La Presse Pontissalienne 172 - Février 2014

La Presse Pontissalienne n° 172 - Février 2014

7

Une réforme qui sème la pagaille Réaction Les élus locaux L’État n’a pas mesuré les conséquences du redécoupage cantonal. L’affaire est plus complexe qu’un simple déplacement des frontières géographiques. Il en découle une série de ques- tions posées par les élus locaux et restées sans réponse.

Les comices gardent leur indépendance Agriculture Beaucoup d’agriculteurs se sont inquiétés de l’impact que pouvait avoir la réforme des cantons sur l’organisation des comices. Finalement, le redécoupage ne devrait rien changer.

Albert Jeannin, le maire de Levier, redoute que sa commune soit affaiblie.

L a réforme cantonale en dis- cussion a suscité l’inquiétude chez les organisateurs de comices. Car à l’origine, ces rencontres d'éleveurs qui consacrent les plus belles vaches laitières, étaient calquées sur les frontières cantonales. Mais à partir du moment où les limites de ces circonscriptions sont modifiées comme le prévoit la réforme, l’organisation des comices devrait être, de fait, perturbée. Passé l’effet d’annonce, les choses se décantent et les inquiétudes se dissipent. Philippe Schaller, le pré- sident de la Fédération des comices

du Doubs est même rassurant. Selon lui, cette réforme ne changera rien à l’organisation actuelle des comices. Un message qu’il fera passer lors

que nous allons supprimer le nom “canton” de l’intitulé des comices” précise Philippe Schaller. Le mon- de agricole s’adapte comme il sait le faire. Le passé est plein d’exemples qui montrent que les éleveurs se sont parfois affranchis des fron- tières cantonales pour organiser les comices. “Si un élevage souhaite changer de canton pour participer à un comice, il suffira d’en discu- ter” précise encore Philippe Schal- ler. Dans le Doubs, 21 comices sont orga- nisés. Ils réunissent 600 à 700 éle- vages et environ 6 000 bêtes.

B eaucoupd’élus locaux craignent que le redécoupage des cantons sème la pagaille dans bon nombre d’organisations qu’ils s’échinent à faire fonctionner. Tous s’interrogent sur les conséquences de cette réforme que ses promoteurs n’auraient pasmesurées.Les questions tombent en cascade et les élus n’ont aucune réponse,ce qui agace desmaires comme Albert Jeannin à Levier, une commune qui fera bientôt partie du can- ton élargi d’Ornans. “Levier ne sera plus chef-lieu de canton. Quid des dotations de bourg-centre que nous percevons à ce titre ? Nous nous sommes battus égale- ment pour préserver notre bureau de Poste, notre perception, le service des routes. Quid de l’avenir de ces services à Levier une fois qu’Ornans sera bureau centralisateur ? Est-ce que nos services publics de proximité ne vont pas subir les conséquences de cette réforme qui semble avoir été imaginée uniquement à des fins électorales ? Nous sommes inquiets” dit l’élu.Face à tant d’inconnues, la communauté de communes Altitude 800 devait déposer un recours contre cette réforme. Au-delà de l’avenir des services publics, Jean-Pierre Gurtner le conseiller géné- ral U.M.P. du canton de Levier relève les incohérences territoriales d’un super- canton d’Ornans qui va s’étendre de Mérey-sous-Montrond auxAlliés enpas-

sant parAmancey,Levier et Gilley. “Sur ce canton d’Ornans, nous aurons deux députés. Annie Genevard (U.M.P.) pour la cinquième circonscription et ÉricAlau- zet (Les Verts) pour la deuxième. Com- ment cela est-il possible ? Faudra-t-il modifier les circonscriptions ? Nous aurons également deux sous-préfectures. Nous ne sommes pas non plus sur le même territoire de santé qu’Ornans” observe l’élu. Quid encore des S.C.O.T. (schémas de cohérence territoriale), des documents d’urbanismes qui s’appliquent à l’échelle d’un territoire défini. Levier va répondre aux règles du S.C.O.T. de Pontarlier qui est en cours d’élaboration. Mais le pays d’Ornans prépare égale-

de l’assemblée géné- rale du 12 mars. “Nous ne suivons pas cette réforme. Les comices sont indépendants des cantons depuis long- temps, même si à l’origine il y avait un lien. Morteau gardera son comice et Le Rus- sey le sien. La seule cho- se qui va changer est

“Supprimer le nom de “canton” de l’intitulé.”

ment un S.C.O.T. Est-ce que la réforme des can- tons peut modifier les lignes des S.C.O.T. ?Mon- sieur Gurtner suppose que oui. “Si le canton n’était pas lié auS.C.O.T., alors pourquoi le Conseil général se prononce-t-il sur ces documents d’urbanisme ?” Toutes ces questions n’ont pas enco- re trouvé de réponse auprès des services de l’État censés éclairer des élus qui jugent que la car- te cantonale a été faite en dépit du bon sens.

“Quid de l’avenir de ces services à Levier?”

L’organi- sation des comices ne devrait pas changer.

Alain Marguet se dit prêt à se présenter contre Claude Jeannerot Réaction Le conseiller général de Montbenoît, dont le canton est condamné, continue sa croisade anti-redécoupage. Il est prêt à défier le président du Conseil général.

Jean-Pierre Gurtner, conseiller général de Levier : “Nous assistons ni plus ni moins qu’à une délocalisation, la délocalisation de la communauté de communes de Montbenoît et d’Altitude 800. Cette nouvelle carte déracine l’histoire et quand on déracine l’histoire, ce sont d’autres qui vont l’écrire. Ce qui est aberrant dans

L a Presse Pontissalienne : Pour aller jusqu’au bout de la contestation, vous vous dites prêts à défier Claude Jeannerot sur son propre can- ton de Besançon en 2015 ? Alain Marguet : C’est une forme de défi que je lui lance en effet pour dire que nous les ruraux,ona certainement plus de poids qu’il ne le prétend.Ce serait unemanière de sor- tir par la grande porte, de tirer une derniè- re fois un feu d’artifice. En bon Sauget, je suis tout à fait capable de le faire. Je n’ai plus rien à perdre, j’ai 65 ans. C’est peut- êtreune façondemontrer auprésident Jean- nerot que rien n’est acquis dans la vie.

me totalitaire. Il faut m’expliquer pourquoi la Saône-et-Loire avec 550 000 habitants compte 29 cantons et le Doubs 19, pourquoi l’Allier 19 avec 342 000 habitants ?Avec cet- te réforme, le président du Conseil général a bafoué les règles élémentaires de respect et de considération pour les élus, il a fait du tripatouillage électoral.Avec cette réforme, on va faire disparaître 2 000 chefs-lieux de cantons ruraux ainsi que toute la vie admi- nistrative et associative de ceux-ci. Cette réforme est indéfendable et les électeurs sauront s’en souvenir. Recueilli par J.-F.H.

L.P.P. : Et d’ici là, quelle marge de manœuvre avez- vous ? A.M. : On s’apprête à déposer un recours devant le Conseil d’État pour contester ce projet de redécoupage.Onn’a pas l’intention de se laisser faire. L.P.P. :Avec quels arguments ? A.M. : En septembre, on a offert sur un pla- teauune séance de rattrapage au président Jeannerot qu’il n’a pas exploité. C’était une carte très cohérente, mais visiblement la démocratie participative est devenue le régi-

ce nouveau canton, c’est qu’il couvrira deux S.C.O.T. différents et qu’il s’étalera sur deux territoires de santé.”

Alain Marguet, prêt à un baroud d’honneur.

Made with FlippingBook - Online Brochure Maker