La Presse Pontissalienne 174 - Avril 2014

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La Presse Pontissalienne n° 174 - Avril 2014

LIVRE - AUX ÉDITIONS CÊTRE

“Pour ne pas perdre la mémoire Jusqu’à 300 postes de douanes étaient installés le long de la frontière du Doubs, du pays de Montbéliard au nord,

jusqu’à Chaux-Sèche au sud. En 1912, 1 000 agents tenaient ces postes comme aux Verrières, à Mouthe et même à la gare de Pontarlier. Collectionneur et douanier, Laurent Bonnefoy a compilé dans son ouvrage 270 cartes postales ou photos. Un livre unique.

L a Presse Pontissalienne :Votre ouvra- ge “Les douanes dans le Doubs vues par les cartes postales illustrées” paru en février aux éditions Cêtre recèle des vues inédites. Pourquoi s’intéresser aux douaniers ? Laurent Bonnefoy : Éditer ce livre est une façon de ne pas perdre la mémoire des douaniers et des postes. On garde ain- si une trace de ces lieux qui ont pour certains disparu soit parce qu’ils ne sont plus gardés, soit parce qu’ils ont été détruits. Avant même de devenir douanier (1), j’étais collectionneur de cartes. Puis, quand je suis devenu agent des douanes, j’ai commencé à m’intéresser à ces cartes postales : il y en avait beaucoup. Pour autant, les col- lectionneurs m’avaient prévenu que j’aurais des difficultés à en trouver. Au final, j’en ai collecté plus de 300 diffé- rentes lors de salons. Très vite, j’ai déci- dé de me restreindre uniquement au département du Doubs à l’inverse de Samuel Perrin qui en possède de l’ensemble de la région. L.P.P. :Vous voulez dire qu’il faut être du métier pour reconnaître certains postes aussi appe- lés “aubettes” ? L.B. : C’est une longue quête. Il faut s’armer de patience. Grâce aux uni- formes, on parvient à distinguer les douaniers mais parfois, c’est effective- ment grâce à des cartes anciennes que nous parvenons à localiser les lieux. Tous les chemins du Haut-Doubs étaient prétextes à un poste. En 1912, il y avait plus de 1 000 agents pour la seule direc- tion des douanes de Besançon ! (N.D.L.R. : ils sont 130 aujourd’hui). Le maillage du territoire frontalier par les douaniers était serré, même dans des endroits escarpés.

où l’on distingue les hommes en poste ou en exercice, voire en passe d’interpeller des contre- bandiers. Expliquez-nous en quoi ces images sont rares ? L.B. : Les douaniers avaient interdic- tion de se faire photographier en ser- vice, ce qui explique le peu de photos dont nous disposons. C’était assez rare et ça l’est toujours. L.P.P. : Vous émettez néanmoins des critiques quant à la véracité de certaines scènes, notam- ment celle que l’on retrouve page 97 (photo éditée par Faivre-Locca). On visualise une attaque de douaniers qui permet d’appréhender deux contrebandiers à Pontarlier. Votre senti- Oui, il existe des scènes d’embuscades qui ont été photogra- phiées mais en général, ce sont des poses. Nous n’avons pas la preuve, mais ment ? L.B. :

nous pensons que les édi- teurs de cartes postales embauchaient des comé- diens. Pourquoi ? Car sur les photos les douaniers avaient toujours des vête- ments très propres, ain- si que les contrebandiers. Après une nuit de planque, je ne pense pas que la chemise blanche qui a été photographiée le reste très longtemps. C’est trop beau pour être honnête (rires). L.P.P. : Les agents de l’époque étaient-ils décriés ? L.B. : Il existe deux sons de cloche : les critiques pour les douaniers zélés mais il faut bien com- prendre que les agents faisaient partie de la population. Il n’y avait

“Ils avaient interdiction de se faire photogra- phier.”

qu’une interdiction : un douanier ne pouvait pas exercer dans son propre village. L.P.P. : Pensez-vous avoir pu recueillir l’ensemble des postes de douanes installés sur les 280 kilomètres de frontière avec la Suisse ? L.B. : L’ouvrage ne prétend pas être exhaustif. Il existe des brigades, notam- ment de seconde ligne, dont nous igno- rons la présence. Néanmoins, on a retrou- vé des photos de la gare de Pontarlier aussi appelée gare des douanes fran- çaises… parce que les Suisses étaient en poste ici jusqu’à la première guer- re mondiale.

école de douaniers (1938) installée à Montbéliard. L.P.P. : Page 88, huit agents posent avec leur bicyclette devant une douane à Pontarlier. Pour- quoi ce choix ? L.B. : Parce que cette photo indique l’évolution du matériel. Le vélo a été introduit dans les unités de surveillance en 1898, 1893 pour les officiers. L.P.P. : Un vélo dans le Haut-Doubs, ce n’est pas pratique, surtout en hiver… L.B. : C’est pour cela que les douaniers du Doubs ont été dans les premiers à être équipés de skis en 1908. Officiel-

L.P.P. : Et vous, quel lieu préférez-vous dans toutes ces images ? L.B. : C’est la douane des Entreportes à Pontarlier. Les Échelles de la mort ont été médiatisées mais elles n’étaient pas un lieu de contrebande important. L.P.P : Pourquoi avoir choisi la page de cou- verture avec des agents posant pour la posté- rité ? L.B. : C’est une scène rare : elle repré- sente des douaniers qui sont formés par des militaires du génie à la Cita- delle de Besançon. On retrouve égale- ment des images rares de la première

L.P.P. : Vous avez réussi à dénicher des cartes

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