la consommation de chats et de chiens en Suisse”

Le chaton macéré dans du lait de sauge.

immeubles dans lesquels ils sont aujourdʼhui classés. La qualité “dʼêtres vivants doués de sensibilité” leur est en outre reconnue, en cohérence avec un Code rural et un Code pénal plus avancés. Aucune loi nʼinterdit spécifiquement de manger un chat ou un chien. La méthode dʼabattage doit respecter certaines règles (éta- blies par le Code rural ).

de peaux tannées de chats en 2013. Elle vient d’ailleurs de se faire prendre à son propre jeu. En voulant dénoncer des tan- neurs qui vendaient des peaux, elle en a acheté puis a dénoncé la pratique. Les fauteurs ont été condamnés maisTomi se retrou- ve convoquée devant le tribunal de Berne pour achat illégal. “On me réclame 100 francs d’amende ou 1 jour de prison. C’est

n’importe quoi car cette loi vient de moi ! La justice ne veut rien savoir. On paye bien des per- sonnes pour démanteler des com- merces de drogue. Là, j’ai fait pareil” argumente-t-elle. En attendant la décision de jus- tice (1 er décembre), elle ne bais- se pas les bras. Même si la conseillère fédérale Doris Leu- thard et l’Office vétérinaire fédé- ral estiment que cette vieille tra-

dition demanger du chat ne peut être abolie que par une cam- pagne débouchant sur le dépôt d’unemotion au parlement,Tomi Tomek reste confiante. Elle déposera le 25 novembre à Berne sa pétition accompagnée de nombreuses personnes. C’est donc les griffes sorties que la pasionaria de Noiraigue ira au combat. Pour les chats.

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