La Presse Pontissalienne 171 - Janvier 2014

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Pontissalienne n° 171 - Janvier 2014

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CHIRURGIE Complet jusqu’en mars Raj Pem : “On est un peu hors norme” L’hôpital de Pontarlier n’a jamais connu une si forte activité en chirurgie orthopédique programmée avec la pose de plus de 300 prothèses. Rassurant.

L a Presse Pontissalienne : Com- ment résumer votre parcours pro- fessionnel ? Raj Pem : J’étais interne à Pon- tarlier en 1981 puis je suis retourné au C.H.U. poursuivre mon cursus en chirurgie. J’ai eu la possibilité de travailler sur Besançon mais j’ai préféré reve- nir à Pontarlier où j’exerce depuis 1991 comme praticien hospita- lier en orthopédie-traumatolo- gie. J’ai travaillé pendant près de vingt ans avec les docteurs Leclerc et Rudloft avec qui nous avons monté le niveau d’activité en viscéral comme en orthopé- die. L.P.P. : Comment a évolué l’activité dans votre service ? R.P. : On a une activité polyva- lente avec une part très impor- tante de chirurgie programmée qui représente 75%. Cette année, on a posé plus de 300 prothèses de genoux, hanches… C’est presque un record. Sur ce plan- là, on est un peu hors normes dans un hôpital comme celui de Pontarlier. On effectue égale- ment entre 250 et 300 opéra- tions du canal carpien, sans oublier la chirurgie du pied. L.P.P. : À quoi attribuez-vous ce dyna- misme ? R.P. : Cette réussite est liée à l’efficacité du service orthopé- die-traumatologie. Quand je suis arrivé à Pontarlier en 1981, on posait seulement quelques pro- thèses par an. Tout a été mis en œuvre pour suivre les besoins et les évolutions technologiques. L.P.P. : Subissez-vous une fuite de la patientèle vers Besançon ? R.P. : Non. Car on reste attrac- tif. C’est très important même

si on ne pourra jamais empêcher les gens d’aller se faire opérer ailleurs. Globalement, les gens sont fidèles. Ils ont confiance dans notre hôpital. On pose en moyen- ne six prothèses par semaine et le plan- ning est plein jus- qu’en mars. On ne pourrait d’ailleurs pas faire attendre les gens plus long- temps au risque de les voir se détour- ner de Pontarlier. L.P.P. : Vous avez aussi la chance d’avoir un outil de travail perfor- mant.

Jura pour leur présenter notre activité. L’attractivité, c’est une affaire de relationnel. Pour s’investir dans ce métier, il faut aussi savoir se rendre dispo- nible. L.P.P. :Vous n’avez jamais eu envie de poursuivre votre carrière ailleurs ? R.P. : On m’a déjà fait des pro- positions dans ce sens au C.H.U. sur Vesoul et Montbéliard. Mais je n’ai aucune raison de partir. J’ai assez d’activité ici et je m’entends très bien avec les autres chirurgiens de l’hôpital. Je me sens d’ailleurs très bien à Pontarlier. L.P.P. : Quelles sont les contraintes d’un petit hôpital pour un chirurgien ? R.P. : C’est toujours plus com- pliqué de prendre des respon- sabilités dans une petite struc- ture. Ici on ne peut pas consulter autant de praticiens que dans

“On pose en moyenne six prothèses par semaine.”

R.P. : La rénovation du plateau technique a permis de dévelop- per l’activité chirurgicale. L’établissement abrite aujour- d’hui sept blocs opératoires dont l’obstétrique. Cet investisse- ment était totalement justifié. Dans une ville comme Pontar- lier relativement isolée des grands centres hospitaliers, c’est nécessaire d’avoir une chirur- gie tout comme une maternité. On ne doit pas perdre la trau- matologie. Il faut préserver un service de proximité. On pro- pose des consultations exter- nalisées tous les vendredis à Morteau. On a aussi récupéré une clientèle du Jura suite à la fermeture de la chirurgie à l’hôpital de Champagnole. L.P.P. : C’est une simple question d’attractivité ? R.P. : En partie, mais je suis allé à la rencontre des médecins du

un C.H.U. pour des opérations déli- cates. En vingt ans, j’ai envoyé seule- ment quatre fois des patients en traumatologie sur Besançon. L.P.P. : Qui est à la tête du pôle chirurgie à Pon- tarlier ? R.P. : On s’inscrit dans une logique de direction collé- giale avec plusieurs chefs de pôle. L.P.P. : Des soucis de recrutement face à la Suisse ? R.P. : Non, pas au départ. La Suisse recrute plutôt du

“Je n’ai aucune raison de partir.”

Mise au point chirurgicale Les rumeurs les plus inquié- tantes ont circulé suite à lʼannonce du départ de deux praticiens en chirurgie digesti- ve. “Il nʼy a aucune menace de fermeture de la chirurgie. Lʼun des deux chirurgiens en par- tance est déjà remplacé et on travaille déjà sur des pistes de recrutement pour le second” tient à préciser le directeur de lʼhôpital Olivier Volle.

Le docteur Raj Pem a largement contribué au dynamisme de la chirurgie orthopédique sur Pontarlier.

les former.

personnel qualifié comme les instrumentistes et les infirmières anesthésistes. L.P.P. : Êtes-vous déjà dans une logique de transmission du savoir ? R.P. : Tout à fait, et c’est logique quand on a 57 ans. Le service compte deux autres chirurgiens dont un intervient à mi-temps. À cela s’ajoutent deux internes. C’est un plaisir d’en avoir pour

L.P.P. : Vous semblez très attaché à la dimension humaine ? R.P. : J’apprécie toujours autant de voir les patients la veille de l’opération. Ce ne serait pas tou- jours le cas dans un grand hôpi- tal. On a beaucoup d’activité mais il faut savoir garder le côté humain. Propos recueillis par F.C.

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