La Presse Pontissalienne 176 - Juin 2014

VALDAHON - VERCEL

La Presse Pontissalienne n° 176 - Juin 2014

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Trois jours de débarquement à couper le souffle VERCEL 70 ème anniversaire du Débarquement Vercel va revivre les 6, 7 et 8 juin le temps de l’occupation et la libération. Des sauts en parachute, des défilés de véhicules de la seconde guerre mondiale, des concerts, feux d’artifice et bal plongeront le village 70 ans en arrière. Les habitants jouent le jeu.

L a Lyre vercelloise fait, une nouvelle fois, les choses en grand. Pour ne pas dire en très grand. “Toutes les personnes qui pos- sèdent des véhicules militaires ou civils de la seconde guerre mondiale qui ne fêteront pas le 70 ème anniversaire en Norman- die… seront à Vercel” dit Anne Henry, histoire de montrer qu’un grand événement se prépare ici.

Après avoir organisé en 2011 la venue de la Légion étrangère dans le village, une première en France, la Lyre vercelloise a vou- lu en 2014 frapper fort en orga- nisant une Libération grandeur nature avec diverses manifes- tations qui s’étaleront sur trois jours : “Notre objectif est de fai- re vivre le village, montrer que nous sommes dynamiques” , pour- suit Anne Henry, membre de la

Lyre vercelloise, harmonie qu’elle dirige depuis 2007 avec Sophie Amat. Avec Didier Debernardi et une cinquantaine de bénévoles,

pas faire un concert à thème sur l’Amérique.Très vite, l’idée a fait son chemin. C’est un défi. Heu- reusement, nous sommes soute- nus par des partenaires” dit-elle. À quelques jours du début de la manifestation, c’est le branle- bas de combat.Vercel sera assié- gé : les commerçants décorent leurs échoppes version 1945, près de 100 figurants, 25 véhi- cules militaires, 15 civils, vont débarquer place du village. Ils établiront un camp vers le sta- de. Ils vivront comme les mili- taires. “Les festivités débuteront vendredi 6 (20 h 30) au gym- nase avec le grand concert. Nous attendons près de 800 personnes. Nous jouerons des marches mili- taires mais pas seulement. Il y aura du Piaf, Les Amants de Saint-Jean…” détaille le chef d’orchestre. Sur une grande fresque, des films et images seront projetés. Le samedi, à partir de 14 heures,

l’harmonie qui compte environ 50 personnes, a choisi ce thème de la Libé- ration. “Au départ, nous nous sommes dits : pourquoi ne

Animer le village.

Anne Henry, chef d’orchestre de la Lyre vercelloise, présente la manifestation qui promet d’être grandiose.

kermesse, confection de pain d’épices (spécialité de Vercel), défilé de véhicules militaires (16 h 30), commémoration, grand bal avec guinguette (entrée gra- tuite) animeront cette journée, avant le grand jour. Dimanche, un immense défilé débutera de la place centrale pour se rendre jusqu’au gymnase. Beaucoup d’habitants seront en habits

d’époque. Deux avions survole- ront le défilé ! Des parachutistes feront le remake du débarque- ment en atterrissant sur le sta- de de foot (17 heures). 6 batte- ries-fanfare défileront, des écoliers à vélo, etc. Le week-end se clôturera par un thé dansant et “un grand feu d’artifices” pro- met la lyre. Vercel promet de fêter ses libérateurs…

La Lyre vercelloise est une harmonie née en 1870. Ici, une photo datant de 1947.

70 ème anniversaire du débarquement des alliés en Normandie, à Vercel Vendredi 6, samedi 7 et dimanche 8 juin Concert le vendredi soir (20 h 30 au gymnase) : 8 euros Entrée libre samedi et dimanche pour les festivités au centre du bourg ou au stade

GUYANS-DURNES Recherche Laurent Amiotte-Suchet, cerveau franco-suisse

Formé à l’Université de Besançon, Laurent Amiotte-Suchet est aujourd’hui sociologue à l’Institut de Hautes Études Internationales et du Développement à Genève. Parcours de cet habitant de Guyans-Durnes, spécialiste des questions religieuses en Suisse.

