La Presse Pontissalienne 172 - Février 2014

DOSSIER

La Presse Pontissalienne n° 172 - Février 2014

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“Ne pas aller aux Jeux, c’est perdre de sa crédibilité” Sport Avant les J.O. de Sotchi Maître de conférences à l’Université de Franche-Comté, ancien sportif de haut niveau, docteur en sociologie, Éric Monnin édite “De Chamonix à Sotchi, un siècle d’olympisme en hiver”. Médaillé d’or du C.I.O. l’an dernier, cette récompense couronne ses travaux sur l’olympisme. À un mois des J.O. d’hiver, il décrypte ce que recouvrent les fameuses “valeurs” de l’olympisme.

russes ont envahi l’Afghanistan, ce qui a provoqué le boycott des États- Unis pour les J.O. de Moscou en 1980. Le fait de prendre en otage des spor- tifs qui consacrent tous leurs efforts et parfois leur vie pour défendre les couleurs de leur pays justifient-ils un boycott ? Je ne le crois pas. Dire qu’il faut boycotter les Jeux, c’est juste faci- le quand on n’est pas un sportif de haut niveau. L’olympisme, ce n’est pas de la politique. Voir 50 000 journa- listes débarquer à Pékin en 2008, c’est mieux que laisser la Chine dans son isolement. Et s’il n’y avait pas les Jeux, à quelle manifestation publique participerait la Corée du Nord ? L.P.P. : Il faut donc mettre la question des droits de l’Homme en sourdine ? É.M. : Non, mais ne pas y aller ne fait pas avancer les choses. Et il faut se rendre compte que les Jeux dépas- sent largement le cadre sportif, c’est une question d’influence sur la scène mondiale. Nous sommes passés dans la quatrième révolution technologique, celle de l’information. Ne pas aller aux Jeux, c’est perdre de sa crédibi- lité. Dans cette globalisation, tous les pays sont désormais liés. Les Jeux de Sotchi ne sont d’ailleurs pas une fina- lité en soi, cette manifestation fait partie d’un tout.

L.P.P. : La France doit-elle à nouveau candi- dater pour recevoir des prochains J.O. ? É.M. : Si on organise quelque chose en France, il faut que ça s’imbrique dans une dynamique beaucoup plus large que les Jeux. Il y a peut-être une fenêtre pour les J.O. de 2024 mais il ne faudrait pas faire les Jeux pour les Jeux. Si c’est à Paris, ce doit être dans le cadre d’une réflexion globale sur la configuration du Grand Paris. Sinon, ce serait un gouffre financier inutile. Je suis allé voir les sites des J.O. d’Athènes. Dix ans après les Jeux, les sites olympiques sont en train de tomber en ruine. Leur entretien coû- tait 100 millions d’euros par an. L.P.P. : Sur le plan sportif, les Jeux de Sotchi s’annoncent tout de même comme une bel- le édition ? É.M.: Un des points positifs de ces Jeux de Sotchi est que pour la première fois de l’histoire de l’olympisme, il y aura autant d’épreuves féminines que masculines. On aura par exemple pour la première fois du saut à ski fémi- nin. Les Jeux, ça reste très particu- lier pour les athlètes qui n’ont pas droit à l’erreur, c’est un rendez-vous primordial dans la vie d’un athlète. Il y a toujours quelque chose de magique dans les Jeux. Propos recueillis par J.-F.H.

L a Presse Pontissalienne : Les Jeux Olympiques ne sont-ils pas réduits à une grosse opération de business? Éric Monnin : Cette année à Sotchi, le budget des J.O. est de 36 milliards d’euros, dont 1,4 milliard consacrés à la sécurité. Les Jeux de Vancouver en 2010 avaient coûté 5 milliards d’euros, ceux d’Albertville en 1992, 700 millions…De plus, les Jeux d’hiver n’ont rien d’universels. À Vancouver, ils ont réuni à peine 82 nations pour 2 566 athlètes alors que les Jeux d’été à Londres en 2012 avaient réuni 204 pays et plus de 10 000 sportifs. Bien sûr que nous sommes en plein dans l’ère économique des Jeux. Mais il faut voir ces Jeux de Sotchi comme impliquant quelque chose de beau- coup plus important pour les Russes. Où aura lieu le prochain G8 ? À Sot- chi. Et il faut savoir qu’autour de l’enceinte du stade olympique de Sot- chi, le parcours d’un prochain Grand Prix de Formule 1 est déjà tracé. La finalité des Jeux est aujourd’hui d’asseoir un renouveau pour le pays organisateur. La Russie qui avait lit- téralement plongé après la chute du bloc soviétique reviendra dans le concert des nations grâce aux Jeux. Les Jeux sont aujourd’hui éminem- ment géo-politiques. Lors des Jeux de Pékin en 2008, la Chine a voulu mon-

trer au monde entier qu’elle comptait désormais parmi les grands. Avec les Jeux de Sotchi, la Russie cherche donc à signer son retour parmi les grandes puissances et faire de cette ville bal- néaire une future destination jet-set pour le monde entier. L.P.P. : Les “valeurs de l’olympisme”, est-ce que cela a encore un sens ? É.M. : Le Comité International Olym- pique (C.I.O.) réunit 204 nations, alors que l’O.N.U. en compte 193. Aux Jeux, tous les pays du monde défilent ensemble, c’est là et seulement là qu’on a l’occasion de voir défiler côte

L.P.P. : Ce n’est pas pour autant un vecteur de paix ? É.M. : Est-ce le rôle des J.O. de faire avancer la paix ? N’existe-t-il pas pour cela un organisme qui s’appelle l’O.N.U. ou encore la Commission européenne? L.P.P.: Le bel idéal a tout de même été dévoyé par d’autres valeurs non ? É.M. : Bien sûr et cela, dès 1936 où la politique a pris le pas sur l’ère idéo- logique, avec les Jeux de Berlin et de Garmisch-Partenkirschen en Alle- magne. La propagande avait d’ailleurs démarré bien plus tôt, avec les Jeux de 1904 à Saint-Louis dans le Mis- souri où la soi-disant suprématie des hommes blancs avait été mise en avant. Et on a donc basculé dans l’ère économique à partir des années quatre- vingt, avec ses dérives financières. Les J.O. d’Athènes en 2004 qui au départ devaient coûter 3 milliards d’euros ont finalement coûté 11 mil- liards. L.P.P. : Fallait-il boycotter les Jeux de Sotchi ? É.M. : Lors d’une intervention sur le site antique d’Olympie, j’avais ren- contré une volleyeuse américaine qui s’était entraînée pendant des années pour accéder à son rêve de participer aux Jeux. Et toute sa vie s’est arrê- tée en décembre 1979 quand les chars

à côte la Corée du Nord et la Corée du Sud. L’olympisme est un sys- tème qui unit les peuples, c’est là la vraie valeur de l’olympisme aujourd’hui. Les valeurs de l’olympisme au départ, c’était d’essayer de démo- cratiser la pratique spor- tive avec pour finalité d’ouvrir l’homme à une certaine idée de l’humanisme tout en ayant un corps dévelop- pé et sain. Promouvoir cet idéal est toujours d’actualité.

“Il y a toujours quelque chose de magique dans les Jeux .”

“De Chamonix à Sotchi, un siècle d’olympisme en hiver” Éditions Désiris - Séance de dédicace à la Maison de la Presse de Besançon le 1 er février

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