La Presse Pontissalienne 171 - Janvier 2014

ÉCONOMIE

La Presse Pontissalienne n° 171 - Janvier 2014

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Élisabeth Eychenne, directrice générale du Crédit Agricole de Franche-Comté. À ses côtés, Philippe Maire, directeur des crédits et Daniel Parisot, responsable du développement des entreprises.

BANQUE

Après les crises “La Franche-Comté est une région riche de nombreuses pépites” La directrice générale du Crédit Agricole de Franche-Comté tire le bilan de cinq années de tensions sur les marchés financiers. Malgré les crises successives, la banque régionale a maintenu le cap.

L a Presse Pontissalienne : Les banques franc-comtoises ont-elles retrouvé le sourire après cinq années de turbu- lences ? Élisabeth Eychenne : Le Crédit Agricole de Franche-Comté n’a jamais perdu le sourire…Pourtant en effet, nous avons vécu trois crises ces cinq dernières années. La première est la crise éco- nomique de 2008-2009 qui a frappé brutalement l’économie franc-comtoi- se. Nous avons par exemple le souve- nir d’un client du côté de L’Isle-sur-le- Doubs qui a perdu 70 % de son activité quasiment du jour au lendemain. Mal- gré ce ralentissement brutal, nous n’avons pas baissé nos crédits aux entreprises. La deuxième crise qui s’est manifestée en 2010 a été une cri- se des liquidités des banques dans le monde. Dans les pays anglo-saxons, on fait des crédits sur la base d’une garantie, et non pas comme en Fran- ce sur la capacité de remboursement de l’emprunteur. Dans ces pays-là, les banques se sont mises à vendre leurs crédits à des investisseurs, d’où les dérives constatées. En France, on a

de richesse, les valoriser. Dans le même temps, la demande de crédit a été plus faible, ce qui nous donne plus de temps pour nous adapter à ces préconisations du comité de Bâle. Mais pour que ces nouvelles orientations internationales n’aient pas trop d’incidences, il faut qu’à notre échelle toutes les sources de mobilisation de financements soient dédiées au territoire. C’est pourquoi le Crédit Agricole de Franche-Comté est plus que jamais ancré dans son ter- ritoire et le restera. L.P.P. : Et la troisième crise ? E.E. : C’est la crise industrielle et éco- nomique actuelle qui découle directe- ment de la crise de la dette publique, laquelle a entraîné une politique d’austérité, l’augmentation des impôts, donc la diminution de la capacité de développement des entreprises. En 2008-2009, la première crise avait été dure pour des entreprises du secteur automobile qui n’ont pas pu passer le cap. Cette troisième crise touche plus les petites entreprises car la traduc- tion la plus forte de cette période a été

la fragilisation du pouvoir d’achat des particuliers, donc du commerce. L.P.P. : Les particuliers ont parfois atteint leurs limites budgétaires ? E.E. : Oui, il y a une part de nos clients qui commencent à connaître des diffi- cultés. C’est une partie minoritaire des ménages. En début d’année 2013, 2,48% des ménages qui ont un crédit chez nous avaient des difficultés pour le rembourser. Cette part est passée à 2,57 % en fin d’année. Même si cette augmentation est relativement faible, nous devons y être très attentifs. La pression sur le pouvoir d’achat des ménages est réelle. Pour le reste, 15 % de nos clients font face mais connais- sent une situation plus tendue qui ne leur permet plus d’avoir la consom- mation qu’ils avaient avant. L.P.P. : Dans toutes ces crises, y a-t-il une spé- cificité franc-comtoise ? E.E. : La Franche-Comté est un peu anticyclique par rapport aux autres régions. Comme elle est très indus- trielle, elle a été la première à être tou- chée. Mais c’est une région qui rebon- dit très vite car ses entreprises ont une étonnante capacité d’adaptation, c’est un tissu de P.M.E. plus souples, plus agiles et plus exportatrices. C’est ce qui nous rend optimistes. Il ne faut pas nier les difficultés mais notre rôle est de capitaliser sur ces forces locales pour recréer la dynamique. La Franche- Comté est une vraie terre de pépites car les filières franc-comtoises ont su jouer la qualité. La Franche-Comté n’a jamais joué la carte du low-cost et c’est tant mieux. L.P.P. : On a souvent accusé les banques de serrer la vis en termes de prêts immobiliers par exemple. Vous confirmez cette évolution ? E.E. : Depuis la survenue des différentes crises, nous n’avons jamais changé de politique en matière d’emprunt. Nous n’avons qu’un seul regard : c’est la capacité de nos clients à rembourser. Le vrai problème dans cette affaire n’est pas bancaire, c’est le coût de l’immobilier qui est devenu inacces- sible pour certains et notamment pour les primo-accédants. Les prix de l’immobilier ont augmenté beaucoup plus vite que le pouvoir d’achat des ménages, c’est là l’explication. Ce ne sont pas les banquiers qui auraient fermé le robinet du crédit, il ne faut donc pas inverser le sujet. L.P.P. : La preuve en chiffres ? E.E. : En 2012, nous avons accordé 670 millions d’euros de crédits immo- biliers. Pour l’année 2013, ce sera 700 millions. Et on reste très présent sur la primo-accession sur laquelle nos marges de progression augmentent. Sur le prêt à taux zéro par exemple, le Crédit Agricole de Franche-Comté a 36 % de parts de marché. Cela n’occulte pas le fait que le marché de l’immobilier est difficile car en même temps, face à l’instabilité du contexte, les promoteurs ont arrêté d’engager des projets jusqu’à aboutir à un pro- blème d’offre. Tout cela n’a pas contri- bué à faire baisser les prix. L.P.P. : Qu’en est-il de l’investissement des

