La Presse Pontissalienne 172 - Février 2014

L’ÉVÉNEMENT “CHARCUTAGE CANTONAL”…

Le projet de redécoupage cantonal validé par la majorité du Conseil général lundi 27 janvier dernier a entraîné son flot de critiques des élus ruraux.

“Et le secteur de Montbenoît, ce n’est pas montagneux peut-être ?” Rappelons que l’actuel canton de Montbenoît sera phagocyté dans un immense canton Montbéliard, le rattachement du sec- teur Entre Doubs et Barbèche àMaîche, la réunion de Franois et de Serre-les- Sapins dans le même canton et celle de Grandfontaine et Montferrand-le- Château), la réforme a été adoptée à la majorité. Au grand dam des élus d’opposition qui y sont tous allés de leur petit refrain contre cette carte can- tonale qu’ils se sont tous accordés à qualifier d’absurde. “Et dire qu’on est au pays de Descartes…” a soupiré Chris- tian Coutal en fin de séance. J.-F.H. Élus des villes contre élus des champs Débat Les conseillers généraux ruraux se font entendre Après une présentation pour le moins technocratique du nouveau redécoupage cantonal par le préfet du Doubs, le débat autour de cette question a fait apparaître deux mondes bien distincts : la ville et la campagne. Ambiance. “Alors supprimez les cantons !” qui regroupera avec Montbenoît les actuels cantons de Levier, Ornans et Amancey. Pour Claude Jeannerot, le président du Conseil général, “il n’y a pas de carte électorale idéale. Ne cher- chez pas, elle n’existe pas.” “Si, la nôtre !” rétorque Alain Marguet, le conseiller général de Montbenoît en référence à la proposition de redécoupage que la droite avait proposée à la majorité, pro- position restée lettre morte. Les réac- tions se sont faites plus virulentes en tribune quand Claude Jeannerot pose la question : “Est-ce que le canton est encore aujourd’hui un espace de pro- jet ? Vous savez bien que non. Ce sont les intercommunalités qui sont deve- nues aujourd’hui les espaces de pro- jets.” “Alors supprimez les cantons !” commente le maire de Pontarlier Patrick Genre venu lui aussi suivre les débats. Malgré les quatre amen- dements adoptés (la com- mune de Bavans réinté- grée à la communauté d’agglomération de

I ls étaient venus nombreux les maires ruraux, notamment une belle délégation d’élus saugets, assister au débat organisé au Conseil général duDoubs le 27 jan- vier dernier. Sagement installés à la tribune, ils n’ont pas manqué de réagir à la présentation par le préfet Stéphane Fratacci de ce qui sera le contour des futurs cantons – ils seront au nombre de 19 contre 35 aujourd’hui - à partir de 2015. Un des principes de la réforme est le rééquilibrage démographique afin de supprimer des aberrations comme ce rapport de 1 à 9 entre le canton d’Amancey (3 797 habitants) et celui de Pontarlier (34 216 habitants). Selon le préfet du Doubs, “chaque canton s’inscrira dans un écart de 20 % à la moyenne départementale de 27 777 habitants.” Mais déjà un canton fait exception à la règle : celui de Frasne (qui couvrira également l’actuel can- ton deMouthe) ne comptera que 19 306 habitants. Le préfet justifie cette excep- tion par “la topographie montagneuse du Haut-Doubs.” Remarque immédia- te de Christian Coutal, l’élu sauget :

Ils ont dit… Marc Pétrement, conseiller général de Baume-les-Dames : “Comment comprendre cette branche qui s’échappe du tronc et qui va jusqu’à Cussey-sur-l’Ognon, ainsi que le rejet du secteur de Clerval dans le futur canton de Baume-les-Dames ? Ce redécoupage est une négation du Doubs central que l’on bâtit depuis plus de 20 ans. Que faudra-t-il faire : recréer un nouveau pays, de nouveaux syndicats ? Ce redécoupage ne prend en compte la population que dans sa valeur numérique.”

Jean-François Longeot, conseiller général d’Ornans : “Le projet de réforme que le précédent gouvernement avait présenté proposait de baisser le nombre d’élus de 13. Là, avec 2 élus par cantons, on se retrouvera avec trois élus de plus qu’aujourd’hui. Le Conseil

Patrick Ronot, conseiller général d’Amancey :

Jean-Marie Pobelle, conseiller général de

Pierrefontaine-les-Varans : “Quel boucher technocrate a bien pu relier dans un même canton le village des Alliés et le secteur d’Ornans dont des communes sont quasiment intégrées à l’agglomération bisontine ?” Frédéric Cartier, conseiller général de Clerval : “Vous mettez en avant la parité pour justifier cette réforme en pensant peut-être que notre groupe politique est misogyne : mais proportionnellement, nous avons plus d’élues femmes que vous !”

“Et pourquoi on ne calquerait pas le nombre d’élus au nombre de votants ? Je rappelle qu’aux dernières cantonales sur Amancey, nous avons enregistré près de 85 % de participation. Dans un canton de Besançon (N.D.L.R. : Besançon-Ouest où est élu Claude Jeannerot), la participation a à peine atteint 35,02 % des voix, c’est-à-dire que le conseiller général a été élu avec à peine 1/3 des suffrages. Attention à ce que cette réforme ne se retourne pas contre ses instigateurs.”

général passe à côté de 400 000 euros d’économie par an. Par ailleurs, cette réforme menée à la hussarde est une mise à mort du tissu rural : 12 élus sur 38 seront de Besançon. Je pense qu’il faut renvoyer à leurs chères études les énarques qui ont inventé ce machin ! Vous parlez d’égalité démographique mais quand ont voit la différence entre un département du Territoire-de-Belfort et ses 137 000 habitants et les Hauts-de-Seine avec 1,5 million d’habitants, elle est où l’égalité ?”

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