La Presse Pontissalienne 174 - Avril 2014

ÉCONOMIE

La Presse Pontissalienne n° 174 - Avril 2014

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BOIS

Une concurrence déloyale Les scieries au bout du rouleau de printemps Face aux importations records de feuillus en partance pour la Chine, les scieurs francs-comtois en appellent à la solidarité nationale. Il y va de la survie de nombreuses scieries.

des ports est relativement épar- gnée. “On n’est pas touchés phy- siquement par ce phénomène mais on a quand même le sen- timent d’une grande naïveté. La Chine ne taxe pas les matières premières mais ne se prive pas sur les produits transformés alors qu’en Europe on ne taxe rien. On entend bien dénoncer cette concurrence déloyale” , note Étienne Renaud, le président du syndicat des scieurs de rési- neux comtois. La menace asia- tique vient plomber une situa- tion des plus inconfortables. “Il y a une grande tension sur la filière résineuse. La différence entre le prix d’achat et le prix de vente ne permet pas de dégager des marges suffisantes pour moderniser les entreprises. Selon une étude réalisée en 2012, en

Saint-Lothain remet sérieuse- ment en cause le rôle de l’O.N.F. en l’accusant de privilégier l’aspect commercial au profit de sa mission de sylviculteur. Selon le collectif, “l’O.N.F. sélectionne des qualités en ciblant le besoin asiatique. Les transporteurs maritimes et les négociants n’ont plus qu’à se baisser pour char- ger et exporter les bois. Le négo- ce du bois paye le transport retour des conteneurs en Asie, les bateaux devant être lestés.” Lemouvement d’export s’amorce pour les résineux. Il touche en premier lieu les massifs proches des entrées maritimes. Éric Julien parle de 400 000 m 3 de bois résineux qui sert à fabri- quer les sous-couches des par- quets en feuillus. La Franche- Comté de par son éloignement

résineux, les résultats courants avant impôts étaient négatifs. La scierie type française était déficitaire.” Ce qui est dit pour la France vaut pour la Franche-Comté. S’il n’est pas signataire du collectif, Étienne Renaud conseille lui aussi aux propriétaires de ne pas succomber aux sirènes asia- tiques qui pourraient finir par fragiliser la filière de transfor- mation locale. “Les Chinois achè- tent les beaux bois alors que nous valorisons tous les types des bois. On traverse une vraie crise de l’approvisionnement à causes multiples.” Celui qui l’a précédé à la tête du syndicat, Raymond Bertin de Jurasciages à Orchamps-Vennes a apporté son soutien au collec- tif. “Simple question de princi-

pe même si nos résineux ne sont pas touchés. L’export asiatique concerne surtout des petits bois d’épicéas qui alimentent des scie- ries très industrialisées à forte capacité. Le Haut-Doubs aurait plutôt tendance à scier des gros diamètres.” Lui aussi déplore cette concurrence déloyale sur les produits transformés et regrette l’absence de réciproci- té. “Aujourd’hui, le marché est relativement atone. On construit 330 000 logements en France alors que le marché se situait habituellement autour de 400 000 logements par an. En 2004, il restait 70 scieries dans le Doubs et le Jura contre 45 aujourd’hui. Je pense que le phénomène va s’amplifier” , constate Raymond Bertin pas franchement opti- miste.

L a filière bois est toujours sous pression et ces expor- tations massives n’arrangent rien. Des volumes croissants de grumes de feuillus partent en Asie du Sud-Est. L’an dernier, la Chine a absorbé, à elle seule, 300 000m 3 de grumes de chênes, soit 20 % de la récolte. Le mouvement s’accélère depuis quelques mois et les prix d’achat ont augmen- té de 20 à 30 %. Dans ces circonstances, des scieurs ont décidé de réagir en créant le “collectif des Scieries

de France”. “Ce mouvement ras- semble 200 scieries, parmi les plus importantes à l’échelon natio- nal. On leur demande d’acheter des grumes en France et de les transformer aussi sur place. On sollicite les propriétaires fores- tiers : État, communes, coopéra- tives, particuliers pour qu’ils approvisionnent les scieries du collectif. Nous souhaitons éta- blir un partenariat régulier en contractualisant notre approvi- sionnement” , explique Éric Julien membre du collectif. Ce scieur jurassien établi à

COMMERCE

11, rue Déchanet

“Garantir à tout citoyen un accès à l’information” L’association de défense des consommateurs Familles Rurales, qui a une antenne à Pontarlier, étend son action et propose deux matinées par semaine une permanence consommation à partir du 16 avril. Explications.

Pas encore touchées par les importations chinoises, les scieries résineuses comtoises peinent malgré tout à faire du résultat dans un marché particulièrement tendu.

L a Presse Pontissalienne :Qu’est-ce qu’une permanence consommation ? Marlène Amiotte-Petit (Familles Rurales) : Depuis 1975, l’association Familles Rurales est agréée association de défen- se des consommateurs. À ce titre, elle a souhaité étendre ses services enmet- tant à disposition du public un nou- veau service dans le domaine de la consommation. Cette permanence consommation qui ouvrira chaque troi- sième mercredi matin de chaque mois à compter du 16 avril de 9 h 30 à 12 heures, puis chaque premier jeu- di matin de chaque mois à compter du 5 juinmettra à disposition du public une information diffusée par la Fédé- ration Nationale ou l’Institut Natio- nal de la Consommation pour mieux connaître ses droits. Cette permanence sera tenue par deux bénévoles de Familles Rurales dans nos locaux pon- tissaliens qui sont situés au 11, rue Déchanet. L.P.P. : C’est un service qui sera gratuit ? M.A-P. : Ce service d’information est gratuit. Il permettra par exemple de se renseigner sur tout ce qui concer- ne les litiges liés à la consommation comme par exemple les délais de rétrac-

tation qui existent quand on achète un bine sur Internet. Ensuite, il y a un deuxième niveau de service qui est cette fois-ci réservé aux adhérents. Si une personne est confrontée à un liti- ge avec une entreprise, on l’invitera à adhérer à l’association, ce qui lui permettra d’accéder à notre réseau de conseils qui l’aidera à résoudre son litige. Pour tout conseil, il ne faut pas hésiter à prendre rendez-vous au 03 81 88 76 84. L.P.P. : Vous étendez donc vos services sur Pontarlier ? M.A-P. : La finalité de Familles Rurales est de garantir à tout citoyen un accès

à l’information. Nous avions déjà sur Pontarlier des “veilleurs consomma- tion” qui surveillent les prix dans les grandes sur- faces. Cette fois, il s’agit bien de soutenir toutes les personnes démunies par rapport à une commande passée par Internet et qui se passe mal ou encore un problème de contestation de facture. Propos recueillis par J.-F.H.

Toute contestation liée à une fac- ture par exemple peut être soumise à ce nouveau service ouvert par Familles Rurales.

“Il y a un deuxième niveau de service.”

Renseignements au 03 81 88 76 84 ou sur permanence.consommation.frf25@gmail.com

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