gardé tous nos crédits dans nos bilans et on les a assurés jusqu’au bout. Quand nos clients sont en difficulté, nous leur donnons plus de temps, c’est une des mesures qu’on a mis en œuvre pour amortir les effets de cette crise. Sur le plan mondial, d’un seul coup, les États-Unis se sont mis à retirer tous les fonds qu’ils prêtaient à l’Europe et on s’est retrouvé sur un marché moins liquide. La crise de liquidités a touché toute l’Europe. La conséquen- ce de cette crise de liquidités est que les banques doivent couvrir leurs cré- dits par de la collecte et ne doivent plus dépendre des marchés à court terme. L.P.P. : C’est d’ailleurs une des directives des experts du comité de Bâle à travers le projet de réglementation “Bâle III” ? E.E. : Oui, et le problème, c’est que dans nos banques nous avons plus de cré- dit que d’épargne. La solution pour nous sera de collecter plus d’épargne, pas de prêter moins. Nous nous bat- tons actuellement pour faire recon- naître nos crédits comme une source

entreprises franc-comtoises qu’un récent rap- port du conseil économique, social et envi- ronnemental de Franche-Comté prévoit en baisse pour cette année ? E.E. : En 2013, il est clair que l’investissement productif n’a pas été au rendez-vous. Et ces crises arrivent à un moment particulier en terme de générations des chefs d’entreprise. Il y a beaucoup de transmissions qui devraient se faire en ce moment et qui ne se font pas forcément. De manière générale, dans la plupart des secteurs d’activité, on assiste à une pause dans les investissements, un décalage dans le temps. Il y a tout de même une par- tie de l’économie franc-comtoise, cel- le tournée vers l’export, qui est tirée par la reprise mondiale car la repri- se est bien là. Et l’autre partie de l’économie, tournée vers l’intérieur, souffre d’un réel manque de visibili- té et de confiance. Il ne faut pas occul- ter non plus le fait que nous entrons dans une année électorale qui ren- force encore l’attentisme et n’est guè- re favorable aux investissements. Dans les travaux publics, on arrive à la fin de quelques gros chantiers régionaux et les perspectives sont en effet plus calmes. L.P.P. :Vous avez lancé récemment une cam- pagne de communication pour inciter vos clients à devenir adhérents de la coopérati- ve Crédit Agricole. Quel est l’intérêt d’être sociétaire ? E.E. : Le capital du Crédit Agricole de Franche-Comté est détenu par les sociétaires à travers les parts sociales. Les 180 000 sociétaires du Crédit Agri- cole en Franche-Comté détiennent le capital de 45 caisses locales. Le déve- loppement du Crédit Agricole de Franche-Comté est lié à celui de l’économie franc-comtoise. L’intérêt concret de devenir sociétaire est de représenter les intérêts des clients. L’assemblée générale de chaque cais- se locale nomme les administrateurs qui décideront de la politique de la banque dans la région. Et ces assem- blées générales sont un thermomètre client extraordinaire, un aiguillon de satisfaction immédiat. Les sociétaires décident également de l’orientation des actions de soutien que la banque développe à destination du milieu asso- ciatif ou caritatif. C’est dans les assem- blées générales que les caisses locales décident quelles associations le Cré- dit Agricole soutient. L.P.P. : Quels sont les chiffres-clés du Crédit Agricole de Franche-Comté ? E.E. : Le Crédit Agricole de Franche- Comté emploie 1 472 salariés, il comp- te 570 administrateurs, 488 000 clients et près de 180 000 sociétaires. C’est aussi 8,5 milliards d’euros de crédits accordés, 1 milliard d’euros de fonds propres. Notre résultat annuel devrait être de 60 millions. Sur ce bénéfice, 85 % restent dans l’entreprise et vien- nent renforcer nos fonds propres et nous donnent les moyens d’investir. Les 15 % restants rémunèrent les parts sociales. Nos sociétaires ont touché en 2013 2,25 % sur le capital placé.

Le comité des Fêtes de Guyans-Durnes et

«Les Marchands de Bonheur» se mobilisent pour l’autisme.

L

e 13 décembre dernier, le comité des Fêtes de Guyans-Durnes organisait un concert en l’église de Guyans- Durnes au pro t de l’association «Nos en- fants d’ailleurs ». Cette association de pa- rents d’enfants autistes milite pour la prise en charge de méthodes éducatives adaptées à leurs enfants avec la méthode ABA et organise des formations à destination des parents et professionnelles sur la probléma-

tique des apprentissages scolaires. Plus de 150 personnes des villages du pla- teau de la Barèche avaient répondu présent et sont venus écouter «Les Marchands de Bonheur » qui se produisaient bénévole- ment ce soir-là. Ce choeur d’hommes, origi- naire d’Ornans, a présenté un répertoire de chants de Noël de très grande qualité pen- dant plus d’1h30.

Propos recueillis par J.-F.H.

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