La Presse Pontissalienne 177 - Juillet 2014

ÉCONOMIE

La Presse Pontissalienne n° 177 - Juillet 2014

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ENQUÊTE

Zoom La construction au plus bas L’immobilier est un des secteurs d’activité qui a le plus souffert en Franche-Comté, et qui continue de souffrir.

Toujours morose en 2013 L’économie franc-comtoise décroche depuis dix ans Étude peu glorieuse pour la Franche-Comté que vient de rendre l’I.N.S.E.E. 20 ème région sur 22 en terme de P.I.B., la croissance franc-comtoise a commencé à s’affaisser bien avant la crise de 2008. Léger mieux depuis 2013.

E n 2013, la délivrance de permis de construire a continué de dimi- nuer pour atteindre son niveau le plus bas depuis 2000. Cʼest également une année morose pour la vente de logements neufs. Dans le même temps, les stocks augmentent. Ils sont deux fois plus importants que le nombre de logements vendus. Toujours lʼan dernier, près de 5 300 loge- ments ont été autorisés à la construc- tion. Ce nombre de permis de construi- re a subi une sévère baisse de - 11,3 % par rapport à lʼannée précédente. Pour les maisons individuelles, 3 400 permis ont été délivrés en 2013, cʼest le niveau le plus bas depuis 2000. La vente de logements neufs ne se por- te pas mieux. Avec un peu moins de

700 transactions en 2013, cʼest un nou- veau ralentissement par rapport à 2012 (- 8,5 %), après la dégringolade de - 39,2 % déjà constatée lʼannée précé- dente. Là encore, le niveau de vente est le plus bas atteint en Franche-Com- té depuis 2001. Le nombre de maisons neuves vendues a chuté de 30,5 % alors que sur le plan national il est reparti à la hausse (+ 1,8%). Le stock de logements invendus a pro- gressé de 9,1 %, ce nombre est deux fois plus important que le nombre de ventes. Naturellement, dit lʼI.N.S.E.E., “la baisse des ventes de logements neufs et lʼaugmentation des stocks de logements invendus se répercutent en partie sur le nombre de constructions à venir.” Un néfaste cercle vicieux.

C’ est la Bourgogne qui va être contente à la lecture de cette étude que vient de présen- ter l’I.N.S.E.E. Franche-Comté…Les voisins francs-comtois ne seront sans doute pas la locomotive économique que les Bourguignons s’attendent peut- être à trouver dans la corbeille de la mariée à l’occasion de la fusion annon- cée des deux régions. La Franche-Comté n’a en effet pas attendu la crise mondiale de 2008 pour décrocher. L’I.N.S.E.E. Franche-Com- té a passé au scanner l’évolution de l’économie franc-comtoise des vingt dernières années. Si notre région a évolué comme la France métropoli- taine entre 1993 et 2001, période de forte croissance, une rupture s’opère dès 2002 où “la Franche-Comté décroche franchement. Notre région a eu entre 2002 et 2007 la croissance la plus faible de France” analyse chiffres à l’appui Stéphane Adrover, chargé d’études à l’I.N.S.E.E. Franche-Com- té. La croissance franc-comtoise est d’à peine 0,4 % en 2002 tandis que cel- le de la France atteint encore 1,8 %. La crise de 2008 ne fait qu’amplifier le phénomène pour notre région. À partir de cette année-là, la croissan- ce française, moribonde, limite la cas- se avec un petit 0 % tandis que notre région plonge, affichant une croissance négative de - 1,1 % l’an avec des plon- geons à - 2,8 % en 2008 et même - 3,8 % en 2009. “Le P.I.B. franc-com- tois est revenu en 2011 au niveau du P.I.B. du début des années 2000 tan- dis que la France métropolitaine a retrouvé son niveau de P.I.B. d’avant- crise” ajoute le statisticien bisontin. Principale explication à ces mauvais résultats locaux : la crise du marché automobile français depuis dix ans, qui a eu des répercussions directes sur la Franche-Comté dont le secteur industriel représente encore 21,4 % de l’activité globale. L’effet de cette récession franc-com- toise rampante s’est évidemment réper- L e rythme de croissance de lʼemploi frontalier sʼest un peu tassé, mais il y a toujours plus de travailleurs pendulaires. La Franche-Comté compte 30 000 Francs-Comtois qui exercent leur activité en Suisse. Depuis la signature des accords de libre cir- culation des personnes (A.L.P.C.) en juin 2002, leur nombre a plus que doublé. Le Doubs regroupe 73 % des frontaliers comtois. Ces derniers résident principalement dans les deux zones dʼemploi de Morteau et de Pontarlier. Les cantons de Neu- châtel et de Vaud sont toujours les destinations principales des fronta- liers comtois.

