La Presse Pontissalienne 177 - Juillet 2014

La Presse Pontissalienne n° 177 - Juillet 2014

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A.S.O. plante l’hôtel du Champ-Fleuri à Pugey Hôtellerie Colère La société qui organise le Tour de France avait réservé toutes les chambres de l’hôtel situé route de Levier à Pugey. À quelques semaines du départ, l’organisateur a tout annu- lé. Bertrand Sage, qui avait accueilli en 2012 l’équipe F.D.J., ne veut pas se laisser faire.

“Et après, les maires s’étonnent que le Tour ne passe plus chez eux…” Tour de France Préparation du tracé Nouveau directeur technique des épreuves d’A.S.O., l’ancien cycliste professionnel a pensé et tracé le parcours 2014 du Tour de France qui s’arrête à La Planche-des-Belles-Filles et passe à Besançon. Pourquoi a-t-il retenu notre région ? Il évoque les nouvelles contraintes liées aux aménagements routiers.

C’ est un passionné de la Petite Reine. Pour ne pas dire un amoureux. Depuis qu’il a repris l’affaire familiale à Pugey, Bertrand Sage a accueilli pas moins de 10 équipes cyclistes professionnelles engagées sur le Tour de France. Il y a eu Jean Delatour, la Saeco, Rabo- bank lors duTour de l’Avenir, la Katu- sha pour le Tour 2009 et la F.D.J. en 2012, jour même de la victoire de Thibaut Pinot. Que de bons souve- nirs… gâchés par cette histoire, sor- te de mauvais coup du sort de la part d’Amaury Sport Organisation, la société organisatrice de cet événe- ment mondial. Il y a quelques semaines, elle lui a fait part que ce ne serait plus 40 chambres qu’elle réserverait… mais une seule ! C’est en effet cette société qui réser- ve pour le compte des équipes et de ses salariés (techniciens) des chambres dans chacune des villes françaises. “En septembre dernier (alors que le départ à Besançon n’était pas officiel), j’ai été contacté parA.S.O. qui me demandait des chambres. Ils

groupes de voyageurs voulant réser- ver des chambres. Il les a renvoyés vers Pontarlier. Pour lui, c’est un vrai manque à gagner. “Je les louerai mes chambres, rassure le gérant, mais à l’arrache. Et ce sont des personnes qui ne mangeront pas dans mon éta- blissement contrairement aux équipes.” Il a déjà écrit à A.S.O. et ne compte pas en rester là.“Si j’avais fait l’inverse à A.S.O., que se serait-il passé ?” s’interroge-t-il. Je verrai si l’on va ou pas intenter un procès.” L’établissement ne sentira pas l’huile de massage. Dommage, d’autant qu’à chaque fois qu’il a accueilli des équipes, un des cyclistes a gagné. C’était le cas avec Thibaut Pinot en 2012, Ser- gueï Ivanov en 2009. “Ivanov avait remis le bouquet à ma fille Amélie. Vraiment de bons gars” dit-il. Tenu par sa famille depuis 1860, soit la cinquième génération, le Champ- Fleuri restera un havre de paix pour cyclistes…mais se méfiera à l’avenir d’A.S.O. “Ce sera une réponse néga- tive pour eux s’il venait à demander des chambres…” La boucle est bou- clée.

ont bloqué une quarantaine de lits” rapporte le gérant. Habitué de travailler avec la firme, Bertrand ne se soucie de rien : “On ne demande jamais d’acomptes. On est payés à la fin” explique-t-il. Fin 2013, A.S.O. le rappelle pour lui dire qu’il n’aurait pas d’équipes logées dans son antre mais seulement des salariés. Bertrand, supporter et spon- sor de l’Amicale cycliste bisontine est déçu. Mais il s’en contente. Puis, en février, la société le recontacte à nouveau pour lui dire qu’elle réduit

le nombre de ses réservations. La pilu- le passe. Puis, elle rap- pelle pour dire qu’elle n’aura finalement besoin que d’une chambre. Colère du gérant. Elle est d’autant plus com- préhensible que des dizaines de coups de fil ont retenti lors de l’annonce officielle en fin d’année de la venue du Tour, de

Un vrai manque à gagner.

Thierry Gouvenou est le Monsieur tracé du Tour de France, le troisième événement sportif au monde.