S on travail ne se résume pas à potasser des livres. A 38 ans, LaurentAmiot- te-Suchet est avant tout un sociologue de terrain. C’est ce qui lui plaît. Une chance lorsque l’on sait que la plupart des chercheurs français sont “contraints” d’allier enseigne- ment et recherche. Laurent, lui, parcourt en ce moment les can- tons deVaud, du Jura et de Neu- châtel, à la rencontre d’agriculteurs, de boulangers, de tenanciers de café, d’artisans, de vignerons… Ce ne sont en aucun cas des rendez-vous com- merciaux ou de courtoisie. Non, ce Français qui réside à Guyans- Durnes s’intéresse à ces petites entreprises généralement fami- liales dans le cadre d’un projet de recherche Interregmené entre France et Suisse sur “les enjeux socioéconomiques des situations de ruptures de trajectoire fami- liale dans les très petites entre- prises rurales de l’Arc jurassien”. Mené en collaboration avec des chercheurs de l’Université de Franche-Comté, son travail a pour objectif de mieux com- prendre qu’elles peuvent être les

conséquences d’une rupture de trajectoire (séparation, divorce, accident, décès) sur l’avenir d’une petite entreprise familiale. Il rend visite à des sociétés demoins de 10 salariés où, fréquemment, une partie du travail est accom- plie bénévolement par un membre de la famille, très sou- vent l’épouse du chef d’entreprise, sans que cette personne ne soit déclarée. Ainsi, en cas de rupture de tra- jectoire - un divorce par exemple -, cette personne ne bénéficie pas toujours d’une véritable protec- tion sociale pour pouvoir affron-

nels souvent peu connus. Les analyses feront ensuite l’objet d’un transfert auprès des acteurs de la pratique à l’instar des poli- tiques, associations profession- nelles, centres de formation. Les résultats de l’enquête seront dévoilés dans une année, après que les données aient été ana- lysées. Formé à l’Université de Besan- çon, Laurent n’a pas choisi - en premier lieu - la Suisse pour “le salaire”. Il ne se considère pas comme un cerveau en fuite : “Si j’ai choisi la Suisse, c’est surtout pour une question géographique. Avec mon métier, je savais que je devais quitter la région, par- tir pour Lille, Paris…J’ai eu cet- te première opportunité à Lau- sanne. J’ai candidaté” dit-il sans cacher que son salaire de cher- cheur est plus élevé de ce côté de la frontière. “Je suis aussi plus précaire car j’ai des contrats courts et je dois souvent sollici- ter de nouveaux projets” corrige l’universitaire. Une précarité, certes, mais aussi une liberté. Le Franc-Comtois a en effet par- fois le loisir d’explorer les thèmes qu’il choisit. Un luxe. Il va

Laurent Amiotte-Suchet, originaire de Guyans-Durnes, travaille actuellement sur deux

thèmes de recherche entre France et Suisse.

ter sereinement cet- te nouvelle vie. Et la petite entreprise familiale, souvent très dépendante d’activités bénévoles invisibles (compta- bilité, entretien, secrétariat…) ne peut pas toujours faire face à une tel- le situation. D’où l’intérêt d’une enquête de terrain approfondie sur ces milieux profession-

Une liberté, une précarité aussi.

d’ailleurs prochainement tra- vailler sur un nouveau projet de recherche financé par la Suis- se et qui portera sur les cou- vents de religieuses confrontées à leur vieillissement. En effet, quand lesmembres d’une congré- gation religieuse vieillissent et qu’il n’y a plus de jeunes sœurs qui entrent au couvent pour s’occuper des plus anciennes, il faut avoir recours à du person- nel soignant. Mais l’arrivée des

infirmières au couvent n’est pas sans poser problème, “cela crée certains conflits. Ne serait-ce que pour l’horaire des messes et celui des soins.” Il s’agira d’une enquê- te de terrain. Laurent Amiotte- Suchet compte bien revêtir une blouse blanche pour aller s’immerger dans le quotidien de ces couvents devenus maison de soin où religieuses et infirmières négocient au quotidien. L’enquête portera principalement sur un

établissement de Fribourg et sur l’expérience des sœurs de la Charité à Besançon. Travaillant ainsi depuis plu- sieurs années, entre la France et la Suisse, sur les projets les plus divers, Laurent Amiotte- Suchet est un frontalier de la recherche. Une casquette qui lui va bien.

E.Ch.

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