cours des trois derniers trimestres 2013. Peu de secteurs sont épargnés par cette morosité de 2013 : l’agriculture qui a subi une météo capricieuse, l’automobile toujours qui subit tou- jours la construction dumarché (40 600 véhicules ont été immatriculés dans la région en 2013, c’est 4,2 % de moins qu’en 2013) ou encore le tourisme qui a lui aussi subi une baisse de fré- quentation. Avec 3,3 millions de nui- tées vendues en 2013 en Franche-Com- té, la baisse de la fréquentation dans les hôtels et campings se poursuit à un rythme plus soutenu qu'en 2012 (- 2,2 % après - 0,6 %), alors qu’à l’inverse en France, la fréquentation a progressé de 0,8 % sur un an. La construction n’est pas mieux lotie : en matière de permis de construire et de vente de logements neufs, 2013 a été dans notre région l’année la plus difficile depuis dix ans. Autant de spécificités régio- nales dont la Franche-Comté se serait bien passée. J.-F.H.

cuté sur l’emploi. “En 2012, on a consta- té 6 000 pertes nettes d’emplois en Franche-Comté” illustre Patrick Pétour, le directeur régional de l’I.N.S.E.E. En 2011, l’emploi régional se situe ain- si à un niveau inférieur à celui de l’année 2000. En 2013, cette hémor- ragie a été ralentie avec une perte de 1 800 emplois. Le P.I.B. franc-comtois par habitant était de 24 400 euros en 2011. Sur ce seul indicateur, la Franche-Comté a reculé au 17 ème rang des régions fran- çaises alors qu’elle était encore 12 ème en 1993. Les statisticiens de l’I.N.S.E.E. consta- tent tout de même un léger mieux sur le front de l’économie et de l’emploi depuis 2013 même si “cette économie régionale reste morose” résume Mar- tine Azouguagh, autre chargé d’études à l’I.N.S.E.E. “La situation de l’emploi est toujours orientée à la baisse, même si on a connu une atténuation grâce à un rebond de l’intérim de + 14,9 % qui a limité la baisse de l’emploi marchand à - 0,7 % en 2013, après une baisse de - 1,4 % en 2012” ajoute-t-elle. Les plus

fortes baisses de l’emploi sont à déplorer dans l’industrie (- 2,9 %) et dans la construction (- 3,2 %). Seule éclaircie dans ce tableau gris : la situation de l’emploi frontalier qui continue à croître en 2013 avec une hausse de + 5,1 %, qui faisait déjà suite à une augmentation en 2012 et 2011 respecti- vement de + 7,9 % et + 112 %, portant le nombre de travailleurs frontaliers francs-comtois à 30 000 fin 2013. Depuis cette même année 2013, “on observe un ralentis- sement de l’augmentation du nombre de demandeurs d’emploi” avance pru- demment Patrick Pétour. Le taux de chômage est même “en léger recul” au

Le secteur de la construction est au plus bas.

“6 000 pertes nettes

d’emplois en 2012.”

Zoom L’emploi frontalier toujours en croissance

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Par rapport à la fin 2012, la région comptait 1 400 frontaliers supplémen- taires fin 2013 (+ 5,1 %). Après une année 2011 particulièrement dyna- mique (+ 12,7 %, soit 3 000 frontaliers supplémentaires par rapport à 2010), le rythme de progression sʼest infléchi en 2012 (+ 7,9 %), puis de nouveau en 2013 (+ 5,1 %). Sur les 30 000 fron- taliers comtois, 11 600 travaillent dans le canton de Vaud et 10 200 dans le canton de Neuchâtel. Le canton du Jura arrive en troisième position (5 700), suivi du canton de Berne (1 400) et plus modestement de celui de Genè- ve (650). Mais depuis dix ans, le nombre de frontaliers comtois progresse régu- lièrement dans ce dernier canton.

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