L a Presse Pontissalienne : Vous avez la lourde responsabilité de dessiner le parcours du Tour de France après avoir succédé à Jean-François Pes- cheux, le directeur historique. N’est-ce pas trop de pression lorsque l’on sait que la plu- part des grandes villes françaises réclament une arrivée d’une étape ? Thierry Gouvenou : Cela fait déjà un moment que l’on prépare la transition et si j’ai besoin d’un conseil, Jean-Fran- çois est toujours là. On a déjà com- mencé à travailler sur le parcours 2015. L.P.P. : Le parcours 2014 revient en Franche- Comté et notamment à La Planche-des-Belles- Filles, seulement deux ans après sa premiè- re arrivée. Pourquoi revenir si vite ? Parce que le département de la Haute-Saône vous l’a demandé ? T.G. : Nous avions la volonté de trou- ver une montée finale dans un mas- sif intermédiaire. La Haute-Saône a fait un gros effort pour nous accueillir en 2012. La victoire de Froome a eu un impact et ce nom de Planche-des- Belles-Filles accroche l’oreille. Ce n’était pourtant pas gagné d’avance cette arri- vée mais encore une fois, il y a eu des efforts de “regoudronner”. On ne peut pas envoyer les coureurs n’importe où. L.P.P. : Justement, vous êtes le garant de la sécurité des coureurs et aussi des specta- teurs. N’est-il pas devenu problématique d’organiser des courses cyclistes alors que le mobilier urbain ne cesse d’exploser ? T.G. : En Haute-Saône, il n’y a pas de problème mais à Besançon, c’est plus critique ! C’est notre gros souci et nous avons dû chercher pour trouver les endroits les moins délicats. Les mobi- liers urbains (giratoires, îlots) aug- mentent et les maires s’étonnent que l’on ne vienne plus chez eux. C’est le paradoxe : on crée des pistes cyclables

mais les routes pour les coureurs deviennent plus dangereuses. C’est aménagé pour le cyclotouriste. L.P.P. : Justement, le maire de Besançon répè- te qu’il aimerait créer un contre-la-montre Besançon-La Chaux-de-Fonds voire Neuchâ- tel pour rendre hommage à la capitale du temps. Est-ce entendable pour A.S.O. ? T.G. : Les contre-la-montre, nous avons tendance à les réduire. Nous sommes partisans de ne pas aller au-delà de 40 km. Cela évite de gros écarts. L.P.P. : Besançon accueille une étape de repos. C’est moins excitant… T.G. : C’est différent mais super pour les amateurs qui pourront voir les équipes voire rouler avec les profes- sionnels qui s’entraîneront ce jour-là. Ce n’est pas si mal… L.P.P. : Sur le plan sportif, que réservent ces deux étapes qui se disputeront sur le massif vosgien puis jurassien ? T.G. : Les coureurs auront droit à des Vosges difficiles comme jamais. Quand

Bertrand Sage devait une nouvelle fois accueillir des équipes cyclistes… mais A.S.O. en a décidé autrement.

ils vont arriver au pied de la Planche, ils auront les jambes bien atta- quées. Pour Besançon, on peut dire qu’il y aura du plat jusqu’au Jura puis les plus costauds s’expliqueront en fin d’étape. L.P.P. : Votre pronostic pour la victoire finale sur les Champs-Élysées ? T.G. : C’est un coureur complet à tendance grim- peur qui gagnera. Il y aura un gros duel Froo- me-Contador. Propos recueillis par E.Ch.

L es coureurs francs-comtois qui ont participé auTour de Fran- ce sont légion, preuve que notre région demeure un vivier de talents. Il n’y a néanmoins qu’un seul Pon- tissalien qui peut se targuer d’avoir roulé sur les routes de la Grande boucle : il s’agit de Patrick Vallet. Vice-champion de France amateur, excellent grimpeur et aussi bon rou- leur (il battit le record de Franche- Comté de l’heure), il porta les cou- me étape en 1989. Licencié au V.C. Morteau-Montbenoît, il a partici- pé à 4 tours en 1985 (78 ème ), 1986 (non partant à la 18 ème étape), 1988 (120 ème ), 1989 (128 ème et vainqueur de la 6 ème étape). Ont suivi Jacques Decrion (désormais entraîneur à la F.D.J.), Alexandre Chouffe (aujour- d’hui dans le bâtiment et l’immobilier), Arnaud Prétot (com- merce) et Christophe Moreau (consultant Eurosport). Dans le sillage de Vallet, Pélier, Moreau… Historique Un seul pro pontissalien leurs de l’équipe R.M.O. en 1988 et 1989. Si Arthur Vichot (qui a remis son titre de champion de France en jeu dimanche 29 juin), Francis Mourey et Thibaut Pinot (vainqueur d’une étape en 2012) attirent tous les regards, d’autres ont balisé le ter- rain avant eux. Citons par ordre chronologique le Haut-Doubiste Joël Pélier (reconverti dans le métier de paysagiste), vainqueur de la sixiè-

“Peu de chance d’un contre-la- montre entre Besançon et la Suisse.”

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